Girls and Boys au Petit Saint-Martin : notre critique soufflée

Par · Publié le 13 mars 2019 à 23h50
Il est de ces horreurs qui ne nous étonnent même plus. Elles sont devenues communes, presque ordinaires, dans un monde où la violence (masculine) est monnaie courante. Dans Girls and boys, pièce écrite par le britannique Dennis Kelly, Constance Dollé incarne, mise en scène par Mélanie Leray, le destin tragique d’une femme de son temps, rattrapée par son désir de liberté. Magnifique et terrible à la fois.

Dans un aéroport, dans la file d'attente pour monter dans un avion easyjet. Un homme est là, de prime abord très déplaisant, et pourtant. De la femme qui nous a convié à dîner avec elle il deviendra le mari. Assis autour d'une table, quatre spectateurs et Constance Dollé dégustent un verre de vin. Le repas semble terminé, le moment idéal pour débuter à raconter une histoire.

Chemisier ondulant, bottines léopard, rouge à lèvres. Voilà une femme à qui on ne la fait pas. Elle transpire l'humour, la réussite, la liberté. Dans la fumée de sa cigarette, on devine une vie confortable, le récit conquérant. Elle a le phrasé tranchant, la petite phrase qui fait mouche, la vulgarité anodine mais légère. A cette femme-là c'est clair, on aimerait ressembler. 

On l'écoute avec amusement raconter sa relation intense et passionnée, sa belle et grande histoire d'amour après les plans rapides. Puis l'achat de la maison, la vie de famille ordinaire, les enfants, bien sûr, un garçon et une fille qu'on aperçoit dans le récit de la vie quotidienne.

Puis l'envie de plus, l'envie de devenir une femme à la carrière enviée. Elle réussit un entretien grâce à l'audace et au culot. Elle deviendra une de ces femmes qui font le cinéma, qui le produisent. Une femme qui réussit. 

Pourtant son mari, derrière son contentement, commence à changer. Mais le connaissait-elle vraiment ? L'histoire, comme le ton de la comédienne, prend un autre tournant. L'entrain fait place à la froideur des mots mais à la douceur des gestes. Ce qu'elle va raconter là est terrible. On le sait, on le sent. On n'y est pourtant pas vraiment préparé puisque finalement, rien ne prépare jamais à l'horreur.

Quand il fait faillite, l'épouse découvre la réalité derrière le masque de l'époux. Un homme, somme toute, bien ordinaire. Un homme qui n'aime pas qu'on lui vole la vedette, le pouvoir. Car c'est bien de cela dont il est question. De pouvoir et surtout, de contrôle. Quand elle le quitte et prend avec elle ses enfants, il commet l'imaginable. Une de ces histoires terribles qui font sensation dans les journaux à scandale. Le familicide, qu'on ne nomme que rarement par son nom dans les journaux. Au terme cru, on lui préfère des formules lisses et édulcorées : "dans un excès de folie, un père de famille se jète par la fenêtre après avoir poignardé ses enfants". 

La réalité est plus cruelle que cela. Toutes les dix minutes, nous confie la comédienne, un homme tue sa famille. Par jalousie peut-être, par déception, par vengeance. Peu importe. La vraie raison est toujours et uniquement une question de contrôle et de perte de pouvoir. De masculinité toxique. 

Derrière la petite histoire, il y a toujours la grande. Celle qui apparaît en filigrane. Girls and boys s'achèvent par ces mots : Le monde a été créé pour contenir la violence des hommes. Le monde paraît-il, est en train de changer. Les féministes en veulent trop, les combats sont désuets, entend-on parfois. Vraiment ? 

Infos pratiques :

Girls and Boys, au Théâtre du Petit Saint-Martin jusqu'au 30 mars 2019.

Du mardi au samedi à 21h.

Tarifs : du 22 au 30€

Réservations : 01 42 08 00 32

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 12 mars 2019 au 30 mars 2019

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    Lieu

    17 Rue René Boulanger
    75010 Paris 10

    Tarifs
    TP : 30€

    Site officiel
    www.petitstmartin.com

    Réservations
    www.aparteweb.com

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