Coronavirus : un abattoir fermé à Laval en Mayenne après plusieurs cas positifs au Covid-19

Par Caroline de Sortiraparis · Publié le 2 juillet 2020 à 9h12
Depuis plusieurs semaines, les foyers de contamination au nouveau coronavirus se multiplient dans les abattoirs. Après les Côtes d’Armor, la Vendée ou encore le Loiret, c'est au tour de la Mayenne de faire la Une de l'actualité. Après la détection de 28 cas de Covid-19, l'abattoir Holvia Porc, basé à Laval, a dû fermer ses portes. L'activité y est arrêtée au moins jusqu'au 3 juillet.

Depuis plusieurs semaines, les abattoirs sont scrutés de très près. En France, plusieurs clusters y ont été détectés en l’espace de quelques jours seulement. Dernièrement, un abattoir en Mayenne inquiète. Après avoir détecté au sein de l’abattoir Holvia Porc, basé à Laval, deux cas positifs au Covid-19, l'entreprise a fait appel à l’Agence Régionale de Santé. Celle-ci a alors procédé à un dépistage massif des 60 salariés. Le 1er juillet, on a appris que 28 personnes étaient positives. Dans un communiqué de presse commun, l’Agence régionale de santé, la Préfecture de la Mayenne et la Société Holvia Porc à Laval ont annoncé la fermeture de l'abattoir. L'activité y est stoppée au moins jusqu'au 3 juillet. 

On rappelle que ce n'est pas le premier abattoir de France concerné par ce type de clusters. Tout a commencé avec l'abattoir de Saint-Jacut-du-Mené, dans les Côtes-d'Armor, en Bretagne, où plus d'une soixantaine de personnes ont été testées positives au Covid-19, le 17 mai au soir. Ensuite, 44 nouveaux cas avaient été détectés dans ce même abattoir. "La campagne de dépistage menée mardi auprès de 818 personnels a fait apparaître 44 cas positifs supplémentaires, portant le total de cas confirmés au sein de l’entreprise à 109", avait fait savoir l'ARS dans un communiqué.

Autre abattoir, autre département, en Vendée cette fois-ci où une vingtaine de personnes ont contracté le coronavirus dans une entreprise agroalimentaire d’abattage de volailles. Dernier exemple en France avec un abattoir à Fleury-les-Aubrais près d'Orléans, dans le Loiret. Ici, 34 cas au Covid-19 avaient été confirmés. 

Et la France est loin d’être un cas isolé puisque d’autres clusters ont également été recensés dans des abattoirs aux Etats-Unis où quatre contrôleurs chargés de faire respecter les règles sanitaires sont décédés. En Allemagne aussi, 109 cas de contamination au Covid-19 ont été recensés dans un abattoir situé dans le nord du pays. Enfin, en Australie, 98 personnes ont contracté le virus dans un abattoir du groupe Cedar Meats à Melbourne.

Alors, pourquoi les clusters et le nombre de contaminations se multiplient dans ces lieux ? La viande serait-elle en cause ? Selon le patron de l’ARS Centre-Val de Loire, Laurent Habert, interrogé sur BFMTV, "il n’y a pas de chaîne de contamination prouvée à partir de la viande ou de son ingestion, ce n’est pas le mode de transmission du virus". A titre d’exemple, dans l’abattoir du Loiret, les 34 cas confirmés au Covid-19 montraient "qu’il y a eu beaucoup de contacts et d’échanges dans cette unité au sein des personnels" a expliqué Laurent Habert. "Peut-être qu’il faudra qu’on regarde également, et ce sera un des buts de l’enquête, les conditions dans lesquelles les agents et les personnels sont ensemble, y compris en dehors des chaînes de production. Il faudra voir si les gestes barrière et de distance physique ont été ou non appliqués...Est-ce que pour des raisons d’exiguïté?", s’est-il demandé.

Le docteur Yvon Le Flohic, médecin généraliste à Ploufragan près de Saint-Brieuc, évoque lui aussi la difficulté à respecter la distanciation sociale et les gestes barrières. "L’utilisation de karcher et de scies provoquent des aérosols", "les difficultés à maintenir la distanciation sociale" mais également "des problèmes par rapport aux vestiaires d’habillage où les salariés sont à proximité sans porter de masques" a-t-il détaillé sur LCI… toutes ces raisons sont susceptibles d’accélérer la propagation du virus.

Même avis pour le professeur Benjamin Cowie, spécialiste des maladies infectieuses et co-responsable de la santé publique au Doherty Institute de Melbourne. Dans les colonnes du Guardian, l’expert explique "ce risque élevé de contamination dans les abattoirs proviendrait en grande partie de la difficulté à réaliser la distanciation physique".

On rappelle aussi que cette industrie ne s‘est jamais arrêtée depuis le début de la crise sanitaire, que ce soit en France ou ailleurs dans le monde.

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