Report : Le Retour à l'Odéon-Théâtre de l'Europe

Par · Publié le 4 novembre 2012 à 17h
Sur la scène de l'Odéon depuis le 18 Octobre 2012, Luc Bondy met en scène Le Retour, pièce écrite par Harold Pinter en 1964. Le résultat est saisissant de cruauté.

Harold Pinter, nous le savions, est un auteur singulier. Avec Le Retour, le spectateur navigue entre horreur et rire, dégoût et étonnement. Tels des figures de Lucian Freud, les personnages de Pinter sont graves, à vif. On aimerait qu'ils ne soient même pas humains, mais, sans savoir pourquoi, on s'y attache, finalement, malgré leur laideur, leur froideur. 

L'adaptation de Luc Bondy reçoit un accueil des plus vifs, sur sa scène de l'Odéon. Mais il faut bien l'avouer, il a en sa faveur de nombreux facteurs, à commencer par les mots de Pinter eux-mêmes. Les dialogues sont tous savamment étudiés, chaque personnage détient son propre champs lexical, sa propre personnalité forte. Le plus interpellant reste évidemment Teddy, le deuxième des trois fils, interprète par Micha Lescot. Teddy, derrière ses airs d'ahuris attardés, possède une vraie aisance dans le langage, et se plaît à faire des élucubrations sur le sens de la vie. Tirades remarquablement dites par un Micha Lescot toujours aussi étonnant. 

Luc Bondy, en plus d'une mise en scène fort bien maîtrisée et d'une scénographie particulièrement réussie (le plateau agrandie jusqu'à se mêler au public : superbe ! On n'avait jamais été aussi proche des mollets de Louis Garrel), a su s'entourer des acteurs idéaux. Revenons sur Micha Lescot, qui confirme bel et bien son statut d'acteur plein de promesses. Son rôle à la limite de l'abruti pervers et torturé (dans tous les sens du terme) est certainement un des plus charismatiques de cette brillante troupe. Louis Garrel sort de ses rôles d'intello/bobo pour se transformer en pseudo beau gosse complètement écervelé... Et aussi étonnant que cela puisse paraître, ça lui va bien! Bruno Ganz ébloui par sa prestation du colérique et froid Max, le père de famille. Pas l'ombre d'un sentiment à l'extérieur de cette carapace torturée, Bruno Ganz enchaîne les immoralités, mais toujours, avec une presque tendresse incontrolable. Emmanuelle Seigner, quant à elle, seule figure féminine de cette assemblée, remplie, comme toujours, à merveille son rôle de femme fatale et mystérieuse. 

Que dire à part que c'est un délice d'incommodités, une réelle succession d'obscénités, où le second degré et l'humour noir restent, comme souvent chez Pinter, les maître-mots de cette fresque sociale déplorable. 

Infos pratiques :

Le Retour, à l'Odéon - Théâtre de l'Europe, du 18 octobre au 23 décembre 2012.

Du mardi au samedi à 20h, et dimanche à 15h. 

Tarif : dès 38,5€.

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 18 octobre 2012 au 23 décembre 2012

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    Lieu

    2 rue Corneille
    75006 Paris 6

    Infos d’accessibilité

    Accès
    Métro Odéon

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