Covid-19 : Le Brésil suspend les essais cliniques du vaccin de Sinovac

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 14 novembre 2020 à 17h49
Alors que Pfizer et BioNTech ont annoncé que leur vaccin contre la Covid-19 avec un taux d'efficacité de 90%, lundi 9 novembre, le Brésil se voit quant à lui contraint de suspendre ses essais cliniques autour du vaccin de Sinovac Biotech après un "incident grave". Un incident qui, selon l'Agence de vigilance sanitaire, pouvait aboutir à la mort.

Le vaccin contre la Covid-19 de Sinovac dans la tourmente ? Après que Pfizer/BioNTech aient annoncé des résultats plutôt encourageants, avec un taux d'efficacité de 90% pour son vaccin, le Brésil a annoncé en revanche suspendre les essais cliniques du vaccin développé par la Chine, par le laboratoire Sinovac Biotech, en raison d'un "incident grave" constaté chez plusieurs volontaires le 29 octobre 2020.

Aucun détail n'a pour le moment été fourni par l'Anvisa, l'Agence de vigilance sanitaire, mais celle-ci a tout de même indiqué que ce genre d'incident pouvait entraîner de lourds effets secondaires ou fatals, comme une invalidité grave ou d'autres "événements cliniquement significatifs", voire la mort dans certains cas. L'Institut Butantan, organisme public coordonnant cet essai, s'est quant à lui dit "surpris" par cette suspension.

Une surprise également pour le gouvernement de l'État de São Paulo qui a annoncé dans un communiqué regretter "d'avoir eu connaissance de la décision par la presse, au lieu d'en avoir été informé directement par l'Anvisa ". "Les responsables du gouvernement de l'État craignent que Bolsonaro utilise des décisions techniques pour retarder le calendrier de vaccination pour des raisons politiques", redoute également plusieurs proches du gouverneur de São Paulo, João Doria, journal Folha de São Paulo.

Une suspension qui tombe effectivement assez mal, dans un pays où ce vaccin en test fait polémique aux plus hautes sphères de l'État brésilien. Une véritable bataille politique, même, entre son défenseur, João Doria, et le Président d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui tente plutôt de promouvoir celui du laboratoire AstraZeneca, développé en collaboration avec l'Université d'Oxford.

Une bataille politique qui se transforme même en guerre commerciale... Et pour cause : en octobre dernier, le Président brésilien a fait annuler l'achat record de 46 millions de doses du vaccin de Sinovac, pourtant annoncé en grande pompe par son ministre de la Santé. Et d'assurer que le Brésil n'allait "pas acheter un vaccin qui n'intéresse personne", jugeant la Chine responsable de la prolifération du coronavirus.

Mais qu'à cela ne tienne : lundi 9 novembre, João Doria a de nouveau assuré que 120 000 doses étaient en chemin pour São Paulo, pour arriver le 20 novembre. Et à nos confrères du Point de rappeler qu'un accord avait été signé entre le groupe pharmaceutique et l'État de São Paulo, avec l'acquisition à la clé de "46 millions de doses (6 millions produites en Chine, les autres au Brésil)".

À noter que plusieurs autres essais cliniques ont également été suspendus, dont celui d'AstraZeneca, qui a repris quelques jours plus tard au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Le dernier en date, celui de Johnson & Johnson, est toujours suspendu.

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