Covid : le Sénat veut mettre au point des stratégies alternatives pour lutter contre le virus

Par Cécile de Sortiraparis · Photos par Laurent de Sortiraparis · Publié le 27 avril 2021 à 13h06
Le gouvernement a misé sur une stratégie vaccinale qui nous permettrait de "vivre avec le virus". Le Sénat espère pouvoir se débarrasser totalement du Covid-19. L'institution a donc commandé une étude sur les stratégies alternatives de lutte contre la pandémie.

Depuis l'automne 2020, Emmanuel Macron explique que les Français devront se résoudre à « vivre durablement avec le virus. » Le gouvernement concentre donc ses efforts sur la campagne de vaccination, qui permettra à la France de retrouver une vie plus normale lorsque la majorité de la population sera immunisée.

D'autres pays, comme l'Angleterre, la Nouvelle-Zélande, le Vietnam, l'Australie..., ont choisi une stratégie "zéro-Covid" : éradiquer le virus, plutôt que de vivre avec. Ce sont ces stratégies alternatives qui intéressent le Sénat. Les parlementaires ont lancé une étude chargée de trouver dans quelles conditions la France pourrait atteindre un taux de circulation du virus proche de zéro. Bernard Jomier, sénateur nommé à la tête de cette mission de recherche, explique ses objectifs à nos confrères du Point.

La France a-t-elle fait les bons choix dans sa lutte contre la Covid-19 ? C'est la question qui est au centre de cette mission sénatoriale. Bertrand Jomier indique que « nous allons beaucoup travailler dans les semaines à venir sur l'adaptation territoriale des mesures décidées. Mais nous voulons aussi regarder au fond si la stratégie que mène notre pays depuis la fin de l'année dernière est la bonne, ou non. (...) Pour répondre à cette question, nous avons besoin de deux grandes catégories de données. À la fois des données de modélisation, qui nous diront quel résultat on peut attendre de telle ou telle mesure sur les écoles, sur la vie culturelle, la vaccination, etc. Ensuite, ces données serviront de base à un travail d'analyse en santé publique, intégrant la question des variants, les mesures à prendre pour empêcher leur entrée sur le territoire, etc.  »

Le sénateur regrette que le gouvernement ne diffuse pas déjà ces données de façon libre, ordonnée et exhaustive. « C'est un déni de démocratie ! Tout ce que l'exécutif nous dit, c'est "on va accélérer la vaccination et aller vers une immunité collective". Mais ce nouveau pari contient des incertitudes ! Combien de personnes faudra-t-il vacciner ? Quid de la vaccination des enfants ? Car on ne pourra pas faire l'impasse sur plus de 15 millions de personnes d'une population. »

Devant ces nombreuses incertitudes et le manque de réponses du gouvernement, le Sénat remet en question la stratégie de l'exécutif, qui souhaite tout miser sur la vaccination. Bertrand Jomier estime également que les actions du gouvernement ne sont que des mesures de court terme, qui détruisent plus l'économie qu'elles ne la sauvent.

Le sénateur critique aussi le manque de communication et de transparence du président de la République, un comportement qui attise beaucoup la méfiance des Français à l'égard des actions du gouvernement. « Il faut redonner clairement une direction qui soit compréhensible par tous. Si l'on souhaite laisser circuler le virus en misant tout sur la vaccination, il faut le dire clairement. Cela permettra de comprendre pourquoi on reprend l'école alors que l'épidémie est toujours à un niveau très élevé ou pourquoi on va réautoriser un certain nombre d'activités », insiste-t-il.

Bertrand Jomier assure que les résultats de son étude seront rendus publics. Il espère que toutes les données nécessaires à ce débat public seront accessibles avant l'été, « car c'est maintenant que ces questions se posent. On a raté collectivement la stratégie « zéro Covid » à la sortie du premier confinement. Il ne faudrait pas que, dans six mois ou un an, on ait le regret d'un nouveau défaut d'anticipation. » Pour le sénateur, une stratégie de lutte contre la Covid-19 qui accepte que l'on subisse 200 ou 300 morts par jour, cela reste inacceptable.

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