Changement climatique à Paris : canicules, crues, inondations... les prévisions de plusieurs experts

Par Caroline de Sortiraparis · Photos par My de Sortiraparis · Publié le 22 septembre 2021 à 12h14
Le réchauffement climatique constaté partout dans le monde n’est pas sans conséquence, même pour Paris. Selon une étude réalisée pour la Mairie de Paris, la capitale est de plus en plus menacée par le dérèglement du climat. Un changement qui pourrait entraîner davantage d’inondations et de crues, mais aussi de vagues de chaleur, de nuits tropicales ou encore de sécheresse. Décryptage.

À quelles catastrophes climatiques faut-il s’attendre à Paris dans les années à venir ? C’est un sujet sur lequel s’est penché un cabinet de conseil danois. Pour la Mairie de Paris, le cabinet Ramboll a réalisé une étude sur les conséquences et les effets du dérèglement climatique sur la capitale. Le rapport a été dévoilé ce 22 septembre 2021 par nos confrères du Monde. Pour avoir les prévisions les plus fiables possible, le cabinet s’est basé sur les données du Giec, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, mais aussi sur celles de Météo France.

Et ce qu’il en ressort ne fait pas sourire. Bien au contraire. « Le cap symbolique des 2 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle est désormais franchi à l’échelle du territoire parisien », explique le rapport. Aussi, selon ces experts, le dérèglement climatique risque d’entraîner à Paris davantage de vagues de chaleur. Annoncées comme plus « longues » (elles pourraient s’étendre du printemps à l’automne), ces vagues de chaleur devraient aussi être plus « fréquentes et sévères ». Actuellement, on compte à Paris 14 jours par an à plus de 30°. Selon ce rapport, ce chiffre pourrait grimper à 22 jours en 2050, et 34 jours en 2085.

Avec de telles températures, les conséquences sont nombreuses, et constituent tout d'abord un « risque sanitaire majeur », rappellent ces experts. On pense notamment à la déshydratation, ou bien à des problèmes cardio-vasculaires accrus. Pour rappel, la canicule de 2003 avait provoqué une surmortalité estimée à 1 000 décès uniquement à Paris.

Mais de fortes chaleurs auront aussi des impacts sur le système électrique de la ville, considéré comme « très vulnérable aux épisodes caniculaires ». Comme le souligne Le Monde, lors de la canicule de 2020, environ 237 000 Franciliens avaient été victimes de coupures de courant. L’utilisation massive des climatiseurs avait d’ailleurs aggravé la situation.

Plusieurs jours à plus de 40° pourrait aussi fait fondre le bitume, forçant les autorités à fermer plusieurs routes. C’est notamment ce qu’il s’est passé cet été dans l’Ouest canadien, en raison du Dôme de chaleur.

Aussi, pour éviter le pire, la Ville de Paris tente de s’adapter. « L’étude de Ramboll prouve d’ores et déjà l’urgence de passer de la ville d’Haussmann à celle du XXIe siècle, avec moins de béton et plus de vert », a confié au Monde, Célia Blauel, l’adjointe d’Anne Hidalgo chargée de la prospective et de la résilience. « Nous avons déjà agi, par exemple en végétalisant de nombreux espaces ou en multipliant les îlots de fraîcheur accessibles lorsqu’il fait très chaud, les lieux de baignade, par exemple. » a-t-elle ajouté.

Autre conséquence du changement climatique à Paris ? Les inondations qui devraient elles aussi se multiplier et provoquer la pagaille dans la capitale. Ainsi, selon le cabinet Ramboll, 450 000 logements et 100 000 établissements dans la région pourraient être inondés. La Mairie de Paris précise que 14 arrondissements sur 20 sont potentiellement concernés par une crue ou une inondation.

D’importantes crues, comme celle de 1910, pourraient aussi entraîner la fermeture de la plus de la moitié du métro, et de la majeure partie des ponts. Passer d’une rive à l’autre serait alors impossible, sauf en empruntant le boulevard périphérique. Lors de la crue de la Seine en 2016, la circulation du RER C avait d’ailleurs été interrompue pendant plusieurs jours.

Les experts n’oublient pas non plus d’évoquer le système électrique qui risquerait lui aussi d’être fortement touché avec de telles inondations, tout comme le réseau de chaleur de Paris ; un réseau qui permet de chauffer 20 % des bâtiments parisiens.

Enfin, la question du manque d’eau potable est aussi abordée, dans la mesure où plusieurs usines de traitement se trouvent en zone inondable.

Dernier point évoqué dans ce rapport, les impacts du changement climatique sur la biodiversité à Paris. Selon l’agence régionale de la biodiversité, un quart des oiseaux ont disparu en Île-de-France en l’espace de quinze ans seulement, tandis que le nombre de moineaux a chuté de 73 %. Et le rapport se veut alarmiste. Selon les experts, le déclin de la biodiversité « ne devrait pas être enrayé à l’horizon 2050, ni en fin de siècle ».

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