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· Publié le 19 octobre 2009 à 10h59
Rejeté et méprisé dans les décennies qui suivirent sa brève efflorescence, l’Art Nouveau connaît une spectaculaire réhabilitation au cours des années 1960. Cette réévaluation constitue une page particulièrement intéressante de l’histoire du goût dans la mesure où de nombreux domaines sont conjointement touchés par le phénomène : l’histoire de l’art, le marché de l’art, la création contemporaine, notamment les secteurs du design et du graphisme.
Le propos de l’exposition est de montrer les cheminements divers d’une redécouverte et son insertion dans l’air du temps. Les grandes expositions de New York en 1959 (Art Nouveau. Art and Design at the Turn of the Century, The Museum of Modern Art) et de Paris en 1960 (Les Sources du XXe siècle. Les arts en Europe de 1884 à 1914, Musée national d’art moderne), qui accordèrent à l’Art Nouveau une place comparable à celle des autres grands courants artistiques de l’époque – impressionnisme, symbolisme, fauvisme, cubisme –, sont les premières manifestations de cette reconnaissance officielle. Cependant, les interprétations des formes qu’elles proposent sont souvent réductrices et se limitent à une opposition simpliste entre ligne droite/ligne courbe. Par ailleurs, elles n’établissent aucun rapport entre les formes biomorphiques et abstraites de Guimard, Gaudí, Van de Velde, Bugatti, Pankok, Riemerschmid, Eckmann et les préoccupations du design organique, qui apparaît dès la fin des années 1930 et qu’illustrent des personnalités telles que Alvar Aalto, Charles Eames, Tapio Wirkkala ou encore Carlo Mollino. De même,
l’enthousiasme précoce manifesté par les surréalistes pour l’Art Nouveau est ignoré des historiens de l’architecture préoccupés de rationalisme moderne.