"Féminines" de Pauline Bureau au Théâtre Abbesses : notre critique

Depuis le début du mois de novembre, en Australie, les joueuses de football gagnent le même salaire que leurs homologues masculins. Comme eux également, elles effectueront désormais leurs déplacements officiels en classe affaire. Au niveau mondial, c’est une première. C’est dire le statut des joueuses de football dit féminin, sous-entendu, le football tout court étant, de fait, le masculin.

Pauline Bureau, metteuse en scène, s’intéresse depuis toujours à la condition de la femme. Peut-être d’ailleurs serait-il plus juste de dire des femmes, puisque ses interrogations sont multiples, diverses : médicales, sociales, intimes. A la Comédie-Française l'an dernier, elle présentait Hors la loi, un spectacle bouleversant sur Gisèle Halimi et la loi Veil. A l'occasion de Féminines, sa dernière création avec sa compagnie, La Part des anges, ses interrogations sont cette fois-ci sportives. Mais sociétales, aussi, comme toujours. 

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Elles s’appellent Rose, Joanna, Marie-Bernadette ou Marinette. Elles travaillent à l’usine, sont mères au foyer, femmes de ménage ou tout simplement encore lycéennes. A la fin des années 60, les femmes de France ne jouent pas au foot. Elles peuvent taper dans un ballon gamines, jouer avec leurs frères, mais une fois devenues plus vieilles, ça ne se fait pas. Ce n’est pas un sport de femmes. D’aucuns en doutent encore en 2019, alors imaginez il y a 50 ans de ça. 

Pourtant, Pierre Geoffroy, à la tête de la kermesse annuelle de Reims, décide d’organiser un match de football féminin pour introduire le match des hommes qui viendra ensuite. Il ne le sait pas encore, mais il vient de créer la première équipe de footballeuses française. Suite à une annonce passée dans le journal, des femmes se présentent. Oui, elles veulent jouer au foot, et non, ce n'est pas une blague.

Pauline Bureau et sa troupe raconte leur histoire, une histoire faite d’embuches, de déceptions, d’insultes, mais aussi de victoires, d’amour et de beaucoup de sororité. Une histoire racontée au plateau et en vidéo, avec beaucoup d’humour et de bienveillance. La prouesse technique est à saluer, l’esprit de troupe, à savourer.