Archéologie : 1 200 tombes du Moyen-Âge découvertes près de l'aéroport de Roissy

Par Cécile de Sortiraparis · Publié le 5 mars 2021 à 12h05
Cette découverte met en émoi la communauté archéologique : 1 200 tombes datant du Moyen-Âge ont été mise au jour par une équipe d'archéologues à Tremblay-en-France, près de l'aéroport de Roissy. Un tel site est « une rareté en Ile-de-France et même en France. »

C'est une découverte majeure pour les archéologues du bureau d'études privé Éveha : l'équipe de fouilles qui travaillait dans le quartier du Vieux-Pays, à Tremblay-en-France, près de l'aéroport de Roissy, a mis au jour une nécropole de plus de 1 200 tombes datant du Moyen-Âge. 

Sur ce chantier de cinq hectares qui devait accueillir un bassin de rétention d'eaux pluviales dans la zone d'activités Aérolians, les archéologues ont découvert un trésor d'une rareté et d'une valeur inestimable. 

Avec cette découverte, Tremblay est devenue « l'un des plus hauts lieux funéraires de France », selon les mots de Cyrille Le Forestier, archéo-anthropologue à l'institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).

Le Parisien a pu interroger la responsable de cette opération de fouilles. Aurélie Mayer est ravie de pouvoir présenter de tels résultats. « En quinze ans, j'ai eu la chance de participer à de très beaux chantiers, et celui du bassin de rétention restera sans conteste l'un des plus importants. C'est une rareté en Île-de-France et même en France de mettre au jour une nécropole de cette ampleur et de pouvoir la fouiller en intégralité »,  s'enthousiasme l'archéologue.

Cette nécropole serait reliée à un village datant des VIe-XIIe siècles, village qui avait fait l'objet d'études en 2014 et 2015. Dans ce nouveau site archéologique, les scientifiques ont découvert des tombes remontant à la période mérovingienne (VI au VIIIe siècle). On y trouve de nombreux objets et mobiliers qui facilitent la datation de ces tombes. « Les fibules, les perles, les boucles de ceintures, les armes… : nous connaissons assez bien la façon dont elles évoluent au fil du temps », explique Aurélie Mayer.

Les 1 200 sépultures et leurs occupants ne datent cependant pas tous de la même période : c'est un travail de longue haleine sur trois ans qui attend les archéologues, pressés de pouvoir étudier toutes ces découvertes. « On reste un peu sur notre faim quant à l'état de conservation des os, très variable, révèle la responsable du chantier. Comme toutes les nécropoles des périodes mérovingiennes, beaucoup de mobiliers archéologiques accompagnent les défunts. Mais ces sépultures ont souvent été pillées. »

Lors du travail préliminaire à la fouille, l'équipe avait sondé 10% du terrain et recensé une quarantaine de tombes. La surprise fut donc de taille lorsque plus de 1 200 sépultures se sont révélées à eux. 

Pour les experts, des nécropoles de cette taille ne seraient pas rares en France. « L'occupation du village s'étendant sur cinq ou six siècles, il pourrait y avoir dix fois plus de tombes. Si la nécropole est complète, cela voudrait dire que seules une à deux personnes y étaient enterrées chaque année », explique Cyrille Le Forestier. Si la découverte de tels lieux n'est pas commune, c'est que bien souvent, les chantiers de fouille se limitent à quelques milliers de mètres carrés. « On ne fouille pas les nécropoles en une seule fois », précise l'archéo-anthropologue.

On ne sait combien de temps ce chantier de fouilles va durer. À l'origine, les travaux étaient menés pour accueillir un projet d'aménagement écologique et paysager, mené par Grand Paris Aménagement et le territoire Paris Terres d'envol. Ce projet va nécessairement accuser du retard.

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