Exclu : interview de jérôme alonzo (partie ii)

Par · Publié le 3 novembre 2010 à 0h
L'ancien gardien de but du Paris Saint-Germain (2001-2008), Jérôme Alonzo, a eu la gentillesse d'accorder une interview à PlanetePSG. Dans le deuxième et dernier volet de notre entretien, il est revenu sur la saison actuelle du club de la capitale tout en évoquant certaines périodes de son passage au PSG : le départ de Fiorèse, le licenciement de Fournier...
Lors de la saison 2003-2004, le PSG a terminé deuxième de Ligue 1, à trois points seulement de l'Olympique Lyonnais. Pensez-vous que cette année, l'équipe soit capable de réaliser pareil performance vu les derniers résultats qui laissent penser que, même si tout n'est pas parfait, une certaine solidarité et une certaine cohésion semblent avoir été enfin retrouvées au PSG ?
Ma réponse est oui. J'étais au match contre Auxerre et j'ai vu de mauvais souvenirs. Un PSG en perdition pendant 30 minutes qui perd de manière assez logique le match, et puis, il y a eu quelque chose de très nouveau, c'est la réaction à Lyon 3 jours après. Et ça, ça m'a fait tilt. Car gagner à Gerland, face à un Lyon sous pression, c'était très dur. Il y a eu un vrai turn over en plus et donc je pense que cette équipe a une capacité de réaction qu'elle n'avait pas avant, donc je trouve ça très intéressant. Le banc est costaud, solide et je trouve que, pour aller souvent les voir dans le vestiaire, l'état d'esprit est excellent. Ce groupe vit bien ensemble et pour ces raisons, je pense que cette année, Paris peut être sur le podium.

Depuis le mois de septembre, la hiérarchie des gardiens de buts du PSG a visiblement changé, Edel passant devant Coupet. Les résultats suivant n'ont pas donné tort à Antoine Kombouaré. Quel est votre sentiment sur ces deux gardiens et la concurrence qu'il y a entre eux ?
Je trouve ça très bien qu'il y a de la concurrence, c'est bien pour tout le monde s'il y a deux gardiens en pleine forme. J'ai pu voir à la télé que Greg a gardé le moral, il est en forme. Edel, c'est la bonne surprise ! Il était parti numéro 2, il a profité d'une méforme passagère de Grégory pour s'installer dans les cages, a passé sept matches sans encaisser de buts, c'est quand même un signe. Il est en pleine progression, pleine confiance. J'espère qu'il va pouvoir garder cette constance toute la saison. Ce qui lui arrive est mérité, car c'est un garçon qui bosse très dur, qui est assidu. Il s'entraîne très bien. Je l'ai aussi trouvé très costaud mentalement par rapport aux affaires extra-sportives. J'ai eu l'impression que ça ne le touchait pas, du moins, pas en surface. Donc voilà, s'il est costaud mentalement et bon techniquement, ça peut être un vrai atout pour le PSG et avec Greg, qui l'aide, qui ne lui met pas de bâtons dans les roues, je trouve que c'est un très bon duo.

Votre carrière au PSG a surtout décollé un soir de février 2002, lorsque vous gardiez les cages en Coupe de France face à l'Olympique de Marseille, avec cette fameuse séance de tirs aux buts. Sans doute un moment fort de votre carrière ?
Écoute, c'est certainement le plus fort. Parce que dans le football sont liés plusieurs choses. Ta vie d'homme et les grands matches. C'est un moment assez particulier pour moi parce qu'à l'époque, ma fiancée était marseillaise. Et je peux même dire aujourd'hui que le papa de la femme avec qui j'étais à l'époque était à l'OM. Donc je ne sais pas si tu peux imaginer le poids émotionnel de ce match pour moi, incroyable ! Pour toutes ces raisons, ce match reste évidemment inoubliable pour moi.

Après toutes ces années passées au PSG, citez moi un joueur, un entraîneur et un président, parmi tous ceux que vous avez côtoyé, qui vous a vraiment marqué.
En joueur : Pauleta. C'est un gentleman et puis la place qu'il a occupé dans le vestiaire et sur le terrain pendant cinq ans, c'était juste incroyable. En plus, on est parti en même temps donc je trouvais ça assez sympa, c'était un signe du destin. En entraîneur, j'hésiterais entre Luis et Vahid... Je vais quand même dire Luis car l'aventure a commencé grâce à lui. Et pour le président, je dirais Alain Cayzac. Heureusement et malheureusement pour lui, il était autant supporter que président. Je n'ai jamais vu un président aussi blessé et atteint quand on perdait, et aussi heureux quand on gagnait. Et pour des raisons qui m'appartiennent et que malheureusement je ne peux pas dévoiler, il m'a montré une droiture et une honnêteté dont peu de gens ont fait preuve au cours de ma carrière.

Justement, concernant les entraîneurs, on sait que vous avez eu une relation particulière avec Luis et Vahid, mais qu'avec Paul Le Guen, il y a eu quelques problèmes. Mais que pouvez-vous nous dire sur Laurent Fournier et Guy Lacombe ?
Alors j'aimerais juste revenir sur ces sois-disant problèmes avec Paul Le Guen. Je n'en ai jamais eu avec Paul. Le problème, c'est qu'il parle peu, ce n'est pas quelqu'un qui parle à tort et à travers et moi, j'avais l'impression d'être un gamin du centre à qui on ne parle pas alors que je pensais mériter une autre attention. C'est ça qui m'avait fait un peu de peine, car j'estimais avoir une place importante dans le vestiaire et dans le club et j'ai été un peu vexé à l'époque d'être laissé un petit peu de côté, notamment pour les coupes. Puisqu'il y avait une tradition un peu au PSG, depuis Borelli, Lama et jusqu'à Létizi et moi, c'est que le gardien qui ne jouait pas, jouait les coupes. Or cette tradition a été abolie si j'ose dire, avec Paul et Micka Landreau. Et c'est vrai que j'étais en droit, me semble-t-il, d'avoir un petit peu les boules. Je l'ai certainement exprimé maladroitement à l'époque. Tu me donnes l'occasion de m'en excuser, je le fais, mais pour autant, je n'ai jamais eu de problèmes avec Paul, qui est un entraîneur que je respecte entièrement pour le boulot qu'il a fait. Je n'ai pas voulu faire de démenti à l'époque parce que c'était trop long, trop compliqué, je n' en avais pas envie. Mais je veux que les gens sachent aujourd'hui que Paul Le Guen fait partie des gens avec qui je n'ai pas eu de problèmes majeurs. Pour Laurent Fournier, c'est une bonne question car on m'en parle peu. Pour moi, les problèmes "actuels", entre 2005 et 2010 on va dire, sont, et il faudrait être un imbécile ou un incompétent pour ne pas l'admettre, liés, ou qu'en tout cas, ils correspondent au départ de Lolo. Il a accompli un travail extraordinaire avec nous. Il était proche des joueurs, du public et il était respectueux. C'était quelqu'un, que moi, titulaire ou remplaçant, j'adorais. J'adorais bosser avec lui, j'adorais ses entraînements, la liberté qu'il nous laissait. Je trouve que la manière dont il a été licencié est absolument abjecte, dégueulasse. On ne vire pas un entraîneur qui est quatrième, à trois points du deuxième, sous prétexte qu'il n'est pas médiatique. Et la personne qui a fait cela doit être consciente qu'elle est responsable des problèmes inhérents au PSG après cette période là. Même s'il y a eu des coupes gagnées, de très bons matches, de bons souvenirs, le fait de virer Lolo Fournier a été pour moi l'une des pires erreurs qui ont été commises au PSG dans cette décennie, si ce n'est la pire. Je tenais à le dire. Avec Guy Lacombe, il y a eu un rapport super. Il m'a fait jouer quand il est arrivé, il m'a fait confiance. J'ai eu l'honneur avec Guy d'être capitaine du PSG, et ça c'est quand même pas rien ! J'ai eu l'honneur de porter le brassard au Parc des Princes, deux-trois fois. On avait un rapport super étroit, de confiance, c'était quelqu'un du Sud de la France avec un franc parler, qui peut déranger parfois, mais avec une passion extraordinaire, débordante pour le foot. Il aurait pu être entraîneur au rugby tellement il parle haut, tellement il a le verbe fort. Encore un entraîneur qui s'est fait avoir par un ou deux joueurs dans le vestiaire qui ont été plus puissants que lui à l'époque.

Revenons sur le cas de Laurent Fournier, qui aurait été victime également de certains joueurs ?
Il est de notoriété publique que deux ou trois joueurs à l'époque se sont ligués avec le président en place pour faire virer Lolo, et ça, tout le monde le sait. Maintenant, on est pas là pour balancer des noms, on s'en tape, c'est finit. Lolo a refait sa vie, il y a prescription. Mais tout le monde le sait, Lolo a été descendu par le président de l'époque et par un ou deux joueurs a ses côtés. On pourra aussi reprocher aux gens comme moi, qui, cinq ans après, disent que Lolo était génial et je le pense du fond du cœur, de ne pas s'être bougé le cul. Je peux tout à fait entendre ça. On était quelques un, et je prend cette faute aussi pour moi, qui était influent mais on a laissé faire les choses parce que la vie est faite comme ça, parce que t'es dans ton petit monde égoïste de merde et que tu ne te rends pas compte de ce que tu vas perdre et je voulais m'excuser aussi pour ça, au nom de ceux qui n'ont pas bougé leur cul. Si ça serait à refaire, j'ouvrirais ma gueule. C'est l'un de mes regrets.

Et concernant le départ de Fabrice Fiorèse. Que s'est vraiment-il passé entre lui et Vahid pour qu'il finisse par signer à l'OM, alors que, quelques jours auparavant encore, il affirmait son amour pour le PSG ?
Avant tout, je veux préciser que Fabrice est un ami. C'est pour ça que je vais en parler plus librement. Je trouve que Fabrice a fais une erreur. C'est mon opinion, je le lui ai dit. J'ai assisté à une réunion ou Vahid, à demi mot, en lisant entre les lignes, donne les rênes de l'équipe à Fabrice et à Pedro. Déjà, t'as un mec comme Vahid Hallilodzic qui te dit : "Fabrice, on va faire la Champion's League et avec Pedro, je veux que vous soyez les deux leaders de l'équipe". C'est quand même un sacré compliment ! Moi si on me dit ça, je pars pas à l'OM. Je vais t'expliquer pourquoi. Je pars peut-être à Barcelone ou à Arsenal, peut-être. Mais je pars pas à l'OM. Parce que le Parc adorait Fabrice et que le Vélodrome le détestait. Donc en faite, tu vas te mettre dans la merde tout seul ! A moins que tu ne mettes quatre buts dans ton premier match, tu ne peux pas réussir ce pari, c'est impossible. Après, les histoires d'argent, tout ça, je ne suis pas au courant, je m'en fous complètement. Mais tu ne peux pas réussir cette bascule là, surtout comme ça c'est fait, à deux jours de la fin du mercato... Parce que le sentiment de trahison qu'on ressenti les Parisiens, il est humain. Et je pense que c'était trop dur, mentalement et psychologiquement, à assumer pour Fabrice. Il a besoin d'amour autour de lui et il n'en a pas senti suffisamment quand il est arrivé à l'OM, loin de là, malgré le soutien du staff, de José Anigo, il n'est pas arrivé à s'en sortir et puis sa carrière s'est quasiment arrêté là. Alors que moi, je suis persuadé que ce type là, avec deux saisons en plus au PSG, il finissait en bleu, c'est sûr ! A l'époque, milieu droit, il n'y avait personne. Il aurait pu être une idole au PSG ! Mais bon voilà, il a payé pour apprendre et j'en étais bien triste, car c'est un mec que j'adore, un joueur que j'adorais et je lui ai dit que ce fameux mois-là, il a fait une erreur.

Dans l'autobiographie de Jérôme Rothen, ce dernier parle de son arrivé au PSG et d'un certain échange avec Danijel Ljuboja. L'attaquant lui aurait dit de faire attention, qu'il y avait des clans dans cette équipe, notamment un, composé de vous, Bernard Mendy, Lionel Letizi, Édouard Cissé et Fabrice Fiorèse... Est-ce vrai ?
Ce que Jérôme a oublié de dire, c'est qu'il était dans ce "clan" lui aussi (rires). Là, si tu regardes bien, tous ceux qui ont été cité, c'était les anciens. Donc c'est pas tellement un clan, c'est juste que quand tu connais des gens depuis longtemps, tu passes plus de temps avec eux qu'avec un mec que tu connais depuis deux semaines. Mais j'étais très proche de Danijel. J'ai fais quelques bringues avec lui, on était très copain. Après, Danijel avait plus d'affinité avec certains autres joueurs mais bon voilà, il faut bien faire vendre le bouquin. A partir de là, effectivement j'étais plus avec Fabrice, Édouard et Lionel mais il y avait aussi Jérôme dans le lot, c'est ce qui me fait beaucoup rire. En tout cas, ce "clan" là, j'ai la prétention de dire qu'il était utile et lié dans l'amour du PSG. Et j'estime que les joueurs cités-là, à part Fabrice et son départ maladroit, ont beaucoup fait pour le club.

En avril 2008, Michel Moulin arrive au PSG pour tenter d'aider l'équipe, d'instaurer un nouveau discours. Quel rôle a-t-il vraiment joué et est-ce que son intervention était nécessaire ?
Quand il est arrivé, Michel a dit une chose : "Si je suis pour un demi % responsable du sauvetage du club, j'aurais gagné mon pari". Alors à quel pourcentage je ne sais pas, mais moi je l'ai vu parler à certains joueurs et pour moi il a tenu son rôle, son rang, courageusement et bénévolement. Je trouve que pendant ces trois semaines, il a eu une attitude extrêmement conquérante, courageuse, responsable et je pense que son intervention a été bénéfique malgré ses relations avec Paul Le Guen. Parce que Paul Le Guen a vu arriver un ennemi ou un concurrent, je ne sais pas, mais en tout cas, j'ai vu, entendu et su que Michel avait parlé à certains joueurs de façon remarquable avec plein d'amour et d'amitié et à ce titre, je pense qu'il a eu un rôle, comme nous tous, dans ces dernières semaines.

Quel passage fût le plus délicat à vivre lors de vos années parisiennes ?
Les semaines qui ont suivi le décès du premier supporter, car il y avait une tension incroyable au quotidien, au stade, à l'entraînement, dans les médias, partout... C'était incroyable. Il y a eu le licenciement de Lolo. Le départ de Ronnie aussi. C'était un déchirement, car on laissait partir à l'époque le meilleur joueur du monde, donc c'était aussi un moment dur à vivre. Il y a eu des blessures plus ou moins graves, des choses pas très drôles...

Serez-vous au Parc pour PSG-Marseille ce dimanche ? Un petit pronostic ?
A ton avis (rires) ! Alors, en pronostic, je suis mauvais. Mais ce match-là pue le nul à plein nez quand même. J'espère surtout que ça va bien se passer autour du stade. Après, Marseille revient bien, est solide derrière, Mandanda est très fort en ce moment, donc je vois bien un nul.

Interview réalisée par Loïc Uhmann en exclusivité pour PlanetePSG.com

Nous remercions sincèrement Jérôme Alonzo pour sa disponibilité et sa franchise.

*Crédits Photo : © Hugues Anhes pour Surface
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Mots-clés : alonzo, interview, anciens, exclu
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