Coronavirus : les transfusions de plasma finalement inefficaces contre la maladie selon l'OMS

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 9 décembre 2021 à 14h28
La transfusion de plasma, une solution efficace contre la Covid ? L'OMS s'est finalement prononcée contre le 6 décembre dernier après avoir analysé les données disponibles. Des données qui semblent indiquer que ces transfusions seraient inefficaces contre le virus, et n'éviteraient pas plus les formes graves et décès.

La transfusion de plasma est-elle LA Solution pour lutter contre la Covid ? Une question qui a divisé nombre de chercheurs, pendant plus d'un et demi, qui ont conduit plusieurs études sur le sujet, ayant pour chacune d'entre elles des résultats différents... et mitigés. On pense notamment à celle publiée dans la revue BMJ, en octobre 2020, arrivant à la conclusion que "le plasma de convalescence a montré une efficacité limitée". Un traitement moins puissant, selon nos confrères de Ouest France, mais plus "polyvalent", contrairement aux traitements par anticorps monoclonaux également à l'étude.

Le 6 décembre dernier, le couperet est tombé... L'Organisation mondiale de la santé s'est ainsi prononcée, dans un communiqué, contre l'utilisation du plasma sanguin issu d'anciens malades. La raison ? "Malgré ses promesses initiales, les données actuelles montrent qu'il n'améliore pas la survie et ne réduit pas la nécessité d'un respirateur artificiel, et qu'il est coûteux et long à administrer", ont ainsi expliqué les experts de l'OMS dans le British Medical Journal.

Une recommandation qui se base sur les résultats de 16 études au total, réalisées sur plus de 16 000 volontaires, tous atteints de formes légères à sévères du Covid. Ces résultats indiquent ainsi l'inefficacité des transfusions de plasma, mais "ont également noté plusieurs défis pratiques, tels que la nécessité d'identifier et de tester les donneurs potentiels, ainsi que de collecter, stocker et administrer le plasma du donneur, ce qui, selon eux, limite davantage sa faisabilité et son applicabilité". Une complexité qui en fait une mauvaise solution, à l'heure où vaccins et traitements sont désormais disponibles.

Pourtant, la transfusion de plasma était particulièrement prometteuse, à en croire une étude menée en Chine et publiée en avril 2020 dans la très respectée revue scientifique PNAS, Proceedings of the National Academy of Sciences. De quelle façon ? Grâce aux transfusions de plasma (et donc d'anticorps) de personnes d’ores et déjà guéries. Selon cette étude, les premiers essais réalisés par des chercheurs sur une dizaine de patients volontaires âgés de 34 à 78 ans ont eu des résultats particulièrement concluants.

Dans cette étude, les scientifiques ont également observé que les symptômes rencontrés chez les patients tests (toux, difficultés respiratoires, fièvre ou encore douleurs thoraciques) ont quasiment disparu chez certains, voire même complètement chez d'autres. À noter également que deux patients sous respirateurs artificiels ont aussi pu respirer à nouveau seuls, avec tout de même une canule nasale avec haut débit d'oxygène, et qu'un dernier n'a même plus eu du tout besoin d'aide pour respirer, le tout deux jours seulement après la transfusion. Des résultats concluants que l'étude a comparés avec d'autres impliquant des patients à l'état similaire, mais sans transfusion de plasma pour un contraste des plus flagrants.

Des résultats encourageants, certes, mais non représentatifs à ce moment, comme l'expliquait l'équipe de scientifiques chinois dans leur article. Mais un moyen de soulager les patients, ainsi que l'équipe médicale dans le flux de malades. En France, un essai clinique similaire de transfusion de plasma venant de personnes guéries a également été mené, comprenant 200 personnes guéries et 60 atteintes du Covid-19

Mais un traitement qui a des limites, non pas tant sur son efficacité sur les patients, mais dans son utilisation risquée concernant l'apparition de variants. Selon une étude de plusieurs chercheurs de l'Université de Cambridge, publiée dans la revue Nature, ce traitement, accompagné du Remdesivir, aurait été à l'origine de mutations du virus ayant conduit à ceux actuellement surveillés de près, similaire à la souche alpha. Il faudra donc se contenter des vaccins et traitements désormais autorisés par les autorités sanitaires.

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