Face aux critiques, la mairie de Paris préfère faire machine arrière. Au lendemain de l'annonce de la Mairie de Paris concernant sa proposition d'instaurer un confinement à Paris pour une durée de trois semaines, la municipalité parle désormais d'une simple "hypothèse", mal comprise par les observateurs.
Pour y voir plus clair, reprenons les faits. Alors qu'on s'attendait à un élargissement des mesures à échelle locale en France pour contrer l'épidémie de coronavirus, le Premier ministre Jean Castex donnait un temps de sursis aux 20 départements placés en vigilance renforcée dont l'ensemble des départements franciliens font partie. Ainsi, le gouvernement aura fixé au 6 mars la date décisive pour un éventuel reconfinement en week-end en Île-de-France. L'annonce est tombée à l'occasion d'une conférence de presse donnée ce jeudi 25 février 2021.
Le soir même de l'intervention du gouvernement, la Mairie de Paris annonçait par l'intermédiaire de son premier adjoint Emmanuel Grégoire vouloir prendre les devants. Lors d'une intervention sur France info, ce dernier confirmait que la mairie s'apprêtait à proposer un confinement de trois semaines au sein de la capitale auprès du préfet de Paris et de l'Agence Régionale de Santé. Une mesure qui, si elle est appliquée, pourrait s'étendre à la petite couronne à l'instar du port du masque en extérieur et du couvre-feu d'octobre.
Faute de précisions sur l'échelle de ce prétendu confinement (Paris intramuros, petite ou grande couronne, région Île-de-France), forcément, les détracteurs de la mairie de Paris n'ont pas manqué de tacler assidument l'équipe municipale sur les nombreuses imprécisions liées à la formulation de cette proposition. "Nous ne proposons pas de mettre en oeuvre le confinement à Paris. Mais nous pensons que la politique des demies-mesures, avec des résultats très contestables, est une forme de fin de cycle", justifie le premier adjoint au lendemain de l'annonce polémique. Simple proposition constructive, ou coup de poker politique ?
Dans l’hypothèse d’une poursuite de la dégradation de la situation au cours des prochains jours, des mesures de confinement le week-end apparaitraient insuffisamment efficaces, notamment au regard de leur impact social considérable. ⬇
— Emmanuel GREGOIRE (@egregoire) February 26, 2021
Dans ses déclarations explosives, Emmanuel Grégoire ne précisait rien sur la mise en place d'un confinement au-delà de la frontière de Paris... Mais l'induisait, en sous-texte. "Il n'a jamais été question de confiner uniquement Paris, cela n'aurait aucun sens", expliquait l'adjoint quelques heures après son passage sur Franceinfo.
Le confinement met en péril la vie éco & psychologique de milliers de personnes et ne doit pas devenir un enjeu de 2022. Il est inadmissible que cette situation extrême le soit devenue. Que les Français soient pris en otages dans ces circonstances ne rend pas honneur à la France. pic.twitter.com/fdmKsoDueH
— Rachida Dati ن (@datirachida) February 25, 2021
Un quiproquo qui se métamorphose en pain béni pour les détracteurs de la municipalité. "J'ai toujours défendu une vision régionale pour être efficace" souligne sur les réseaux Valérie Pécresse, présidente LR de la région Île-de-France. "Un confinement au niveau départemental est illusoire, car des millions de Franciliens se déplacent chaque jour entre les départements", explique l'élue. Le jeudi soir, Geoffroy Boulard, maire du 17e arrondissement sous la même étiquette préfère mettre en cause le premier adjoint. "Emmanuel Grégoire fait de la communication politicienne", dénonce l'élu, pointant du doigt le "coup politique" préféré à la seule santé des Parisiens.
Confinement à Paris : ”inacceptable”, l'opposition déplore un ”coup politique” de la part d'Hidalgo
Au soir de la conférence de presse du gouvernement ce jeudi 25 février 2021, qui officialisait la mise sous ”surveillance renforcée” de 20 départements français dont ceux situés en Île-de-France, le premier adjoint à la mairie de Paris Emmanuel Grégoire annonçait la volonté de la ville de proposer un confinement strict d'une durée de trois semaines, dans le but de freiner l'épidémie. L'opposition, en majorité à droite, accuse le manque de concertation et voit dans cette idée soudaine une ”manoeuvre politique” de la part de l'équipe d'Anne Hidalgo.
Taux d'incidence par département à Paris et en Île-de-France ce jeudi 25 février 2021
En France, la seconde vague de l'épidémie continue de progresser dans de nombreux territoires. Depuis le 16 janvier 2021, le couvre-feu est avancé à 18h au lieu de 20h. Les autorités sanitaires ont défini le taux d'incidence par département comme critère déterminant pour savoir si les mesures doivent être durcies, ou allégées. Pour faciliter la vie des Franciliens, voici la carte du taux d'incidence par département en région Île-de-France et à Paris du jeudi 25 février 2021, déterminée à partir des données de CovidTracker et de Data.gouv. La moyenne en Île-de-France atteint le seuil de 302 ce jeudi 25 février 2021.