Coronavirus : obésité, âge, tabac, maladies chroniques... ces facteurs aggravants

Par Caroline de Sortiraparis · Publié le 10 avril 2020 à 16h15
Âge, tabac, maladies chroniques, obésité, mais aussi sexe et groupe sanguin… quels sont les facteurs qui peuvent aggraver l’état de santé d’un malade testé positif au coronavirus ? On fait le point grâce aux récentes études publiées par les chercheurs et médecins.

Face à la propagation du coronavirus en France et dans le monde, de nombreux chercheurs multiplient les essais cliniques afin de trouver des traitements efficaces. D’autres tentent de déterminer les facteurs qui pourraient entraîner une aggravation de l’état de santé d’un malade, infecté au covid-19.

Selon certains spécialistes, certains paramètres seraient à prendre en compte comme l’âge, le tabac ou encore le surpoids et les personnes souffrant de maladies chroniques.

L'âge

Depuis le début de l’épidémie de covid-19, les médecins l’affirment, l’âge est un facteur de risque. Le Haut Comité de Santé Publique considère que les personnes âgées de 70 ans sont plus susceptibles de développer une forme grave d’infection à SARS-CoV-2. 

Depuis, les avis ont évolué et le risque de développer une infection sévère au covid-19 concerne à présent les personnes âgées de plus de 60 ans. Le 2 avril dernier, Santé Publique France indiquait que 35% des personnes en réanimation étaient âgée entre 65 et 74 ans et 22% avaient plus de 75 ans, sur la période entre le 16 et le 29 mars.

Relayé par NouvelObs, le site de statistiques Worldometer, qui a compilé des études sur de très nombreux cas, révèle que le taux de mortalité chez les patients hospitalisés serait de 0,2 % chez les moins de 40 ans. Ce chiffre passerait ensuite à 0,4 % chez les 40-49 ans, à 1,3 % chez les 50-59 ans ; à 3,6 % chez les 60-69 ans ; à 8 % chez les 70-79 ans et 14,8 % chez les plus de 80 ans. 

En France, on rappelle que le nombre de morts des suites du coronavirus dans les Ehpad ne cesse d’augmenter. Le 7 avril, on recensait dans le pays 3 237 personnes décédées dans les Ehpad, sur un total de 10 328 décès en France.

Si le taux de mortalité croît avec l'âge, on rappelle que des cas sévères et des décès ont également été constatés chez des malades beaucoup plus jeunes.

Le sexe

Selon Santé Publique France (point du mardi 24 mars 2020), sur les 358 patients admis en réanimation en France, il y avait 73 % d'hommes contre 26% de femmes. Si le sexe masculin a plus de risque d’être hospitalisé en réanimation, il est aussi plus touché par la mortalité. Toujours d’après Santé Publique France, 57 % des décès liés au coronavirus concernent les hommes.

Autres chiffres mis en évidence par des chercheurs chinois cette fois-ci. Menée sur 45 000 patients entre le 18 décembre et le 11 février, cette étude comptabilisait 63,8% d’hommes décédés contre 36,2% de femmes décédés, sur les 1023 premiers décès.

Le tabac

Selon un communiqué publié fin mars par le Comité national contre le tabagisme (CNCT), "les fumeurs présentent un risque majoré de contracter cette maladie et de développer une forme grave".

Un fait vérifié par une étude publiée dans la revue médicale News England Journal of Medecine, qui indique que le risque, pour les fumeurs, de développer une forme grave du Covid-19 est augmenté de 50 %. Ce pourcentage grimpe à 130 % concernant le risque de décès, en comparaison aux non-fumeurs.

Le surpoids et l'obésité

Le surpoids est également un facteur de risque de développer une forme grave du covid-19. Selon les premiers chiffres d'un registre national, publié par Le Monde, 83% des patients en réanimation en France sont des personnes en surpoids ou obèses, le plus souvent atteints d'hypertension artérielle ou de diabète.

"Nous sommes très attentifs à ce que les personnes, en particulier en surpoids important, signalent rapidement une détérioration de leur état clinique et en particulier l'apparition de difficultés respiratoires", a ainsi indiqué le directeur général de la Santé Jérôme Salomon mardi lors d'une conférence de presse. "On le sait, l'obésité d'une part, mais aussi le surpoids peuvent devenir un facteur de risque d'infection sévère."

Dans une interview pour Le Figaro, le chef du service maladies infectieuses à l’hôpital Bichat à Paris, Yazdan Yazdanpanah, confiait que "plus de 80% des moins de 50 ans qui se trouvent en réanimation chez nous à cause du Covid-19 sont obèses".

D’après les résultats de chercheurs chinois publiés le 1er avril dans The Lancet, on découvre que, sur 383 malades infectés au coronavirus et admis dans un hôpital de Shenzhen, 42% souffraient de surpoids ou d’obésité.

Le groupe sanguin

Le groupe sanguin est-il également un paramètre à prendre en compte dans le développement des cas sévères du covid-19 ? Selon une récente étude chinoise, la réponse semble être affirmative. Des chercheurs chinois ont en effet découvert que « le groupe sanguin A est associé à un risque plus élevé de contracter le Covid-19 par rapport aux autres groupes sanguins, alors que le groupe O est associé à un risque plus faible ».

Pour arriver à un tel résultat, publié sur le site MedRxiv, ces chercheurs ont observé la distribution des groupes sanguins chez 2 173 patients infectés par le Covid-19 de trois hôpitaux de Wuhan et Shenzhen, en la comparant avec celle de personnes non contaminées.

Dans une interview pour France Inter, Jacques Le Pendu, directeur de recherche à l'INSERM au laboratoire de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers, explique ces résultats qui ne le surprennent pas. "Lorsqu'un virus est produit par une personne de groupe A, il va avoir la marque de ce groupe sanguin sur lui, la A et de la même manière pour une personne du groupe B. Une personne de groupe O, elle, aura des anticorps anti A et Anti B et pourra détruire le virus plus rapidement", explique-t-il.

Les personnes du groupe sanguin O ont donc naturellement des anticorps Anti A et Anti B, leur offrant ainsi une double défense contrairement aux personnes du groupe A ou du groupe B.

Les maladies chroniques

Le Haut Comité de Santé Publique a publié au mois de mars une liste (voir ci-dessous) des personnes plus à risque de développer des complications au covid-19.

Parmi ces personnes, figurent notamment les personnes aux antécédents cardiovasculaires, comme de l'hypertension artérielle, mais aussi les personnes diabétiques, ou encore les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée ainsi que les malades atteints de cancer sous traitement.

Selon le bilan épidémiologique publié le 2 avril par Santé publique France, 62% des personnes hospitalisées en réanimation sont des cas de co-morbidité, c'est-à-dire la présence de maladies et/ou divers troubles aigus ou chroniques s'ajoutant aux symptômes du covd-19.

Selon le Haut Conseil de Santé Publique, les patients à risque de formes sévères sont :

  • Les personnes âgées de 70 ans et plus ;
  • Les patients aux antécédents cardiovasculaires : hypertension artérielle compliquée, antécédents d’ accident vasculaire cérébral ou de coronaropathie, chirurgie cardiaque, insuffisance cardiaque stade NYHA III ou IV ;
  • Les diabétiques insulinodépendants non équilibrés ou présentant des complications secondaires à leur pathologie ;
  • Les personnes présentant une pathologie chronique respiratoire susceptible de décompenser lors d’une infection virale ;
  • Les patients présentant une insuffisance rénale chronique dialysée ;
  • Les malades atteints de cancer sous traitement.
  • Les personnes avec une immunodépression congénitale ou acquise : médicamenteuse ( chimiothérapie anti-cancéreuse, immunosuppresseur, biothérapie et/ou une corticothérapie à dose immunosuppressive), infection à VIH non contrôlé ou avec des CD4 <200/mm3, consécutive à une greffe d’organe solide ou de cellules souches hématopoïétiques, liée à une hémopathie maligne en cours de traitement ;
  • Les malades atteints de cirrhose au stade B ou C de la classification de Child-Pugh ;
  • Les personnes présentant une obésité morbide ( indice de masse corporelle > 40 kg/m2)
  • Les femmes enceintes à partir du troisième trimestre de la grossesse

Dans une interview pour Franceinfo, le 8 avril, le Président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a estimé le nombre de Français "à risque" face au coronavirus en raison de "l’âge" ou de "polypathologies" à environ "17 millions" de personnes.

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