Covid : l'usage de vitamine D en prévention préconisé par plusieurs experts en France

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 19 janvier 2021 à 11h46
La vitamine D, une protection à ne pas négliger contre la Covid-19 ? Alors que plusieurs études sont en cours sur le sujet, 73 experts ont appelé le 18 janvier, dans un communiqué publié par le CHU d'Angers, à la distribution massive de vitamine D auprès des populations les plus fragiles, en complément du vaccin et des gestes barrières, pour prévenir des formes graves de la maladie. Une mesure qu'ont déjà envisagée l'Écosse et l'Angleterre en novembre dernier.

La vitamine D, une alliée pour lutter contre la Covid ? Alors que plusieurs études tendent à montrer l'efficacité de la prise de ce complément pour lutter contre le coronavirus, 73 experts francophones, autour du professeur Annweiler, ont appelé dans un communiqué publié par le CHU d'Angers lundi 18 janvier 2021 à une distribution de masse, en complément du vaccin et des gestes barrières. Parmi ces 73 signataires, on compte la Société française d'endocrinologie, la Société française de pédiatrie, la Société francophone de néphrologie dialyse et transplantation, l'Association française de lutte antirhumatismale, la Société française de gériatrie et gérontologie ou encore la Société française d’endocrinologie et diabétologie pédiatrique.

Un appel qui précise bien que la vitamine D n'est pas "une arme du même niveau que la vaccination ou les gestes barrière", mais "un adjuvant utile pour contribuer à prévenir l’infection par le SARS-CoV-2, mais aussi, et surtout [pour réduire] le risque de formes graves de COVID-19, de passages en réanimation et de décès liés à ce virus", comme le rappellent nos confrères de France Bleu.

Une distribution massive de vitamine D que d'autres pays ont également envisagée, avant de la mettre en place. C'est le cas de l'Angleterre qui, selon nos confrères du Guardian, annonçait lundi 16 novembre 2020 être sur le point de distribuer massivement de la vitamine D a plus de 2 millions de Britanniques dans le but de prévenir des formes graves de la maladie, ainsi que de traiter les cas de coronavirus. Une distribution qui pourrait débuter début décembre, selon Matt Hancock, ministre britannique de la Santé, à nos confrères du Telegraph.

Et une idée qui faisait également son chemin à travers le monde... Ainsi, l'Écosse a également décidé, un peu avant l'Angleterre, de tenter l'expérience, avec des cures pour les personnes à risque, qui pourrait durer quatre mois. En France également, l'idée fait son chemin : "La vitamine D ne peut être considérée comme un traitement préventif ou curatif de l'infection due au Sars-CoV-2 ; mais en atténuant la tempête inflammatoire et ses conséquences, elle pourrait être considérée comme un adjuvant à toute forme de thérapie", expliquait ainsi l'Académie de médecine le 22 mai dernier. Une vitamine D qui, selon Jean-Marc Sabatier, docteur en biochimie et directeur de recherche au CNRS de Marseille, pourrait servir "de régulateur et contrebalance l'effet délétère du virus", comme il l'explique à nos confrères de France 3.

D'autres pays se penchent aussi sur la question, comme la Finlande, le Canada, l'Australie ou encore les États-Unis. Et à nos confrères de L'Express de rappeler que pendant son hospitalisation, en raison de la Covid, "Le président américain avait également pris du zinc et de la vitamine D" en complément du traitement qu'il a reçu, développé par Regeneron.

Produite naturellement par le corps humain après exposition au soleil, ainsi que dans certains aliments comme les poissons gras, le jaune d'oeuf ou encore certains champignons, la vitamine D fait l'objet de nombreuses études et autres essais cliniques en cours pour lutter contre l'épidémie de coronavirus. Une hormone (la vitamine D est bien une hormone) qui joue un rôle important dans le processus immunitaire, très utile l'hiver pour prévenir de différents troubles saisonniers, et qui pourrait, selon une étude parue dans la revue Jama, avoir une certaine importance pour se prémunir de la Covid. Et pour cause : l'étude a montré que, selon nos confrères du Figaro, "le risque d'être testé positif au Covid-19 était plus grand chez des personnes présentant une déficience".

Une déficience qui serait également un bon indicateur de mortalité au Covid, après qu'une autre étude publiée dans le Irish Medical Journal ait effectué une analyse transversale en Europe et déterminé que le "taux" de vitamine D au sein des populations pouvaient être liés au nombre de décès associé à la maladie. Pas de véritables preuves scientifiques, mais plutôt des relations de cause à effet qui font grincer des dents certains scientifiques... Selon le professeur Philippe Autier, chercheur à l'Institut Strathclyde de santé publique, il serait plus prudent d'attendre de vrais résultats : "On sait maintenant que la concentration de vitamine D dans le sang diminue fortement en présence d'un syndrome inflammatoire, qu'il soit aigu (comme dans le Covid-19) ou chronique", souligne-t-il. Et de poursuivre : "la question de savoir si ces faibles taux sont une cause ou une conséquence de la maladie n'est pas tranchée, après trois décennies de recherche pourtant très active". 

Une décision des autorités britanniques qui va également à l'encontre des recommandations de l'Institut national de santé du pays, qui expliquait en juin dernier que la supplémentation de vitamine D n'était pas préconisée pour le moment pour lutter contre la Covid-19, en raison de preuves insuffisantes de son efficacité contre la maladie. Une recommandation reconduite plusieurs mois plus tard, en septembre. Ne reste plus qu'à attendre les résultats d'études randomisées, actuellement en cours.

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