Pour le grand public contemporain, l'Enfer de la Bibliothèque s'entend comme une légende, un fantasme, le territoire majeur de l'interdit qui alimente en retour toutes les curiosités. Mais l'écart est grand entre ce mythe et la réalité. Aussi l'ambition de l'exposition que la BnF consacre à cette part obscure de ses collections consiste-t-elle à lever le voile sur la vérité de l'Enfer.
Il convient d'abord de retracer l'histoire, pleine de surprises, de la constitution de ce lieu abstrait, mental - une « cote », un numéro de classement qui le désigne à la consultation « réservée » -où sont rassemblés textes et images réputés contraires aux bonnes mœurs. L'exposition propose un double parcours.
L'un concerne l'histoire : comment l'Enfer s'est-il constitué au département des Imprimés et au département des Estampes ? Comment a-t-il évolué ?
Le second propose une déambulation à travers le contenu de l'Enfer : quels sont les livres, les documents, les images que l'on a classés là ? Ces parcours à travers la littérature telle qu'elle n'est pas enseignée vont à la rencontre d'un monde imaginaire où les personnages obéissent à toutes les fantaisies du désir, où l'excès de la parole devient pamphlétaire et le discours politique, pornographique. Ce monde c'est celui de l'anonymat, du pseudonyme, des fausses adresses, des dates trompeuses, des éditeurs clandestins, des lieux clos, celui des couvents, des boudoirs, des bordels, des prisons mais aussi des bibliothèques. Des écrivains tels que Sade, Apollinaire, Louÿs, Bataille et quelques autres en sont les acteurs à jamais anonymes de la célébration de l'érotisme et du sexe entre le XVIe et le XXesiècle. Une large place est offerte aux premières manifestations de la photographie pornographique et de même sont exposées les estampes japonaises entrées à la Bibliothèque grâce à la générosité des premiers collectionneurs occidentaux.
Prolongation jusqu'au 22 mars 2008.
Exposition interdite aux moins de 16 ans.
©Philippe Lefay/BnF
7 euros TR:5 euros