Paris : un banc public devenu symbole de lutte entre Anne Hidalgo et des Parisiens en colère

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 20 mai 2021 à 10h
Le banc de la discorde. A force de mobilisations, des Parisiens sont parvenus à faire retirer un banc de la capitale des enchères qui devaient se tenir à Drouot le 18 mai dernier. Une victoire pour ces habitants qui s'opposent à la politique de réaménagement d'Anne Hidalgo.

L'hôtel des ventes de Drouot a été le théâtre d'un conflit bien singulier, mardi 18 mai 2021. Au catalogue de ce jour se trouvait un banc public à double assise, un mobilier urbain classique comme on en trouve partout à Paris. Ce genre de bancs avait été imaginé par l’ingénieur Adolphe Alphand et l’architecte Gabriel Davioud, chargés par le baron Haussmann de concevoir un nouveau genre de mobilier pour la ville de Paris fraîchement redessinée au XIXe siècle.

Ce banc mis aux enchères est un symbole pour quelques Parisiens, attachés à une image nostalgique de la capitale. Ces habitants de la ville, qui se cachent également derrière le mouvement #saccageparis, veulent contrecarrer les plans de la mairie, qui prévoit de grands réaménagements de la capitale.

Ces Parisiens en colère sont opposés au remplacement du vieux mobilier urbain, ils se sont donc battus pour récupérer ce banc mis aux enchères. Une cagnotte a circulé sur les réseaux sociaux, grâce au hashtag #reparerparis, le but étant de récupérer suffisamment d'argent pour pouvoir racheter le banc, et de le réinstaller dans la ville par leurs propres moyens. Cette campagne a su séduire le propriétaire du banc, qui a accepté de vendre son bien aux Parisiens de #saccageparis, sans passer par l'enchère. Le banc a donc été cédé pour 1 200 euros, selon les informations du Monde.

Les acquéreurs du banc ont célébré leur victoire, mais il leur sera difficile de racheter tout le mobilier urbain qu'Anne Hidalgo prévoit de remplacer. Christophe Lucien, le commissaire-priseur qui aurait dû gérer la vente de ce banc désormais célèbre, explique à nos confrères du Monde que la ville de Paris « a commencé à disperser [son mobilier] dès les années 1930 », révélant même que l'on peut acheter « des lampadaires de rue par centaines chez les brocanteurs ».

La Mairie de Paris, elle, affirme que « la Ville cède très peu son patrimoine. Les bancs publics sont réemployés après restauration, et les mobiliers métalliques sont vendus à la ferraille, favorisant le réemploi dès que cela est possible ». Légalement, la ville est libre de disposer de son mobilier comme elle l'entend.

Plusieurs éléments de mobilier urbain sont donc déjà passés sur le marché. Le dernier "banc Davioud" vendu à l'hôtel Drouot a été cédé pour 2 000 euros. Il provenait des collections privées de Roxane Debuisson, une amoureuse de la capitale bien connue pour récupérer et protéger de nombreux éléments du mobilier urbain, comme de vieilles enseignes ou des arrêts de bus.

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