Réalisé par Bertrand Bonello, écrit avec Thomas Bidegain et interprété par Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Louis Garrel, Léa Seydoux, Amira Casar, Helmut Berger et Aymeline Valade, Saint Laurent est un biopic situé entre drame et romance, centré sur une décennie de la vie du couturier Yves Saint Laurent. Sorti en salles en France le 24 septembre 2014, sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes, le film arrive sur Disney+ le 26 décembre 2025, offrant une nouvelle fenêtre de diffusion à cette relecture très esthétique de la légende de la couture française.
Plutôt que de retracer toute une vie, Saint Laurent se concentre sur la période 1967-1976, moment charnière où le créateur, déjà au sommet de sa renommée, se confronte à une décennie marquée par la libération des mœurs, les excès nocturnes et les mutations culturelles. Le film suit un artiste au travail, pris entre inspiration, exigence et fragilité, en montrant les coulisses des collections, les ateliers, les défilés, mais aussi les relations intimes avec Pierre Bergé, ses amis, ses amants et ses muses.
Cette décennie est décrite comme un face-à-face entre un créateur et son époque, où chaque nouvelle collection devient un acte de survie artistique autant qu’un geste de mode. La mise en scène insiste sur le coût intime et psychologique d’un nom devenu marque, entre fêtes, addictions, pression médiatique et exigence créative. Sans spoiler, le film accompagne la montée en puissance du mythe Saint Laurent tout en laissant affleurer la fatigue, le doute et la sensation de vertige face à un succès qui semble parfois échapper à son auteur.
Le projet naît peu après L’Apollonide – souvenirs de la maison close, lorsque les producteurs Eric et Nicolas Altmayer proposent à Bertrand Bonello de s’attaquer à Yves Saint Laurent. Le cinéaste accepte à condition de s’éloigner du biopic académique pour privilégier un geste de cinéma très visuel, romanesque, volontiers viscontien. Il s’entoure du scénariste Thomas Bidegain et choisit de concentrer l’intrigue sur une décennie particulièrement dense, rythmée par des collections emblématiques comme « Libération » (1971) ou le « Ballet russe » (1976), recréées pour le film sans accès aux archives de la fondation Bergé Saint Laurent.
Le long-métrage s’inscrit dans un contexte de « choc des biopics » : quelques mois plus tôt, le film de Jalil Lespert, avec Pierre Niney, avait reçu le soutien de Pierre Bergé et de l’entourage officiel du couturier. Celui de Bertrand Bonello suit une approche différente, recentrée sur l’affect, le coût d’être Saint Laurent et les zones d’ombre d’une vie mondaine et créative. Contesté par Pierre Bergé, monté sans l’appui de la fondation, le film se distingue par sa liberté de ton et une esthétique assumée, nourrie de références allant de Visconti à Scorsese en passant par Bresson. Il est ensuite largement reconnu par la critique et les professionnels, notamment aux César, aux Lumières de la presse étrangère et aux Magritte.
Le tournage se déroule principalement dans un hôtel particulier parisien transformé en véritable studio, où sont recréés rue de Babylone, ateliers, appartements et coulisses de défilés. La costumière Anaïs Romand orchestre un travail minutieux de reconstitution, tandis que Gaspard Ulliel s’engage dans une transformation physique et vocale importante pour approcher la silhouette, la diction et la fragilité du couturier. La distribution regroupe également des fidèles de l’univers de Bonello, comme Jasmine Trinca ou Léa Seydoux, et convie Helmut Berger pour incarner un Saint Laurent vieillissant, dans un écho direct au cinéma de Visconti.
Notre avis sur le film :
Sublime. Nous adorons Bertrand Bonello dont le dernier film, L'Apollonide - souvenirs de la maison close, nous avait marqué à tout jamais. Saint-Laurent est un biopic : pour un grand artiste comme Bonello, il semblerait qu'il soit presque dommage de devoir se restreindre dans une histoire déjà écrite, et fort bien connue par le public.
Pourtant, il se confronte à l'exercice avec son propre talent, sa propre esthétique, pour en donner une vision bien particulière, marquée de sa signature. Ses images sont comme des tableaux mouvants, brillants de mille feux, de mille couleurs. Les acteurs sont au sommet de leur beauté : la scène du baiser entre Gaspard Ulliel et Louis Garrel est d'une sensualité inoubliable... On tremble d'érotisme, ébloui par la beauté, par le casting, par le choix de la bande originale.
Bertrand Bonello donne ici un aperçu des années 70 tout en décadence, en addictions et en amusements régressifs. Menant à la déchéance mais aussi à l'art de vivre le plus violent et le plus pur, la fête est ce qui a fait d'Yves Saint-Laurent une légende ambivalente, dont les nuances sont parfaitement rendues par le réalisateur. Aussi grands l'un que l'autre, Bertrand Bonello et Yves Saint-Laurent se font face, se stimulent, pour former une histoire esthétique exceptionnelle.
Sur le fond, Saint Laurent privilégie le portrait d’un homme déjà au sommet, plutôt que le récit de son ascension. La structure du film, pensée en plusieurs temps – le « jeune homme », la « star », puis la figure devenue marque – organise un va-et-vient entre lumière des podiums et obscurité des coulisses. La mise en scène joue des ellipses, de la voix off, des variations de rythme et parfois du split screen pour restituer la coexistence du travail minutieux, de la fête et de la mélancolie. Le résultat se situe à la frontière du biopic, du film d’artiste et du grand mélodrame contemporain.
Visuellement, le film s’adresse autant aux amateurs de mode qu’aux cinéphiles attirés par un cinéma d’atmosphère et de sensations. Les spectateurs sensibles aux grands portraits d’artistes, aux fresques seventies et aux œuvres où la forme épouse le sujet trouveront ici un univers proche de certaines évocations du star system par Scorsese, mêlé à une stylisation héritée de Visconti. La diffusion sur Disney+ permet à un public plus large de découvrir ce biopic singulier, situé aux antipodes d’une approche purement illustrative, et porté par une interprétation remarquée de Gaspard Ulliel.
Saint Laurent
Film | 2014
Sortie au cinéma : 24 septembre 2014
Sur Disney+ le 26 décembre 2025
Biopic, drame, romance | Durée : 2h37
De Bertrand Bonello | Avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Léa Seydoux, Louis Garrel, Amira Casar, Helmut Berger, Aymeline Valade
Nationalité : France
En retraçant dix années décisives de la vie d’Yves Saint Laurent à travers un geste de mise en scène très composé, Saint Laurent propose un regard à la fois sensible et stylisé sur la création, le désir, la fatigue et la fabrication d’une légende. Sa mise à disposition sur Disney+ offre l’occasion de redécouvrir un film qui interroge ce que signifie « être Saint Laurent », entre exigences de la haute couture et vertige d’une époque en pleine mutation.
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