Le Gorille au Lucernaire : notre critique

Par · Publié le 11 septembre 2019 à 22h02
Il y a plus de dix ans, Alejandro et Brontis Jodorowsky créaient ensemble une adaptation théâtrale d'un texte de Kafka. Alejandro Jodorowsky à la mise en scène, son fils Brontis au jeu, et "Le Gorille" était né. A l'occasion des 50 ans du Lucernaire, le théâtre parisien reprend cette pièce à succès dont le propos et l'incarnation n'ont pas perdu en force.

Il suffit d'un rien, d'un geste, d'une position de la main, d'une hanche. Une manière bien particulière de renifler. Brontis Jodorowsky, comédien, formé notamment auprès d'Ariane Mnouchkine au Théâtre du soleil, prouve avec ce seul-en-scène tout l'étendu de son talent, de son excellence, même. Il y a dix ans déjà, la prestation était admirable. Ici, de retour au Lucernaire, elle l'est toujours. Incarnée, bestiale, confondante.

Brontis Jodorowsky, sous la direction de son père, le célèbre auteur et réalisation Alejandro Jodorowsky, est un gorille. Comprenez, un gorille qui a appris l'humanité, qui à tracé son chemin à travers elle, qui parle et qui travaille certes, mais un gorille, tout de même. 

Sur le plateau, presque rien. Ca ne serait pas nécessaire, quelque part, puisque la présence seule de ce gorille qui parle suffit à emplir la pièce. Nous l'épions avec fascination, guettons le moindre écart qui rappellerait que oui, oui, c'est un singe. Mais nous n'avons d'yeux que pour lui c'est certain, buvons ses paroles, acceptons sans sourciller ses critiques à notre égard, nous les humains. Car ce gorille n'est pas arrivé là par hasard : enlevé dans sa forêt natale, enfermé dans une cage, il comprend que copier le genre humain sera la seule manière de retrouver sa liberté. Il apprend à parler, non sans énormément d'efforts inhumains, apprend à se conformer aux exigences de notre race. 

Devant une assemblée prête à lui remettre un quelconque prix, il raconte son calvaire, avec une langue des plus claires, soutenant le mot et le geste. Il raconte aussi la réussite, la conquête et bientôt, la désillusion et le manque. Le Gorille, par bien des aspects, est un spectacle admirable. Pour l'interprétation bien sûr, époustouflante, mais pour son message, aussi, c'est évident.

Aura-t-il fallu d'un animal pour nous alarmer de notre manque cruel d'humanité ? C'est à voir, inévitablement. 

Infos pratiques :

Le Gorille, au Lucernaire, jusqu'au 3 novembre 2019.

Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 18h. 

Tarifs : de 10 à 28€

Réservations : 01 45 44 57 34

Informations pratiques

Dates et Horaires
Du 11 septembre 2019 au 3 novembre 2019

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    Lieu

    53 rue Notre-Dame des Champs
    75006 Paris 6

    Infos d’accessibilité

    Site officiel
    www.lucernaire.fr

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