Réalisé par Thomas Cailley et coécrit avec Pauline Munier, Le Règne animal est un drame fantastique porté par Romain Duris, Paul Kircher et Adèle Exarchopoulos. Sorti en salles en octobre 2023 après une présentation à Cannes dans la section Un Certain Regard, le film revient sur France 2 le dimanche 7 décembre 2025 à 21h10. Lauréat de cinq César, il s’impose comme l’une des propositions les plus ambitieuses du cinéma français récent mêlant aventure, émotion et mutation.
Dans un monde bouleversé par l’apparition progressive de mutations animales touchant certains humains, François tente de retrouver sa femme hospitalisée après les premiers signes de transformation. Lorsque des créatures mutées s’échappent d’un convoi, il embarque son fils Émile dans une quête qui les mène à travers les Landes, territoire à la fois sauvage et surveillé. Le film déploie alors un récit familial où la disparition, l’héritage et l’instinct de survie se croisent sans dévoiler les étapes finales du parcours de la mère.
À travers la relation père-fils, l’œuvre explore la manière dont chacun affronte l’inconnu. Émile, adolescent en transition, se confronte à ses propres peurs et à une forme de transformation intérieure alimentée par les événements qui l’entourent. Sans résoudre ses mystères, le récit propose un chemin initiatique ancré dans un présent réaliste où le merveilleux et la menace se mêlent, transformant la mutation en métaphore des passages de la vie.
Tourné dans les Landes de Gascogne, le film se distingue par une recherche approfondie de décors naturels, entre forêts industrielles et fragments de forêt primaire. Ces paysages deviennent une part essentielle du récit et ont nécessité un repérage minutieux, parfois compromis par les incendies de Gironde à l’été 2022 qui ont détruit certaines zones prévues pour le tournage. Le projet a mobilisé un large éventail de techniques d’effets spéciaux : maquillage, animatronique, effets plateaux et animation numérique hybride, afin de préserver une incarnation physique des créatures sans recourir à des fonds verts.
Le ton oscille entre drame, aventure et fantastique, dans un rythme qui privilégie le point de vue des personnages. Thomas Cailley ancre le surnaturel dans la réalité contemporaine, dans une veine proche de certaines œuvres de Miyazaki ou de récits initiatiques comme The Host. Le film s’adresse ainsi aux spectateurs sensibles aux univers hybrides, où l’émotion et le rapport au vivant priment sur la démonstration spectaculaire.
Le Règne animal
Film | 2023
Sortie au cinéma : 4 octobre 2023
À la télévision sur France 2 : 7 décembre 2025 à 21h10
Aventure, Drame, Fantastique | Durée : 2h10
De Thomas Cailley | Avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos
Titre original : Le Règne animal
Nationalité : France
Notre avis sur Le règne animal :
A poils, à plumes, à écailles, voilà deux ans que sont apparues les premières mutations de l’homme vers l’animal. Sans chercher à expliquer scientifiquement le pourquoi du comment, le film s’applique à prendre la température d’une société forcée à s’adapter à une nouvelle réalité et à cohabiter avec ces ‘bestioles’ – c’est connu, il ne fait jamais bon être (trop) différent.
François (Romain Duris et son éternelle allure babacool) et son fils Émile (Paul Kircher, aperçu l’an passé chez Honoré) partent à la recherche de la mère de famille, en pleine métamorphose, avec le concours de Julia (Adèle Exarchopoulos qui confirme définitivement le grand sens comique de son jeu tout en décalage). Un accident de convoi a provoqué l’éparpillement, dans la nature, des ‘créatures’, envoyées dans un centre spécialisé des Landes – qui n’ont jamais autant ressemblé à un bayou louisianais, à la fois mystiques et enveloppantes, surtout lorsqu’y débarquent des militaires aussi terrifiants que les hommes du gouvernement dans la maison de E.T.
Véritable film de genre comme le cinéma français n’en produit que trop peu – décents, du moins –, Le règne animal excelle par sa drôlerie et son excentrisme, mais également pour les scènes de transformation physique de ces ‘bestioles’ qui font hérisser le poil et grincer des dents. Il est aussi, en fil rouge, un film d’apprentissage adolescent d’une grande délicatesse, comme une bête qui lècherait ses plaies passées (la lente disparition d’une mère) et regarderait vers l’avenir. À l’âge des premières amours et de l’envie irrépressible de liberté, Thomas Cailley double le discours au rythme des modifications corporelles de ces mi-hommes mi-bêtes qui gardent leur taille humaine tout en acquérant, au fur et à mesure, des attributs animaliers. Il faut patienter des jours qui semblent des années pour savoir à quelle sauce être mangé, plutôt crocodile ou gorille, serpent ou chouette.
Un second film brillant et très finement ciselé, véritable proposition formelle culottée qui pourrait bien bénéficier d’une suite. La dernière scène, à la manière d’une scène post-générique marvelienne, semble laisser la porte ouverte à d’autres ‘monstres’ dans un futur plus ou moins proche. Alors si, d’aventure, la chambre de votre adolescent commençait à sentir le fauve, posez-vous les bonnes questions.
Proposant un regard singulier sur l’évolution, la transmission et la relation au vivant, le film associe l’intime et le spectaculaire dans une mise en scène attentive aux corps et aux paysages. Cette approche hybride inscrit l’œuvre parmi les propositions de genre les plus abouties de ces dernières années dans le cinéma français.
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