Report : Hofesh Shechter Company aux Abbesses

Par · Publié le 18 février 2012 à 14h16
L'Hofesh Shechter Company n'en finit plus, depuis sa création en 2002, d'enflammer les critiques. "Extraordinaire". "Résolument original". "Combatif". Ce jeune israélien installé à Londres est en passe de devenir un des très grands noms de la danse internationale. Du 14 au 29 février, le Théâtre des Abbesses lui prête sa scène, et son public.
Il est bien rare qu'une compagnie de danse reste si longtemps à l'affiche d'un théâtre : plus de deux semaines, c'est cependant la durée de la tournée Parisienne d'Hofesh Shechter et de ses danseurs aux Abesses. La raison de cette exclusivité paraît évidente, une fois le spectacle visionné : c'est, effectivement, extraordinaire.

Le spectacle est divisé en deux actes, dont le premier est constitué du chef d'œuvre de Shechter, Uprising. Chorégraphié en 2006, la pièce tient son inspiration, entre autres, des violences urbaines de nos banlieues, en 2005. La lumière nous plonge dans un brouillard pesant et lourd, les sons, violents et sourds, nous font penser à des bruits d'usine, de manifestations ou de camps d'entrainement. Un univers très masculin, en somme, où 7 danseurs envahissent rapidement l'espace.

Quand ils arrivent, de manière agressive et directe, quand ils dansent, toujours plus violemment, c'est l'image de notre génération que nous apercevons là. L'époque des doutes, des duels, des rêves brisés. Ces danseurs pourraient être nos frères, nos meilleurs amis. Colorée, la compagnie reflète, encore et toujours, ce qu'est notre génération.

Leurs gestes, eux, sont d'une fluidité étonnante. Tel un tissage, tout se fait et se défait, sans la moindre difficulté. C'est parfaitement ce qui caractérise également la deuxième pièce du spectacle, The Art Of Not Looking Back, créée en 2008. Souplesse et fluidité, encore, pour cette pièce qui tente de mettre à jour les difficultés d'être femme, et d'être mère. Quand on sait que le chorégraphe a vu sa mère l'abandonné quand il avait deux ans, on sait déjà que l'agressivité et la violence seront de mise.

C'est effectivement une pièce électrique qui est présentée, relevée par un fond sonore ravageur, fait de cris et de percussions. Des femmes blessées, des femmes fortes, des femmes combatives. Mais des femmes tout de même, malgré leur aspect féroce. Ne pas regarder en arrière, ça permet aussi à Shechter de nous offrir une des plus belles scènes du spectacle, un retour en arrière rapide, pour tout recommencer, peut être. Sublime.

Hofesh Shechter sur la scène du Théâtre des Abbesses, jusqu'au 29 février 2012.
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