Une seconde mère : critique et bande-annonce

Par · Publié le 18 juin 2015 à 16h07
Voici notre coup de cœur cinématographique du mois : Une seconde mère, en salles le 24 juin 2015, est un film brésilien d’Anna Muylaert dans lequel Regina Casé raconte l’histoire de Val, fidèle domestique d’une famille bourgeoise de Sao Paolo. Leur quotidien tranquille est rythmé par les fêtes mondaines données par la mère, "experte en style", et par les câlins tendres entre Val et le fils de la famille. Mais un jour, sa vraie fille arrive… Et bouleverse tout sur son passage. Un film d’une sensibilité et d’un réalisme troublants.

Au Brésil, nombreux sont les parents à abandonner l’éducation de leurs enfants à une domestique. Et les enfants des domestiques sont eux aussi laissés aux mains de quelqu’un d’autre. Ainsi, personne n’est élevé par ses vrais parents, et des affinités très fortes naissent entre de jeunes enfants et des nounous dévouées. Val ne fait pas exception : elle a laissé sa fille pour s’occuper du fils de quelqu’un d’autre : elle est comme une seconde mère pour la famille pour qui elle travaille, mais les années qui passent ne la libèrent pas de son statut inférieur et sa fille reste désespérément loin d’elle.

Alors quand sa fille lui demande de venir vivre avec elle pour étudier l’architecture à Sao Paolo, c’est avec un plaisir sans borne qu’elle l’accueille au sein de son quotidien de servante. Mais sa fille appartient à une génération nouvelle, une qui ne comprend pas pourquoi elle n’a pas été élevée par ses propres parents et pourquoi elle ne pourrait pas profiter de la chambre d’amis de la maison, au lieu de dormir dans la chambre de bonne de sa mère. Elle chamboule toutes les conventions et met en évidence l’injustice de la situation du domestique qui doit se taire et tout faire.

Regina Casé est parfaite et construit le personnage de Val avec bienveillance et bonté : elle est drôle, légère, appliquée, sensible. Elle donne au film toute sa saveur, tout son réalisme. Val est la mère que l’on aimerait tous avoir, si gentille et charmante. Chacune de ses blessures nous heurte avec violence, ne serait-ce que les maladresses bourgeoises de la famille qui ne l’écoute qu’à moitié. Et quand un jour, sur l’invitation impertinente de sa fille, elle se baigne enfin dans la piscine dont elle se privait depuis des années, on pleure de joie devant sa candeur et sa joie enfantine.

Une seconde mère donne une image du Brésil très intime : la réalisatrice observe les différences sociales qui se nichent dans les plus infimes détails, détails qui deviennent alors emblématiques d’un changement sur le point d’advenir. C’est le manifeste d’une envie, que la classe moyenne, petit à petit, s’émancipe des classes hautes. Splendide. À voir.

Bande-annonce :


Informations pratiques :

Une seconde mère
En salles le 24 juin 2015

Informations pratiques

Dates et Horaires
Le 24 juin 2015

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