Prime Covid : les soignants intérimaires exclus de ce dispositif exceptionnel

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 31 juillet 2020 à 13h31
Une décision qui suscite l'indignation de tous : les soignants en intérim ne toucheront pas la prime Covid promise par le gouvernement à l'ensemble du personnel médical. Une exclusion "discriminatoire" et "incompréhensible" selon les partenaires sociaux.

Le patronat et les syndicats de la branche du travail temporaire dénoncent une « discrimination incompréhensible », synonyme de « mépris » pour celles et ceux qui en sont victimes. Dans une lettre paritaire envoyée le 29 juillet au ministère des Solidarités et de la Santé, les partenaires sociaux demandent la suppression d'une injustice : les soignants intérimaires ont été exclus de la prime Covid promise par Emmanuel Macron à tous ceux qui ont travaillé pour sauver des vies pendant la pandémie.

La prime Covid, décidée par le Président de la République en récompense du travail exceptionnel fourni par le personnel soignant ces derniers mois, désigne des mécanismes mis en place, en plusieurs étapes, prévoient le versement d’une somme pouvant aller jusqu’à 1 500 euros, dans les établissements publics et privés.

Dès le mois de juin, une note diffusée par l’agence régionale de santé du Grand-Est expliquait clairement que les soignants en intérim n'étaient pas concernés par ce dispositif. Le 23 juillet, le troisième projet de loi de finances rectificatives pour 2020, définitivement adopté par le Parlement, entérine cette exclusion. 

Isabelle Eynaud-Chevalier, déléguée générale de Prism’emploi, s'indigne d'une « telle mesure entre en contradiction avec un principe fondamental, celui de l’égalité de traitement, inscrit dans le code du travail. C’est assez terrible, sur le plan symbolique, car les soignants, quel que soit leur statut, ont tous été actifs. Et le virus, lui, n’a fait aucune distinction. »

La déléguée générale affirme que le nombre d'intérimaires potentiellement éligibles à la prime Covid représente un peu moins de 13 000 équivalents temps plein. Pour Isabelle Eynaud-Chevalier, « nous ne sommes pas face à une population gigantesque, et le coût pour les finances publiques n’aurait rien d’exorbitant. »

Laetitia Gomez, secrétaire générale de la CGT-Intérim, renchérit : « C’est comme si on leur disait qu’ils sont des sous-salariés. Alors même qu’ils ont été sur le pont comme les autres, et dans des conditions difficiles parfois, les équipements de protection pouvant faire défaut. C’est inadmissible. »

Le gouvernement se défend en expliquant que « la prime Covid a été mise en place pour que chaque établissement puisse valoriser l’engagement de ses soignants, médecins comme paramédicaux face à la crise. Elle couvre donc l’ensemble des professionnels de l’établissement, mais ne s’étend ni aux intérimaires salariés ni aux prestataires ».

Une source anonyme, citée par le journal Le Monde, estime que l'exclusion des intérimaires n'est qu'une histoire de « gros sous ». Selon cette même source, le ministère de la santé « ne veut pas payer », notamment parce qu’il considère que « les intérimaires sont déjà bien rémunérés, surtout les médecins ».

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