Swan Lake : le ballet contemporain iconique de Matthew Bourne à La Seine Musicale, notre avis

Trente ans après sa création à Londres, la relecture de Swan Lake par Matthew Bourne revient en France pour une série de représentations à La Seine Musicale du 9 au 26 octobre 2025. Véritable phénomène dans le monde de la danse contemporaine, ce spectacle s'inscrit comme une réinvention audacieuse et spectaculaire du ballet de Tchaïkovski, en bouleversant les codes de la tradition classique.

Les spectacles et festivals de danse du moment et à venir à Paris et en Île-de-France
Avec tous les talent shows télévisés, la danse a regagné ses lettres de noblesse. Aussi, les spectacles et festivals de danse (classique et moderne) se multiplient à Paris. Voici un best-of des shows du moment et à venir qu'il ne faudra pas manquer. [Lire la suite]

• À lire aussi
• Les bons plans de cette semaine à Paris et en Ile-de-France, du 15 au 21 décembre 2025

L’une des signatures les plus marquantes de cette version est son choix radical de remplacer le traditionnel corps de ballet féminin par un ensemble exclusivement masculin. Cette inversion, à la fois esthétique et symbolique, confère une intensité nouvelle aux scènes du cygne, tout en redéfinissant les rapports de force et les enjeux émotionnels du récit. 

Avec plus de 30 prix internationaux à son actif, le spectacle est devenu le ballet contemporain le plus joué à Londres et à Broadway, contribuant à faire de Matthew Bourne une figure incontournable de la scène chorégraphique mondiale. Cette production permet également de mettre en avant une nouvelle génération de danseurs, offrant au public une expérience scénique à la fois familière et radicalement différente.

Notre avis

Matthew Bourne revisite Swan Lake en lui offrant une lecture contemporaine du conte traditionnel, portée par une esthétique visuelle maîtrisée. Les décors, absolument superbes, se transforment avec fluidité et accompagnent les émotions des personnages tout au long du récit. La première partie se teinte d’un humour assumé, presque parodique, apportant un ton décalé surprenant mais efficace, avant de laisser place à une atmosphère plus dramatique.

Exit le prince Siegfried, Odette et leur malédiction tragique, la royauté offre une version plus proche de l'Angleterre, entre la courtisane drôle et hors des codes sociaux ou le prince incompris qui ne trouve pas sa place, bien loin de l'histoire d'amour originelle. Par ailleurs, ce sont les cygnes qui sont uniquement masculins, les danseuses sont bien là, avec des personnages féminins marquants et des tableaux collectifs gracieux et de toute beauté. 

La chorégraphie brille par sa diversité : danse classique, influences de cabaret et moments de pure poésie se succèdent. Le passage emblématique avec le groupe de cygnes masculins constitue l’un des points culminants du spectacle. Leur présence est à la fois puissante et envoûtante, dans une réécriture audacieuse du symbole du cygne.

Malgré un rythme entraînant et une mise en scène visuellement aboutie, l’intrigue se révèle difficile à suivre. Le public peut rapidement se perdre face à certaines intentions scéniques, parfois trop symboliques ou ambiguës. L’émotion peine à s’installer pleinement, même si l’on ressent une profonde pitié pour le prince, personnage central et vulnérable.

En somme, Swan Lake de Matthew Bourne fascine par sa modernité, son esthétique et ses cygnes poignants, mais laisse une impression d’inachevé sur le plan narratif et émotionnel. Les passionnés de ballet classique ouverts à la nouveauté seront surpris, mais certainement séduits par cette version singulière, tandis que les plus traditionnels risquent de ne pas apprécier la revisite et le côté trop moderne.

Pour les curieux qui n'ont pas l'habitude des ballets, c'est une porte d’entrée originale et magnifique visuellement, qui emporte aisément dans son univers si l'on ne s'attarde pas trop sur la trame narrative du spectacle. Par ailleurs, sur un plan plus pratique, les abords du métro Pont de Sèvres étant en travaux, prévoyez un peu d'avance pour venir, le chemin n'étant pas naturellement tout tracé pour se rendre jusqu'à la salle de spectacle.

Quant à cette dernière, privilégiez des places très proches de la scène, nous étions un peu loin et l'on peine à saisir les émotions sur les visages ou à bien comprendre les personnages qui se succèdent. Le spectacle dure 2h30 avec un entracte de 20 minutes, l'idéal pour se dégourdir les jambes, les sièges n'étant pas particulièrement confortables.