Bénin, aller-retour : l'exposition au Musée Albert-Kahn

Et si un film tourné il y a près d’un siècle vous faisait repenser votre regard sur l’Afrique ? Le musée Albert-Kahn vous invite à découvrir l’exposition Bénin, aller-retour, du 14 octobre 2025 au 14 juin 2026. Une exposition qui s’appuie sur une mission singulière des Archives de la Planète, entreprise en 1930 au Dahomey par le père Francis Aupiais et le cinéaste Frédéric Gadmer. Cette incursion unique des Archives en Afrique sub-saharienne documente à la fois les rituels religieux traditionnels, les cérémonies royales et les effets de l’évangélisation dans un contexte colonial. Le projet questionne le regard européen sur les cultures africaines tout en mettant en lumière la complexité et la richesse du patrimoine béninois.

Le parcours se distingue par la qualité exceptionnelle des films restaurés en 4K et projetés en grand format, et par une scénographie contemporaine, sobre et fluide, qui vous enveloppe dans une ambiance à la fois documentaire et introspective. L'expérience sensorielle et intellectuelle proposée est enrichie par la présence d’objets rituels, prêtés notamment par le musée du quai Branly – Jacques Chirac, venant illustrer les images animées et fixer leur ancrage culturel.

Une mission rare, au croisement de l’ethnographie et du témoignage spirituel

À l’origine de cette mission de quatre mois, un homme d’Église atypique : Francis Aupiais, fervent défenseur d’une reconnaissance des cultures africaines. Il convainc Albert Kahn de soutenir son projet d’exploration visuelle, réalisé par Frédéric Gadmer, caméraman des Archives. Ensemble, ils captent 1 102 autochromes et 140 bobines de film, dressant un portrait sans précédent du Dahomey d’alors. Ce travail constitue l’un des premiers corpus filmiques de l’ethnographie française, antérieur même à la célèbre mission Dakar-Djibouti.

Au fil de l’exposition, le public est invité à suivre les pas de cette expédition, à comprendre ses motivations et à percevoir les tensions qui l’animent : évangélisation et observation objective, fascination et volonté de préserver. Le récit s’ouvre sur le contexte colonial et religieux, puis se déploie autour de trois grands axes : les manifestations du pouvoir, les cérémonies funéraires royales, et les rites vodún, étudiés par Francis Aupiais avec un regard empreint de respect pour une spiritualité perçue comme un véritable mode de pensée.

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Une immersion visuelle et critique entre passé et présent

Au-delà du témoignage historique, Bénin, aller-retour tisse des liens sensibles avec le présent. Des artistes africains contemporains – Ishola Akpo, Thulani Chauke, Sènami Donoumassou, ou encore Roméo Mivekannin – ont été invités à réinterpréter les images de 1930 à travers des créations mêlant installation, performance, photographie et peinture. Ces œuvres agissent comme des contrepoints critiques, offrant une relecture décentrée et réactualisée de l’histoire coloniale et de la représentation des peuples africains.

Le parcours se termine sur une réflexion sur la postérité de ces images : leur diffusion à l’époque via les conférences de Francis Aupiais, leur instrumentalisation lors de l’Exposition coloniale de 1931, mais aussi leur réactivation par des institutions artistiques actuelles, comme le Centre for the Less Good Idea à Johannesburg. Une section met aussi en lumière les conditions techniques de la réalisation des films et le rôle de la mise en scène dans la constitution du regard ethnographique.

Une exposition accessible à tous les publics

Le Musée départemental Albert-Kahn poursuit son engagement en faveur de l’accessibilité avec un parcours pédagogique destiné aux familles, conçu à “hauteur d’enfants”. Les grands thèmes sont déclinés à travers des dispositifs de manipulation et des supports ludiques, parfaits pour une visite intergénérationnelle. Que vous soyez passionné d’histoire, curieux de découvrir les débuts du cinéma ethnographique, ou en quête d’un moment de partage en famille ou entre amis, cette exposition s’adresse à vous.

Et si vous vous laissiez guider par ces images centenaires qui racontent bien plus qu’un pays, mais une manière de voir, de transmettre et d’interroger le monde ?

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