Loi Sécurité globale et précarité : 95 interpellations et 67 membres des forces de l'ordre blessés

Par Julie de Sortiraparis, Cécile de Sortiraparis · Photos par · Publié le 6 décembre 2020 à 12h58
Plus de 90 cortèges ont défilé partout en France ce samedi 5 décembre 2020, pour protester contre la loi Sécurité globale et pour lutter contre la précarité. A Paris, la manifestation est partie de la Porte des Lilas à 14 heures. Plusieurs débordements ont éclaté sur les parcours des différents cortèges. Au total en France, la place Beauvau fait état de 95 personnes interpellées et 67 policiers et gendarmes blessés, dont 48 à Paris.

De nouvelles manifestations s'organisent en France contre la loi Sécurité globale. Plus de 90 cortèges avaient prévu de marcher dans les villes de France ce samedi 5 décembre 2020, dont un à Paris, qui part de la Porte des Lilas pour arriver place de la République. Ces manifestations convergent avec celle organisée par la CGT, en soutien aux chômeurs et aux personnes en situation de précarité. Une marche solidaire, baptisée « marches des libertés et des justices » puisqu'elles sont organisées « en convergence avec les actions menées dans le cadre de la journée nationale contre le chômage et la précarité », rapporte LCI.

Des milliers de Français s'unissent, partout sur le territoire, pour protester contre la loi discutée au Parlement, et surtout contre l'article 24 : celui qui stipule que l'image des policiers ne peut être diffusée. Un texte qualifié de liberticide : de nombreux manifestants y voient une atteinte « à la liberté de la presse, à la liberté d'expression et à la liberté de manifester », et un « outil de surveillance de masse. »

Cette loi intervient également dans un contexte violent, où de nombreuses images de policiers tabassant des civils et des journalistes sont découverts chaque semaine sur les réseaux sociaux.

Emmanuel Macron, lors de son entretien pour Brut, a adressé ce problème de violences policières, dans une tentative d'apaisement. S'il a reconnu que certains policiers avaient pu se montrer violents, il réfute l'usage de ce terme : « Je n'ai pas de problème à répéter le terme de violences policières, mais je le déconstruis », car « c'est devenu un slogan pour des gens qui ont un projet politique », notamment « l'extrême gauche », a-t-il dit.

Le président de la République refuse également d'entendre parler de lois liberticides : « Je ne peux pas laisser dire qu'on réduit les libertés en France. C'est un grand mensonge. On n'est pas la Hongrie ou la Turquie. »

Peu convaincus, semble-t-il, par les promesses d'Emmanuel Macron, les manifestants se réunissent donc où ils le peuvent. À Bordeaux et Montpellier, les cortèges ne peuvent pas passer dans l'hypercentre de la ville. À Lyon, la manifestation doit se contenir sur la rive gauche. Ces restrictions sont prises en prévention d'éventuels débordements : lors des dernières marches, civils et policiers ont été gravement blessés.

La CGT, elle, mène comme chaque année sa marche solidaire pour lutter contre la précarité. Ce samedi, d'autres syndicats la rejoignent : la FSU, Solidaires, et les organisations de jeunesse FIDL, UNL, MNL et Unef se mobilisent, alors que la crise sanitaire et sociale aggrave un peu plus la situation des personnes précaires.

À Paris, la CPME appelle à "revoir les parcours des manifestations" afin de préserver les commerçants : "Les Parisiens en ont assez d'avoir à vivre et travailler le samedi dans une ambiance de guérilla urbaine" précise le communiqué publié samedi soir par le président de la CPME Paris et Ile de France. Il demande également au gouvernement de "faire le nécessaire pour que Paris n'ait pas à subir une nouvelle saison de violences qui impacterait très lourdement les petites et moyennes entreprises parisiennes." Pour rappel, plusieurs magasins, banques et deux enseignes Stéphane Plaza ont été vandalisés le 5 décembre 2020 dans la capitale.

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