Le patrimoine et les lieux arabo-musulmans de Paris

Par Manon de Sortiraparis · Photos par My de Sortiraparis · Publié le 4 mai 2022 à 11h21
Alors que les musulmans célèbrent en grande pompe l'Aïd, ce 2 mai 2022, partons à la découverte du patrimoine et des lieux arabo-musulmans de Paris.

Au carrefour des cultures depuis des siècles, Paris est la témoin des nombreuses civilisations qui y ont mis le pied, pour un temps ou pour toujours, qu'elles soient russesirlandaisesjaponaises ou encore juives. A l'occasion de la fin du Ramadan et de l'Aïd, partons ensemble à la découverte du patrimoine culturel arabo-musulman, visible dans les rues et dans les édifices de la capitale. 

Dès le Moyen-Âge et au fil des siècles suivants, un véritable patrimoine musulman s'est créé à Paris, que l'on découvre de nos jours dans les musées, à travers l'exposition de reliques et d'objets, dans les lieux de culte, et jusque dans les lieux de recueillement de la capitale. Grande Mosquée, instituts, cimetières, et même un édifice religieux aujourd'hui disparu... Petit tour d'horizon du patrimoine et des lieux arabo-musulmans de Paris !

Le patrimoine et les lieux arabo-musulmans de Paris :

La Grande Mosquée de Paris 

La Mosquée de Paris et son jardin en fleursLa Mosquée de Paris et son jardin en fleursLa Mosquée de Paris et son jardin en fleursLa Mosquée de Paris et son jardin en fleurs

Construite entre 1922 et 1926 par les architectes Robert Fournez, Maurice Mantout et Charles Heubès, suivant les plans de Maurice Tranchant de Lunel, inspecteur général des Beaux-Arts au Maroc, la Grande Mosquée de Paris commémore les 100 000 musulmans morts pour la France durant la Première guerre mondiale. Après les conquêtes de l'Empire colonial français, plusieurs projets de construction de mosquées sont, en effet, envisagés à Paris, dont un sur le quai d'Orsay et un autre au Père-Lachaise. C'est finalement à deux pas du Jardin des Plantes, sur un terrain offert par la Ville de Paris, qu'est construite l'une des premières mosquées de France qui devient alors le lieu de culte des 20 000 musulmans résidant dans la capitale à cette époque. 

De style mauresque, la Grande Mosquée s'inspire de la mosquée el-Qaraouiyyîn de Fès au Maroc, avec ses mosaïques, ses faïences, ses tuiles vertes, ses motifs floraux stylisés et ses grandes cours verdoyantes aux bassins bleus turquoise. Inaugurée le 16 juillet 1926 en présence du président Gaston Doumergue et du sultan du Maroc Moulay Youssef, la mosquée se divise en trois parties : la première se compose d'un minaret de 33 mètres de haut, d'un patio et d'une salle de prière ; la seconde d'une école, d'une bibliothèque et d'une salle de conférence ; et la dernière, d'un restaurant, d'un salon de thé et d'un hammam réservé aux femmes. 

L'Institut des Cultures d'Islam 

Fresque monumentale de Tarek Benaoum à l'Institut des cultures de l'IslamFresque monumentale de Tarek Benaoum à l'Institut des cultures de l'IslamFresque monumentale de Tarek Benaoum à l'Institut des cultures de l'IslamFresque monumentale de Tarek Benaoum à l'Institut des cultures de l'Islam

Dans le quartier de la Goutte d'Or, l’Institut des Cultures d’Islam est un lieu protéiforme, à la fois centre d’art contemporain, scène musicale, et lieu de dialogue et d’apprentissage. De l’Afrique à l’Asie en passant par l’Europe et le Moyen-Orient, jusqu’à l'Amérique et l'Australie, l'Institut des Cultures d'Islam s'est donné pour mission de dévoiler la diversité de ces cultures, à travers le prisme de l'art contemporain. Une manière de mettre en lumière l'héritage et les traditions de nombreuses civilisations d'hier et d'aujourd'hui, et le rayonnement de celles-ci dans le monde. 

Géré par la Ville de Paris, l'institut organise, tout au long de l'année, des expositions, des concerts, des conférences, des projections suivies de débats, mais également des activités culturelles plus originales, comme des cours d'arabe et de wolof, de calligraphie, de chant ou encore de cuisine. L'établissement organise également, à destination du jeune public, des ateliers artistiques et culturels, des spectacles vivants, et des ciné-goûters ; tandis que l'institut dispose également d'un restaurant, d'un hammam et d'une salle de prière appartenant à la Grande Mosquée de Paris. 

L'Institut du Monde Arabe 

Visuel Paris Institut du Monde ArabeVisuel Paris Institut du Monde ArabeVisuel Paris Institut du Monde ArabeVisuel Paris Institut du Monde Arabe

L'Institut du Monde Arabe, aussi, s'est donné pour mission de faire connaître la culture arabe à Paris. La construction de ce bâtiment à l'architecture contemporaine, bien qu'étant inscrite dans la politique de grands travaux voulus par François Mitterrand, est décidée sous le septennat de Valéry Giscard d'Estaing en vue d'améliorer les relations diplomatiques entre la France et les pays arabes, en pleine période de tensions post-crise pétrolière

Inauguré le 30 novembre 1987, l'IMA est reconnaissable par sa façade sud dessinée par Jean Nouvel, pour laquelle l'architecte a repris les thèmes de la géométrie arabe avec 240 moucharabiehs. Depuis son ouverture, l'Institut du Monde Arabe met en lumière la culture arabe à travers des expositions, des projections, des conférences, des concerts, des ateliers ainsi que des cours de langue. Un trait d'union entre les deux cultures, favorisé par l'accueil de toute une section du patrimoine d'art islamique du musée du Louvre, elle-même enrichie par des prêts de musées syriens et tunisiens. 

Le département des Arts de l’Islam au Musée du Louvre

Visuel Paris LouvreVisuel Paris LouvreVisuel Paris LouvreVisuel Paris Louvre

Créé en 2003 au Musée du Louvre, le département des Arts de l'Islam, composé de la collection du Louvre et de celle des Arts décoratifs, regroupe les collections couvrant l'ensemble du monde islamique, de l'Espagne et l'Inde, de 622 jusqu'au 19e siècle. Il existait, en réalité, dès 1893 une section arts musulmans à l'intérieur du département des objets d’art du musée. Désormais, les 3000 oeuvres sont exposées dans la cour Visconti du musée du Louvre.

Baptisé par Jacques Chirac - bien que cette dénomination soit fourre-tout, qualifiant de l'Art par une religion -, le département regroupe plusieurs joyaux de l'art islamique, parmi lesquels la pyxide d'al-Mughira, une boîte en ivoire espagnole datée de 968 ; le plat au paon, une céramique ottomane ; et surtout le baptistère de Saint Louis, l'une des pièces les plus célèbres et les plus énigmatiques de tout l'art islamique, créée par Muhammad ibn al-Zayn au début du 14e siècle. 

Le cimetière musulman de Bobigny

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Unique cimetière, avec celui de Strasbourg, à être entièrement réservé aux musulmans de France, le cimetière musulman est inauguré à Bobigny, en Seine-Saint-Denis, le 12 février 1937. Témoignage de l’histoire coloniale du pays, le cimetière fait partie des constructions réalisées en hommage aux soldats musulmans morts pour la France, à l'instar de la Grande Mosquée de Paris. Construit par l’architecte Edouard Crevel afin d'accueillir près de 6000 sépultures orientées vers La Mecque, le cimetière épouse un style néo-mauresque inspiré des nécropoles marocaines, avec ses murs blancs, ses tuiles vertes et ses nombreuses plantes méditerranéennes. 

Passé le porche, le cimetière abrite une salle de prière surmontée d'une coupole dorée et un carré militaire, inscrits aux Monuments historiques. Entre 1944 et 1954, le cimetière reçoit, en effet, les dépouilles d'une soixantaine de soldats de l'Armée française, morts pour la France. Plusieurs personnalités politiques et militaires y sont, par ailleurs, enterrées. 

La mosquée du Père-Lachaise, un trésor disparu

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C'est une histoire que peu de Parisiens connaissent, le monument ayant désormais disparu. Le Père-Lachaise a accueilli, dès 1857, la première mosquée de France, 70 ans avant l'édification de la Grande Mosquée de Paris. Suite à une demande de l’ambassade ottomane et avec l'accord de Napoléon III qui souhaite remercier l'Empire ottoman suite à la guerre de Crimée, la Ville de Paris crée un carré musulman et érige une mosquée dans la 85e division du cimetière du Père-Lachaise. Inaugurée le 1er janvier 1857, la mosquée, construite dans un style simple en pierres rouges et blanches, se compose d'une salle de prière aux défunts, d'un lavatorium pour la toilette de ces derniers, et d'une salle de dépôt pour les accessoires du culte. L'enclos musulman est, quant à lui, destiné à accueillir les soldats ottomans décédés sur le sol français. 

Faute d'entretien, la mosquée et l'enclos musulman se dégradent rapidement, et malgré les demandes de l'ambassade ottomane à Paris pour restaurer et même agrandir l'édifice, la mosquée est finalement rasée en 1914 à la demande de l'ambassade, afin d'être remplacée par un bâtiment neuf à l'architecture islamique plus affirmée. Mais le projet est abandonné au début de la Première guerre mondiale, alors que l'Empire ottoman décide de s'allier à l'Allemagne. Au sortir de la guerre, il est décidé d'édifier une nouvelle mosquée, dans un quartier différent : la future Grande Mosquée de Paris. 

Et pour vous aider lors de votre balade, on vous a préparé une petite map : 

Alors, on part à la découverte du patrimoine arabo-musulman de Paris

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