Confinement le week-end à Paris : Hidalgo en pleine bataille médiatique avec le gouvernement

Par · Publié le 3 mars 2021 à 22h49
À peine une semaine après les déclarations polémiques de son premier adjoint Emmanuel Grégoire au sujet de la mise en place d'un confinement à Paris jusqu'à fin mars pour endiguer l'épidémie du Covid-19, la maire socialiste de Paris défend bec et ongles des propositions alternatives à celles avancées par l'exécutif et les autorités préfectorales. Quitte à engager un véritable bras de fer médiatique avec les représentants de la majorité présidentielle. Comme c'est le cas dans les Alpes-Maritimes ou à Dunkerque, le gouvernement entend reconfiner le week-end Paris et la région capitale, dans le rouge depuis plusieurs semaines au niveau des marqueurs de l'épidémie.

À quoi joue Anne Hidalgo avec le gouvernement ? Ce lundi 1er mars 2021, le préfet de police de Paris Didier Lallement, le directeur de l'agence régionale de Santé d'Île-de-France Aurélien Rousseau et le préfet d'Île-de-France Marc Guillaume ont présenté à la maire de Paris un scénario bien précis pour endiguer l'épidémie du Covid-19 et ses nouveaux variants dans la région capitale : confiner Paris et l'Île-de-France le week-end

Une solution qui ne convient pas à Anne Hidalgo, farouchement opposée au gouvernement en la matière. Et pour cause ! Petit rappel des couacs. Une semaine auparavant, face à la dégradation des marqueurs de l'épidémie et le placement en "surveillance renforcée" des départements franciliens, la maire socialiste mettait les pieds dans le plat par l'intermédiaire de son premier adjoint Emmanuel Grégoire et proposait à l'exécutif la mise en place d'un confinement de trois semaines à Paris -sans jamais évoquer les communes limitrophes et la région. Tollé sur les réseaux, montée au créneau de l'opposition, et vindicte générale : les jours suivants, l'équipe municipale affronte une déferlante médiatique, tantôt moqueuse, tantôt moralisatrice. 

Derrière, la mairie de Paris rétropédale et évoque une simple "hypothèse", mal appréciée par les détracteurs malveillants. "Il n'a jamais été question de confiner uniquement Paris, cela n'aurait aucun sens...", se défend Emmanuel Grégoire sur Twitter quelques heures après ses déclarations polémiques. Sauf que l'épidémie du Covid-19 n'a que faire des polémiques politiciennes, et qu'entre temps, l'exécutif menace de renforcer les mesures restrictives dès le 6 mars si la situation sanitaire se dégrade davantage. Avec dans ses bagages, l'ambition de faire à Paris comme à Dunkerque ou à Nice : confinement le week-end, couvre-feu la semaine. 

Riposte, contre-riposte

Mais Hidalgo ne se laisse pas faire. En pleine réunion, l'élue socialiste juge "inhumaine" la proposition du gouvernement, et riposte en mettant d'autres alternatives sur la table. "Plus on restreint les espaces publics et les temps d'aération pour les familles, moins on lutte contre le Covid" martèle la maire. Sans oublier de disséminer quelques conseils aux décideurs, comme donner la possibilité aux enseignants de faire cours en extérieur, dépister massivement et plus vite dans les écoles, ou encore accélérer la campagne de vaccination. Autant de pics à l'encontre de la politique menée par Matignon et l'Élysée en matière de lutte contre l'épidémie. 

Forcément, la réaction du gouvernement -toujours avide de tacles bien placés à l'encontre de la potentielle candidate socialiste pour 2022- ne s'est pas fait attendre. Au micro de Laurence Ferrari sur CNews, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal ne mâche pas ses mots, feignant la timidité. "Je ne vais pas prendre le risque de commenter une position de la mairie de Paris puisqu'on voit qu'elles évoluent. Il y a eu trois positions en trois jours" moque le jeune porte-voix. "D'abord on nous a dit il faut confiner complètement et strictement la ville de Paris, ensuite vendredi ce n'était finalement plus qu'une hypothèse et aujourd'hui, il n'en a jamais été question», enfonce-t-il. 

Même son de cloche chez le Premier ministre, qui dès le lendemain, au détour d'une réunion avec les parlementaires à Matignon, décoche ses flèches. "Si les alternatives qui sont envisagées par tel ou tel élu local sont excessives ou décalées, nous devons le dire", appuie le chef du gouvernement. Pour l'heure, élus locaux comme décideurs nationaux observent attentivement les chiffres de Santé publique France, et les sorties médiatiques de chaque camp. À la veille d'éventuelles annonces difficiles pour la capitale et sa région, la guerre médiatico-sanitaire entre l'Hôtel de Ville et l'Élysée bat son plein. Simple échauffement avant 2022 ? 


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