Etats-Unis : violences au Capitole, que s'est-il passé ?

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 7 janvier 2021 à 11h23
Alors que le Congrès était réuni en session exceptionnelle, afin de certifier la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine, des centaines de manifestants d'extrême droite pro-Trump ont envahi le Capitole. Les parlementaires ont été évacués en urgence, quatre personnes sont décédées dans les violences engendrées par ce "coup d'Etat".

Des images surréalistes. Le Capitole, siège du pouvoir législatif américain, enfumé, envahi par une foule en colère. Des drapeaux confédérés, des drapeaux pro-Trump, des personnes déguisées, des parlementaires portant des combinaisons et des masques à gaz, des signes nazis et négationnistes... 

Des centaines de manifestants d'extrême droite ont envahi le Capitole le 6 janvier au soir, interrompant la certification parlementaire de la victoire de Joe Biden à l'élection présidentielle américaine. 

« Terroristes » tentant un « coup d'État » ou peuple « révolutionnaire » reprenant le pouvoir ? Les avis et les narrations divergent. Nombreux sont ceux qui se félicitent de ce coup d'éclat américain. Mais ils sont encore plus nombreux, ceux qui y voient une atteinte à la démocratie. 

Mike Pence, vice-président en exercice et président du Sénat, a fermement condamné ces actions. « Nous serons toujours reconnaissants aux hommes et femmes qui sont restés à leur poste pour défendre cet endroit historique. A ceux qui ont semé le trouble dans le Capitole aujourd'hui, vous n'avez pas gagné. La violence ne gagne jamais. La liberté gagne. Et c'est toujours la Maison du Peuple », a-t-il tweeté

Mike Pence avait déjà choisi de mener cette certification à son terme, en dépit des pressions exercées par Donald Trump. « J'espère que notre grand vice-président ne nous décevra pas. C'est un type formidable, mais s'il nous déçoit, je l'aimerai moins », avait lancé le président à la sortie d'un meeting en Géorgie lundi dernier. Dans une lettre publiée sur les réseaux sociaux, le vice-président a rappelé son rôle et le respect qu'il doit aux lois et à la Constitution de son pays, justifiant ainsi son choix de déclarer Joe Biden vainqueur de l'élection présidentielle lors de la session parlementaire du 6 janvier. 

Des violences extrêmes

Le jour de cette certification, des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis dans les rues de Washington. Galvanisés et encouragés par le président sortant, ils sont montés jusqu'au Capitole, qu'ils en ensuite pris d'assaut. Plus tard dans la soirée, Donald Trump appellera ses supporters à rentrer chez eux, un appel ignoré par une foule survoltée et en colère.

La police puis la Garde nationale devront intervenir pour faire évacuer et reprendre le contrôle du centre législatif. La police a ordonné l'évacuation de plusieurs bâtiments autour et la maire de Washington Muriel Bowser a imposé un couvre-feu à compter de 18h. Couvre-feu là aussi largement ignoré par les insurgés. La police de Washington annonce avoir arrêté 52 personnes, la plupart pour non-respect du couvre-feu.

Des engins explosifs artisanaux ont également été retrouvés et désamorcés aux abords du Capitole. Des gaz ont été utilisés dans l'enceinte du bâtiment pour faire fuir les manifestants violents, et les parlementaires ont été évacués à l'aide de masques à gaz et des forces armées.

Malheureusement, ces violences ont coûté la vie à quatre personnes. Une partisane pro-Trump, Ashli Babbitt, venue spécialement de Californie pour cette manifestation, est décédée après avoir été touchée par un tir de la police. Une femme et deux hommes sont également morts aux alentours du Capitole « d’urgence médicale distincte ». La police n'a pas donné plus de précision. D'autres personnes ont été hospitalisées, pour des problèmes allant de l’arrêt cardiaque à une chute d’un échafaudage qui se trouvait sur l’aile ouest du Capitole.

Donald Trump démis de ses fonctions ?

Cette situation incroyable pourrait bien coûter à Donald Trump ses derniers jours en tant que président. Ses encouragements, puis son incapacité à calmer les manifestants provoquent une fois de plus la colère des personnalités politiques américaines. Des élus démocrates et républicains se sont réunis en urgence afin de réfléchir à une mise en œuvre du 25e amendement

Mais qu'est-ce que le 25e amendement ? Ce texte de loi prévoit une procédure de mise en accusation et de destitution d'un président en exercice, de façon temporaire ou définitive, lorsque la situation est jugée nécessaire, et dans des circonstances extraordinaires. La Constitution américaine considère que ces situations extraordinaires ont lieu lorsque le président démissionne, s’il est frappé d’incapacité ou d’invalidité

Une procédure permet également de démettre le président de ses fonctions, si le vice-président et une majorité du gouvernement estiment qu’il ou elle est « incapable de s’acquitter des pouvoirs et devoirs » de la fonction. Si le président conteste cette décision, il revient au Congrès de trancher la question, par un vote devant cumuler les voix des deux tiers des deux chambres.

Les élus américains dénoncent un « comportement erratique » et une instabilité mentale pour justifier l'usage du 25e amendement à l'encontre de Donald Trump. Plusieurs sénateurs craignent également d'autres dérapages et violations de la loi. Ce n'est pas la première fois que la santé mentale du 45e président des États-Unis est remise en question. Durant son mandat, plusieurs psychologues, médecins et personnalités politiques ont jugé Donald Trump incapable d'assumer des fonctions présidentielles.

Ainsi, Donald Trump pourrait être démis de ses fonctions avant la fin officielle de son mandat. Il est cependant peu probable que la procédure soit lancée, à seulement 13 jours de la passation de pouvoir avec Joe Biden.

Beaucoup plus tard, les parlementaires ont pu reprendre leur session. Joe Biden a reçu sa certification en tant que 46e président des États-Unis, à 306 voix contre 232. Donald Trump a promis une « transition ordonnée le 20 janvier », même s'il assure vouloir continuer le combat contre ces résultats auxquels il n'adhère toujours pas.

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