Vaccin contre la Covid : la campagne, c'est parti !

Par Cécile de Sortiraparis, Laurent de Sortiraparis · Publié le 27 décembre 2020 à 13h47
La campagne de vaccination contre la Covid-19 a débuté ce dimanche 27 décembre en France. Une femme de 78 ans a été la première personne vaccinée en France contre le coronavirus, à l'hôpital René-Muret de Sevran, en Seine-Saint-Denis.

Elle s'appelle Mauricette et elle a 78 ans : elle est la première Française à s'être fait vacciner contre la Covid-19. « Je suis émue », a déclaré cette ancienne aide ménagère à une journaliste de l'AFP. Mauricette a été vaccinée vers 11h au sein de l'unité de soins de longue durée de l'hôpital René-Muret de Sevran. Une vingtaine de personnes âgées et de soignants doivent être vaccinés ce même jour lors du lancement symbolique de la campagne vaccinale française, à Sevran (Seine-Saint-Denis) puis Dijon.

Après la retraitée, c'est le Dr Jean-Jacques Monsuez, un médecin cardiologue de 65 ans exerçant à l'hôpital René-Muret, qui a été vacciné. Le soignant a annoncé qu'il avait une pensée « pour tous ceux qui ont laissé leur peau dans ce truc-là » lorsqu'il a reçu son injection.

Les premières doses du vaccin développé par Pfizer et BioNTech, baptisé COMIRNATY, circulent en France et seront bientôt administrées aux personnes vulnérables, conformément au plan de vaccination du gouvernement.

Un processus d'autorisation long

L'Europe peut désormais vacciner contre la Covid ! La Commission européenne a annoncé le lundi 21 décembre 2020 au soir avoir validé la mise sur le marché du vaccin de chez Pfizer, après que celui-ci ait été approuvé dans la journée par l'Agence européenne du médicament. Une validation considérée comme la toute dernière étape pour permettre aux pays européens de lancer leur campagne de vaccination.

"C'est un moment décisif dans nos efforts pour procurer un vaccin sûr et fonctionnel aux Européens", expliquait de son côté Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, quelques minutes avant l'annonce de la décision de cette même Commission. Depuis ce soir, donc, les pays de l'Union européenne peuvent dès à présent vacciner leurs habitants. Des campagnes qui devraient être lancées partout en Europe dès le 27 décembre, comme l'expliquait le ministre allemand de la Santé Jens Spahn il y a plusieurs jours.

En France, la campagne de vaccination a débuté dès le 27 décembre, à la condition que la Haute autorité de Santé donne également son feu vert : chose faite depuis ce jeudi 24 décembre 2020. Le Premier ministre Jean Castex n'a pas manqué d'exprimer son enthousiasme envers cette décision européenne historique : "À tous les sceptiques, à tous ceux qui en doutaient, l'Europe a montré qu'elle était bien plus qu'un grand marché : une communauté de destin. C'est sa singularité, et c'est notre force face à la crise", a-t-il ainsi tweeté.

Les premiers vaccins en France ont donc été injectés dès dimanche 27 décembre dans les Ehpad. L'objectif du gouvernement est d'atteindre le million de vaccinés en Ehpad en janvier 2021. La deuxième phase devrait toucher 14 millions de personnes considérées à risques (« plus de 75 ans, puis de 65 à 74 ans, puis aux professionnels de la santé et du médico-social âgés d'au moins 50 ans ou présentant des comorbidités », expliquait Jean Castex). Enfin viendra le tour du reste de la population, avec en priorité les 50-64 ans, les personnels de sécurité, d'éducation, les personnes vulnérables et précaires. Cette troisième phase se tiendra au printemps 2021.

Craintes et espoir

Beaucoup de sentiments conflictuels entourent ce vaccin. D'un côté, on craint les effets secondaires, les conditions difficiles de conservation de l'injection, et l'évolution de la maladie. En effet, avec la découverte d'une souche mutante du Covid-19 au Royaume-Uni se pose la question de l'efficacité du vaccin. « Pour le moment, il n'existe aucune preuve suggérant qu'il ne soit pas efficace contre la nouvelle variante », tempère Emer Cooke, la directrice générale de l'Agence européenne des médicaments (EMA) dans le Parisien.

Olivier Véran, ministre de la Santé, expliquait également aux députés que « le vaccin Pfizer requiert un stockage à −80 °C. Dès qu'on l'a décongelé, on a cinq jours pour vacciner et il ne supporte pas plus de douze heures de transport avant l'injection ». D'où l'importance d'une campagne de vaccination méticuleusement préparée à l'avance, pour éviter de gâcher des doses de vaccin.
 
Malgré ces difficultés, l'arrivée du vaccin en France réjouit les experts. Autorisé pour un an, sous réserve qu'il soit observé de près, le vaccin Pfizer/BioNTech apparaît comme le sauveur de l'Europe :  « Sans vaccin, on ne peut pas s'en sortir, la situation est vraiment critique. Ce vaccin, même si on manque d'un petit recul sur la durée de l'immunité qu'il confère, trois ou six mois, c'est une première arme qui tombe au bon moment », se réjouit l'expert en virus du CNRS Etienne Decroly.
 
Malgré les effets secondaires notés, la réalisation et l'efficacité de ce vaccin sont impressionnantes : conçu en seulement huit mois, il affiche une efficacité à 95%, soit les mêmes résultats que les vaccins contre la rubéole et la rougeole. Pfizer est aussi près de deux à trois fois plus efficace que le vaccin contre la grippe.
 
Attention cependant : la campagne de vaccination ne nous permettra pas d'éviter une troisième vague d'épidémie, et donc potentiellement un troisième confinement. « Avec les vacances et le brassage des générations à Noël, on s'attend à l'arrivée d'une troisième vague à la fin de la première semaine de janvier », alerte Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille (Nord). Les effets de la vaccination sont un peu longs à se mettre en place « car il faut deux injections et 21 jours d'intervalle entre les deux ». « Et l'apparition des premiers anticorps ne survient qu'après dix jours, mais cela peut grandement aider quand même à éviter une quatrième vague », conclut-il.
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