"Le sport n'est pas prioritaire dans notre société" affirmait Roxana Marcineanu le 22 avril 2020 au micro d'RMC Sport. Forcément, les représentants du sport français, en particulier dans le football, ne l'entendent pas de cette oreille. La Ligue de Football Professionnel (LFP), l'instance dirigeante des clubs de l'élite en France, à l'image de l'UEFA, son homologue européen, s'obstine avec les clubs à vouloir terminer "le plus rapidement" les saisons en cours, principalement pour des raisons économiques, alors même qu'aucun public ne sera autorisé à se rendre au stade avant le 15 juillet prochain. Les conditions sanitaires proposées par la LFP ne rassurent toujours pas les joueurs et leurs représentants, qui menacent d'un droit de retrait.
Avant tout, comme l'a déjà annoncé l'exécutif, le retour des joueurs sur les terrains d'entraînement est bien prévu par la Ligue à partir du 11 mai. Si les pelouses d'entraînement rouvrent, le protocole sanitaire pour une reprise du championnat fait débat parmi les acteurs du football français. Pour une très large majorité des joueurs, l'idée d'une reprise du championnat dans ces conditions s'entoure de "beaucoup d'incertitudes" comme l'a précisé Laurent Pionnier, secrétaire général de l'UNFP, le principal syndicat français des joueurs pro.
En réponse, la Ligue indique étudier attentivement les modalités du déconfinement par protocole sanitaire, afin d'assurer le retour à la compétition avant la fin de l'été. Parmi les mesures sanitaires sur la table, certaines ne manquent pas de culot ! On apprend par RMC Sport que l'objectif de ces mesures serait de limiter au maximum le risque de contamination entre coéquipiers et membres du staff. Par exemple, les médecins recommandent des séances d'entraînement individuelles dans un premier temps, pour ensuite repasser au collectif à partir du 29 mai.
Aussi, il faudra pour les clubs s'assurer d'une distance de sécurité de 4 mètres à l'effort, et de 2 mètres au repos. A l'entrée du centre d'entraînement, des tests seraient réalisés pour tout le monde, et le port du masque devrait être obligatoire. A chaque test positif, un isolement. Au bout de trois tests positifs : mise en quatorzaine pour l'ensemble du groupe ! Confirmation dès mardi, avec les annonces d'Edouard Philippe.
Par ailleurs, les joueurs demandent également une période de "réathlétisation" préalable à toute compétition, ainsi que des tests, comme base de travail sine qua none. Et encore, certains considèrent que ce n'est pas suffisant. Pour le moment, la question des tests semble pris en compte par l'instance et les clubs, qui réfléchissent ensemble à tester l'ensemble des pros, principalement en raison de leur obligation de sécurité vis à vis des sportifs qu'ils emploient. Mais rien sur cette période, dont la conséquence reste en contradiction avec la volonté de la LFP, qui souhaite à tout prix terminer les matchs de la saison 2019-2020.
Forcément, on a tendance à l'oublier, mais les joueurs de football d'élite sont des salariés comme les autres. Pour le moment, les professionnels de santé s'accordent sur le danger trop important que représenterait un retour trop hâtif à la compétition. Mais dans l'hypothèse d'un commun accord entre le gouvernement et la LFP, quelle garantie reste-t-il aux joueurs ? Sauf un droit de retrait, assez contestable juridiquement faute de jurisprudence, les clubs pourraient forcer leurs joueurs à retourner sur la pelouse. Va-t-on en arriver là ?
