Covid : la trêve hivernale prolongée jusqu'au 1er juin 2021

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 2 février 2021 à 10h31
La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, a annoncé que la fin de la trêve hivernale était repoussée au 1er juin, au lieu du 1er avril. Une décision qui s'applique également aux "coupures d'énergie suite à des factures de chauffage impayées", a ajouté la ministre.

Cette année encore, le gouvernement a décidé de prolonger la trêve hivernale, pour éviter les expulsions de personnes sans ressources en pleine pandémie. En 2020, la trêve était prolongée jusqu'au 10 juillet. En 2021, le gouvernement a choisi de l'instaurer jusqu'au 1er juin. L'information a été révélée en exclusivité par le Parisien, qui a reçu la ministre du Logement Emmanuelle Wargon pour une interview croisée ce mardi 2 février. Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre, s'est également prêté au jeu des questions-réponses.

La ministre a donc annoncé sans détour que « la fin de la trêve est repoussée de deux mois et prendra fin le 1er juin au lieu du 1er avril. Cette décision de prolonger entraîne aussi une trêve sur les coupures d'énergie suite à des factures de chauffage impayées. » Pour Christophe Robert, cette décision représente « une très bonne nouvelle. Mais à condition d'indemniser les propriétaires et de vraiment mettre à profit ce temps pour aller au-devant des personnes en difficulté, comprendre où elles en sont, les aider à ouvrir des droits, à trouver si besoin une solution de relogement… Sinon, cela ne fera que reculer quelque peu l'échéance. »

Le gouvernement, tout comme la fondation Abbé Pierre, appréhende la crise sociale qui promet d'arriver bientôt, conséquence directe de la crise économique provoquée par la Covid-19. Pour anticiper ce problème, Christophe Robert souhaite mettre en place un « Fonds national d'aide aux paiements des loyers et des charges de 200 millions d'euros. » L'État assure étudier cette proposition avec sérieux, sans faire de promesses.

La fondation Abbé Pierre a publié, le 1er février dernier, son rapport annuel sur l'état du mal-logement en France. Un rapport alarmant qui prévoit un nombre important de ménages expulsés. « En 2019, 16 700 ménages ont été expulsés, mais il faut comprendre qu'il y en a deux à trois fois plus qui quittent leur logement avant que les forces de l'ordre ne sortent les meubles et changent les serrures. On est en échec parce qu'on ne parvient pas à mener une politique suffisamment préventive. L'an dernier, grâce à l'extension de la trêve hivernale et à la circulaire du ministère prise dans la foulée, seules 3 500 expulsions ont été effectives. À la fin de la trêve, le risque est donc que ces expulsions temporairement suspendues soient exécutées et viennent s'ajouter au volume d'expulsions annuelles, ce qui pourrait concerner au total 30 000 ménages », détaille le délégué général au Parisien.

De son côté, la ministre du Logement promet de nouvelles stratégies pour venir en aide aux locataires, comme aux propriétaires. Emmanuelle Wargon assure étudier les propositions remises par le député Nicolas Démoulin, qui souhaite diminuer les expulsions et mettre en avant les interventions en prévention.

« (...) Nous devons beaucoup mieux indemniser les bailleurs dont on n'expulse pas le locataire parce qu'on veut lui donner une seconde chance. À l'heure actuelle, cette indemnisation est très inégale selon les départements. Je souhaite que cette indemnisation soit automatisée, qu'elle dispose d'un budget harmonisé et réévalué, et qu'elle relève de mon ministère et non plus du ministère de l'Intérieur. Dès cette année, je m'engage à travailler pour mieux indemniser les propriétaires », a promis la ministre.

Christophe Robert conclut en demandant la mise en place urgente de solutions alternatives pour les locataires menacés d'expulsion. 

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