Covid : le virus SARS-CoV-2 circulait déjà en France en novembre 2019 selon une étude

Par · Publié le 11 février 2021 à 15h41
Une étude publiée par des chercheurs ce mercredi 10 février 2021 révèle que des patients souffrant de pneumopathies sévères, hospitalisés en novembre 2019, auraient déjà pu être porteurs du SARS-CoV-2. Des résultats qui contredisent le scénario d'un départ de l'épidémie depuis un marché chinois de Wuhan, en décembre 2019.

À quand remonte la présence du Covid-19 sur le territoire français ? Alors que les experts scientifiques du monde entier s'accordent sur une première apparition du SARS-CoV-2 en décembre 2019, sur un marché de Wuhan en Chine, une étude publiée par des chercheurs français et publiée ce samedi 6 février 2021 dans la revue European Journal of Epidemiology vient contredire ces observations. 

Selon les travaux menés par Fabrice Carrat, directeur de l'Institut Pierre-Louis d'épidémiologie et de santé publique (INSERM, Sorbonne Université), la présence du coronavirus ou SARS-CoV-2 (comme le nom scientifique attribué au virus) remonte plutôt à novembre 2019. Pour arriver à ces résultats surprenants, la méthode scientifique employée par les chercheurs de l'équipe du professeur laisse peu de place aux doutes.

Avec l'aide des prélèvements sanguins des participants à "Constances" (200 000 personnes constituant la plus grande cohorte épidémiologique suivie en France depuis 2012), les médecins ont d'abord réalisé un test rapide pour détecter des immunoglobulines de type G anti-SARS-CoV-2. Après un deuxième test plus délicat, censée éviter le recoupement de "faux positifs", la surprise était de taille : sur les 9 144 échantillons sanguins étudiés entre novembre 2019 et janvier 2020, 13 d'entre eux se sont avérés positifs. Comme le résume au Monde le professeur Carrat, "ces résultats suggèrent que dès le mois de novembre et décembre, le taux de contamination dans la population française est déjà de l'ordre d'un cas pour mille". 

Un virus présent en France dès octobre, voir dès septembre 2019 ? 

Avant cela, les chercheurs ont "commencé par analyser des échantillons prélevés en janvier et février, et nous en avons trouvé bien plus de positifs que ce à quoi nous nous attendions", rapporte au quotidien Marie Zins, épidémiologiste à l'INSERM. Une recherche qui s'est donc portée sur la recherche de cas positif "dès l'automne". Pour les autorités sanitaires françaises, le premier cas avéré de malade atteint du Covid-19 a été observé fin décembre 2019, sur un patient hospitalisé après une pneumopathie sévère en Seine-Saint-Denis. 

Aujourd'hui, les chercheurs appliquent le même raisonnement à des périodes antérieures à l'automne 2019. "La question que nous nous posons désormais, c’est de savoir si le virus était déjà en France en septembre et pourquoi pas en août", affirme Marie Zins au Monde, avant de poursuivre sur le fait que son équipe "cherche les financements pour mener les analyses nécessaires". 

Quant aux explications de la présence du SARS-CoV-2 chez des Français dès novembre 2019, les médecins émettent des hypothèses. "Dans plus de la moitié des cas, on a affaire à des gens qui ont voyagé ou qui ont été en contact avec des personnes ayant été malades", indique le professeur Carrat. "L’un des cas avait voyagé deux mois en Asie et est revenu début décembre en France… un autre est médecin, ce qui est aussi un facteur de risque", souligne le scientifique. Pour l'heure, ces théories ne peuvent pas encore démontrer que les premières souches du SARS-CoV-2 ont commencé à circuler dans la province chinoise du Hubei. 

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