Covid : seul un quart des doses de vaccin AstraZeneca reçues ont été utilisés en France

Par Laurent de Sortiraparis · Publié le 3 mars 2021 à 17h09
Selon le data scientifique Guillaume Rozier, qui a analysé les données accessibles sur les livraisons de vaccins contre la Covid, seules 275 000 doses du vaccin AstraZeneca ont été utilisées, alors que la France en a reçu plus d'1,1 million, soit 25% de la totalité des vaccins disponibles. Et pourtant, la campagne vaccinale peine à s'accélérer. Pour quelle raison ? On fait le point.

Une bien curieuse information à l'heure où les vaccins contre la Covid viennent à manquer et les vaccinations à avancer lentement... Selon les données récoltées par le data scientifique Guillaume Rozier, puis diffusées sur Twitter, seuls 25% des doses disponibles du vaccin AstraZeneca ont été utilisées pour le moment, soit 275 000 sur les 1 137 000 livrées à ce jour. Un chiffre qui étonne à l'heure où beaucoup de personnes admissibles à la vaccination n'arrivent toujours pas à prendre rendez-vous pour recevoir leur dose, celles-ci manquant dans les centres.

Une déclaration qui ne fait pourtant pas mystère, puisque le ministère de la Santé l'avait annoncé lors de son point presse tenu le 2 mars dernier : "Sur AstraZeneca, il y a une situation qui est particulière : nous sommes dimanche soir à 24-25 % de consommation des stocks", a ainsi indiqué Olivier Véran. Un écart surprenant qui trouve pourtant son explication par plusieurs points. La première de toute, celle du manque de données sur le vaccin qui, bien qu'il ait été approuvé par les régulateurs européens et français, laissait planer le doute sur son efficacité pour les personnes de plus de 65 ans et retardant sa diffusion sur le territoire.

Pourtant, depuis, une nouvelle étude menée sur la question par les universités écossaises d'Édimbourg et de Glasgow est venue donner plus de précisions sur cette efficacité, allant même au-delà des espérances puisqu'en plus d'être efficace sur cette catégorie de la population, le vaccin les protège même mieux. Au point de pousser la Haute Autorité de Santé à revoir ses recommandations le 2 mars. Une distribution qui devrait donc s'accélérer dans les prochains jours, comme le promet le ministère.

Autre point expliquant cet écart, les effets secondaires, plus importants et plus nombreux. Bien qu'ils soient bénins pour la majorité des vaccinés, la récurrence de ceux-ci inquiète et oblige même les hôpitaux à revoir leur calendrier de vaccination, en espaçant l'administration des doses chez le personnel soignant pour éviter que trop de soignants tombent malades au même moment (le vaccin induisant une forte fièvre d'une durée d'un ou deux jours, conduisant souvent à un arrêt de travail).

Des problèmes d'acheminement des vaccins sont également évoqués pour expliquer ce trop peu de vaccins utilisés. Selon nos confrères du Parisien, certaines livraisons auraient pris du retard en raison de lots endommagés. Dernière raison évoquée : celle de la vaccination par les médecins. Seuls 19 000 - sur les 29 000 espérés par la Direction générale de la santé - se sont fait connaitre pour débuter les vaccinations et ont administré les doses prévues.

Pourquoi si peu de médecins se sont-ils manifestés ? En raison de leur charge de travail, déjà importante, les conduisant difficilement à ajouter la vaccination contre la Covid à leur planning. Une vaccination chronophage pour les médecins... Et pour cause, "il faut sélectionner les patients, les contacter, les faire venir, ils viennent surcharger notre patientèle", mais également les déclarer à la Sécurité sociale, comme l'indiquait un médecin généraliste de Marseille à nos confrères de France 2. Un processus long qui rebute certains d'entre eux.

Quoiqu'il en soit, la vaccination s'accélère en France. Pour rappel, à ce jour, plus de 3 millions de personnes ont reçu une première dose de vaccin. 

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