Le Tocilizumab, le traitement anti-Covid qui réduirait fortement la mortalité selon Recovery

Par Laurent de Sortiraparis, Manon de Sortiraparis · Publié le 13 février 2021 à 12h17
L'université d'Oxford a dévoilé jeudi 11 février les résultats de l'essai clinique Recovery sur le Tocilizumab, un médicament habituellement utilisé en rhumatologie, utilisé ici dans le but de réduire le nombre de patients atteints de la Covid en réanimation. Et ceux-ci sont particulièrement encourageants, faisant écho à ceux de l'essai clinique mené par l'AP-HP en avril 2020. On fait le point !

Une bonne nouvelle dans la recherche d'un traitement contre la Covid ! L'université d'Oxford a indiqué dans un communiqué avoir publié les premiers résultats de l'essai clinique Recovery, jeudi 11 février, autour du Tocilizumab, un médicament à base d'anticorps monoclonaux habituellement utilisé en rhumatologie. Un traitement qui, selon ces résultats, réduirait drastiquement le risque de mortalité pour les patients en réanimation ayant contracté une forme grave du virus, leur évitant d'être sous respirateur artificiel. Des résultats plus complets doivent également être publiés prochainement.

Au total, depuis le mois d'avril 2020, 2022 patients ont reçu ce traitement, en intraveineuse, dans le cadre de l'essai Recovery. Ce groupe, faisant partie d'un essai randomisé contrôlé, a été comparé à 2094 autres patients, traités avec un autre produit dont l'efficacité a déjà été établie par Recovery, la dexaméthasone. Et les résultats sont particulièrement éloquents : seuls 29% de décès ont été constatés pour le groupe sous Tocilizumab, contre 33% pour le groupe sous dexaméthasone. Les chercheurs vont même plus loin : en combinant les deux traitements, celui-ci "réduit la mortalité d’un tiers pour les patients ayant un simple besoin d’oxygène et de 50% pour ceux sous assistance respiratoire", expliquent-ils.

Une étude qui a également des précédents. En France, l'AP-HP dévoilait également en avril 2020 les premiers résultats d'un essai clinique mené dans 13 centres hospitaliers en France. Plusieurs hôpitaux avaient en effet développé un traitement prometteur autour de cette molécule, permettant de réduire l'emballement immunitaire des patients infectés. C'est cet emballement qui serait, en effet, responsable d'un grand nombre d'entrées en soins intensifs. 

"Afin d'aider à réguler l'action immunitaire et favoriser la réaction inflammatoire de l'organisme, réponse naturelle à une agression, le système immunitaire fabrique et libère des molécules appelées cytonikes. Pour autant, lorsque le système immunitaire s'emballe, ces molécules sont sécrétées en trop grande quantité et provoquent une réaction hyper-inflammatoire. », expliquait le service de médecine de l'hôpital Foch. "Cet emballement immunitaire peut ensuite être à l'origine de détresses respiratoires, qui nécessitent un accès en réanimation.

Pour tenter de contrer cet emballement immunitaire, l'essai clinique mené dans 13 hôpitaux et coordonné par l'AP-HP et l'INSERM a été réalisé sur 129 patients hospitalisés en raison d'une infection moyenne ou sévère au Coronavirus, "mais ne nécessitant pas de réanimation au moment de l'admission." Parmi ces patients, 65 ont reçu un traitement habituel accompagné de Tocilizumab, un médicament habituellement utilisé en rhumatologie pour diminuer l'inflammation dans le cas de certaines maladies comme la polyarthrite rhumatoïde; et les 64 autres n'ont bénéficié que du traitement habituel.

L'utilisation du Tocilizumab a permis d'observer chez les malades traités une nette réduction du recours à la ventilation mécanique, en comparaison aux patients qui ne l'avaient pas reçu. En effet, les médecins ont évalué le pourcentage de patients atteints du Coronavirus entrés en réanimation ou décédés. Ce taux "a baissé de façon significative" chez ceux ayant pris du Tocilizumab, se réjouissait le professeur Olivier Hermine, hématologue à l'hôpital Necker et coordinateur de cet essai appelé Corimuno-19. 

Des résultats très encourageants, surtout que le traitement au Tocilizumab provoque peu d'effets secondaires et est très bien toléré. "Ces résultats devraient être confirmés de manière indépendante par des essais supplémentaires", a précisé l'APHP dans son communiqué publié lundi 27 avril 2020. Deux jours plus tard, le 29 avril, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran estimait, sur FranceInfo, que le Tocilizumab était "une piste qui est intéressante, sérieuse", mais "pas suffisamment étayée encore pour pouvoir crier cocorico et considérer que nous aurions un traitement pleinement efficace." 

"Je prends cela comme un signe d'espoir. Attention, parce que vous savez, je suis comme les Français, quand on me dit qu'un médicament fonctionne je me dis super, on a enfin quelque chose qui marche. [Mais] j'ai déjà été plusieurs fois déçu par les études lorsqu'elles étaient complètes et sur un nombre de malades suffisant. J'ai demandé à des comités de relecture scientifique de vérifier que toutes ces données nous permettaient de poursuivre dans la bonne direction.", avait-il expliqué.

À noter que cette étude devra être analysée dans son intégralité pour que les autorités sanitaires puissent autoriser sa prescription.

Informations pratiques
Commentaires
Affinez votre recherche
Affinez votre recherche
Affinez votre recherche
Affinez votre recherche