Éphéméride du 9 octobre à Paris : L'ouverture du Jardin d'Acclimatation au Bois de Boulogne

Par Manon de Sortiraparis · Publié le 11 octobre 2021 à 10h15
Le mardi 9 octobre 1860, le Jardin d'Acclimatation ouvre ses portes au bois de Boulogne. Rapidement, cet immense espace vert à vocation scientifique, divertissante et éducative, devient un lieu prisé des Parisiens qui viennent s'extasier devant des animaux et des végétaux exotiques, mais également des tribus venues de contrées lointaines. Essuyant de nombreux revers durant les différentes guerres, le Jardin d'Acclimatation devient, par la suite, un parc d'attractions où les familles aiment, encore aujourd'hui, s'amuser.

Le mardi 9 octobre 1860, un fabuleux jardin anglais à la française ouvre ses portes au public sous l'égide de Napoléon III et de l'impératrice Eugénie. Le Jardin d'Acclimatation, installé à l'entrée du bois de Boulogne, devient rapidement le lieu de toutes les balades et de toutes les découvertes pour les Parisiens qui viennent s'extasier devant ses merveilleux jardins et ses nombreux animaux exotiques ramenés des quatre coins du monde.  

1852. Voilà déjà une décennie que le bois de Boulogne subit de grandes transformations, suivant la volonté de l'Empereur Napoléon III d'utiliser à bon escient et remodeler cet immense "poumon vert" à l'orée de la capitale afin d'aménager un parc paysager selon le modèle des jardins anglais.

Aussi, le 26 mars 1858, la Société Impériale Zoologique d'Acclimatation obtient-elle de la Ville de Paris la concession d'un espace de quinze hectares en bordure nord du bois de Boulogne afin d'y installer un "jardin d'agrément et d'exposition d'animaux utiles de tous pays." 

Fondée le 10 février 1854 par le zoologiste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire et quelques amis, cette société savante a alors pour ambition de contribuer à l'introduction, l'acclimatation et la domestication d'espèces animales et végétales exotiques, ramenées des civilisations les plus lointaines, en recréant artificiellement leur milieu naturel.

Le Bois de Boulogne à vol d'oiseau, avec le tracé du nouveau jardin d'acclimatation, AnonymeLe Bois de Boulogne à vol d'oiseau, avec le tracé du nouveau jardin d'acclimatation, AnonymeLe Bois de Boulogne à vol d'oiseau, avec le tracé du nouveau jardin d'acclimatation, AnonymeLe Bois de Boulogne à vol d'oiseau, avec le tracé du nouveau jardin d'acclimatation, Anonyme

Les travaux d'aménagement sont confiés dès juillet 1859 aux créateurs les plus en vue du Second Empire : l'architecte Gabriel Davioud, le paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps et l’ingénieur Jean-Charles Alphand, sous patronage du célèbre baron Georges Eugène Haussmann

Après quinze mois de travaux au cours desquels la Société d'Acclimatation obtient de Napoléon III la concession de quatre hectares supplémentaires, le Jardin d'Acclimatation est inauguré le 6 octobre 1890 par Napoléon III et l'impératrice Eugénie, en présence d'Alexandre Dumas, Prosper Mérimée, Théophile Gautier et Hector Berlioz

Dès son ouverture au public, le 9 octobre 1860, cet immense espace vert à vocation scientifique, divertissante et éducative obtient les faveurs de tous les Parisiens, quelque soit leur catégorie sociale. La population parisienne s'y presse pour découvrir des animaux que peu ont déjà vu, de leurs yeux vu.

Dans les allées du jardin, les curieux peuvent, en effet, s'extasier devant des girafes, des zèbres, des kangourous, des guépards, des antilopes, des chameaux, des ours, mais également des plantes exotiques comme des bananiers et des bambous. En octobre 1861, l'Aquarium ouvre ses portes, et en 1866, le Jardin d'Acclimatation compte plus de 110 000 animaux.

Vue générale du jardin d'acclimatation, Th. MullerVue générale du jardin d'acclimatation, Th. MullerVue générale du jardin d'acclimatation, Th. MullerVue générale du jardin d'acclimatation, Th. Muller

Mais la guerre franco-prussienne de 1870 s'apprête à mettre un frein à l'expansion du merveilleux jardin. Assiégée par les troupes ennemies du 20 septembre 1870 au 28 janvier 1871, Paris est coupée du reste du pays et subit un hiver glacial particulièrement rude, doublé d'une terrible famine.

Prévenue de l'imminence de l'arrivée des troupes allemandes dans la capitale, la Ville de Paris prend la décision d'évacuer certains animaux du parc vers des parcs zoologiques en province. Les animaux restants sont envoyés au Jardin des Plantes et remplacés, dans les enclos du Jardin d'Acclimatation, par des milliers de boeufs et de moutons destinés à nourrir les Parisiens. 

Mais malgré le rationnement mis en place et faute d'aliments ordinaires à disposition, les derniers animaux pensionnaires sont sacrifiés afin de sustenter la population. C'est ainsi que, tandis que les classes populaires doivent se contenter de rats en guise de repas durant des mois, les classes parisiennes aisées peuvent savourer, durant un temps, des mets extravagants, comme du consommé d'éléphant, du civet de kangourou, des côtes d'ours rôties ou encore de la terrine d'antilope ! A la fin du Siège de Paris, il ne reste plus un seul animal au Jardin d'Acclimatation. 

 Menu du 25 décembre 1870, au Café VoisinMenu du 25 décembre 1870, au Café VoisinMenu du 25 décembre 1870, au Café VoisinMenu du 25 décembre 1870, au Café Voisin

Réaménagé et embelli, le Jardin d’Acclimatation rouvre au public en 1872 et se reconstitue petit à petit grâce à des donations, notamment de deux éléphants offerts par le roi d'Italie. Mais la faune est néanmoins plus classique qu'aux origines avec, aux côtés des quelques girafes, zèbres et dromadaires, principalement des animaux de la ferme et d'élevage, ainsi que des oiseaux.

De nombreuses améliorations sont apportées au Jardin d'Acclimatation, avec la création de nouvelles attractions pour divertir les visiteurs. Une bergerie supplémentaire ouvre ses portes, ainsi que des écuries, une nouvelle magnanerie, des parcs d’élevage de canards, un vaste chenil et un gymnase réservé aux enfants qui peuvent y faire des promenades à dos de zèbre, de dromadaire, de chèvre ou encore d’autruche.

Mais c'est surtout l'acquisition, en 1878, de son Petit Train, un ingénieux système ferroviaire inventé par l’industriel Paul Decauville, qui va marquer les esprits. À l’origine, la ligne part de l’Étoile et traverse le bois de Boulogne, mais son tracé est rapidement modifié et la Porte Maillot devient la gare de départ. Ce petit train est le premier train à voie étroite à transporter des voyageurs en France !

Le Jardin d'Acclimatation renoue, dès lors, avec ses ambitions scientifiques et éducatives premières et propose aux familles des cycles de conférences scientifiques - sur l’hygiène, les voyages, la médecine, l’acclimatation -, des concerts hebdomadaires sur la grande pelouse, des épreuves sportives, des séances de cinéma en plein air, tandis qu'un musée du Sport et de la Chasse est également inauguré et que les premiers manèges pour enfants sont installés, laissant déjà présager du futur du jardin. 

Les Achantis - Le Repas, Julien DamoyLes Achantis - Le Repas, Julien DamoyLes Achantis - Le Repas, Julien DamoyLes Achantis - Le Repas, Julien Damoy

Mais la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle sont également empreints d'un attrait malsain pour l’exotisme, les voyages et l’ethnologie, dans un contexte d'expansion coloniale. Le Jardin d'Acclimatation devient alors un haut lieu de l'anthropologie et organise, entre 1877 et 1931, pas moins de 22 expositions d'êtres humains venus de contrées lointaines

La première exposition ethnique est organisée en 1877 par Albert Geoffroy Saint-Hilaire, le directeur du site, avec la présentation d'une troupe de Nubiens livrée par le zoologiste allemand Carl Hagenbeck et installée devant les écuries entre le pavillon des lamas et celui des mammifères. Face au succès de cette première exposition d'êtres humains, le Jardin d'Acclimatation renouvelle l'expérience avec des peuples africains, indiens, lapons ou encore cosaques.

Mais déjà, ces "expositions de sauvages" entrainent de vifs débats sociétaux car les hommes exposés sont confinés à la manière des animaux dans les cages voisines, et la Société d'Acclimatation désavoue sévèrement le sensationnalisme de ces évènements malgré la fréquentation du jardin en forte hausse, frôlant le million de visiteurs.

Le Jardin d'Acclimatation organise une dernière exposition ethnique en 1931, non sans avoir exposé, durant les dernières années, des peuples sélectionnés dans diverses contrées de l'empire colonial français, du Sénégal à l'Afrique du Nord en passant par la Nouvelle-Calédonie.  

Jardin d'acclimatation, Alfred DelauneyJardin d'acclimatation, Alfred DelauneyJardin d'acclimatation, Alfred DelauneyJardin d'acclimatation, Alfred Delauney 

Au début du 20e siècle, face à une baisse de sa fréquentation, le Jardin d'Acclimatation s'éloigne de sa mission éducative pour s'orienter progressivement vers l'amusement et la distraction. Aussi, pour faire revenir les familles qui lui préfèrent désormais les nouveaux parcs d'attraction comme le Luna Park, situé depuis 1909 à la porte Maillot, ou le Magic City, installé en 1911 en bord de Seine, le jardin prend pour modèle le parc d’attractions de Tivoli à Copenhague, se dote de manèges modernes et multiplie les projections de cinéma et les spectacles de cirque

Mais c'est à nouveau une guerre qui va freiner la belle histoire du Jardin d'Acclimatation. Alors que d'autres nouveautés sont envisagées par l'équipe du jardin, comme la construction d'une piscine et d'un stade, la Seconde Guerre mondiale freine le site dans son élan et il faut attendre les années 50 pour que le Jardin d'Acclimatation reprenne du poil de la bête. 

Les fauves disparaissent, la fête foraine est réduite, un castelet de Guignol est ouvert aux enfants, ainsi qu'une petite ferme où se côtoient poneys, chèvres et ânons. Aujourd'hui disparu, le musée en Herbe est construit, tout comme le musée national des arts et traditions populaires en lieu et place du Palmarium, chef-d'œuvre de verre et d’acier détruit pour l'occasion. Mais la recette ne marche plus. 

Après des années de dérive, la concession du jardin est confiée au groupe LVMH en 1995 qui entreprend de grands travaux et fait place à la verdure et aux allées de fleurs. D'inspiration orientale dans les années 2000, le site choisit, dès 2017, l'esthétique steampunk, amorce d'importants travaux de modernisation et de restauration des bâtiments construits sous Napoléon III, et acquiert de nouvelles attractions pour les familles. 

Pour en savoir plus : 

 

Maintenant que vous connaissez l'histoire du Jardin d'Acclimatation, un petit tour sur place s'impose pour découvrir tout ce que le plus vieux parc de loisirs de France vous réserve ! 

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Informations pratiques

Lieu

bois de boulogne, 75116 paris 16
75116 Paris 16

Plus d'informations
Iconographies :
En-tête : Grande serre du jardin d'acclimatation, Jean Best
Le Bois de Boulogne à vol d'oiseau, avec le tracé du nouveau jardin d'acclimatation, Anonyme
Vue générale du jardin d'acclimatation, Th. Muller
Menu du 25 décembre 1870, au Café Voisin
Les Achantis - Le Repas, Julien Damoy
Jardin d'acclimatation, Alfred Delauney

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