Quand on se promène dans certaines rues de Paris et de sa banlieue, on peut percevoir des traces de l’histoire d’un peuple déraciné : la communauté arménienne. Venue en France dans des contextes difficiles, elle a su construire, à partir du début du 20ᵉ siècle, des lieux de mémoire, de culture, de culte et de vie communautaire. À Paris, ces traces sont visibles, à travers des églises, des musées, des commerces et des restaurants, et témoignent de l’enracinement d’une diaspora qui a dû fuir afin de se reconstruire.
L’arrivée des Arméniens à Paris s’enracine dans l’histoire dramatique du génocide arménien de 1915 mis en œuvre par l’Empire ottoman. Ce drame provoque une dispersion massive de populations arméniennes qui cherchent refuge en Europe, notamment en France qui apparaît comme un pays d’accueil. La communauté s’accroît encore après la Seconde Guerre mondiale, marquée par de nouveaux arrivants fuyant les régimes communistes du Caucase et d’Orient.
A Paris et en Île‑de‑France, des migrations antérieures existaient déjà, mais c’est véritablement après 1915 que l’exode s’amplifie, ouvrant la voie à la constitution d’une diaspora arménienne structurée. Outre la fuite du génocide, la recherche de travail et l’opportunité d’une vie plus sûre motivent également les migrations, certains arrivants - artisans, commerçants, étudiants, réfugiés politiques - cherchant à refaire leur vie loin de leur terre d’origine.
À Paris proprement dit, l'un des premiers foyers se développe dans le 9ᵉ arrondissement, où dès les années 1920 la communauté s’installe et crée des commerces, des associations et des structures culturelles. D’autres villes de banlieue telles que Alfortville, Issy‑les‑Moulineaux, Clamart ou encore Arnouville témoignent, elles-aussi, de la présence arménienne.
Partez à la découverte du patrimoine arménien à Paris, à travers les témoins de cette histoire : ses églises, ses cathédrales, ses musées, ses bibliothèques... avant de vous régaler au sein des restaurants arméniens de la capitale.
L’édifice qui abrite la communauté catholique arménienne de Paris se situe au 13 rue du Perche, dans le 3ᵉ arrondissement, dans le quartier du Marais. Ce bâtiment, originellement conçu comme église Saint‑Jean‑Saint‑François au début du 17ᵉ siècle, est attribué à la communauté arménienne en 1970.
À l’extérieur, sa façade élégante mêle bandeaux alternés clair et sombre, témoignant d’une reconstruction de style classique puis néoclassique, avec un porche monumental signé de l’architecte Victor Baltard en 1855. L’entrée, modeste dans cette rue du Marais, dissimule un espace inattendu.
À l’intérieur, on découvre en effet une nef basilicale couverte de voûtes en berceau et deux orgues historiques de Aristide Cavaillé‑Coll classées Monuments Historiques. Les murs sont ornés de toiles majeures d'Ary Scheffer et Hugues Taraval, et le chœur dévoile un autel surmonté d’un tympan doré figurant la Gloire. La cathédrale accueille des offices en langue arménienne et française, des cérémonies commémoratives et des concerts.
Cette cathédrale de l’Église apostolique arménienne se trouve au 15 rue Jean‑Goujon, dans le 8ᵉ arrondissement, à deux pas des Champs‑Élysées. Sa construction s’est déroulée entre 1902 et 1904, grâce au mécénat du riche Arménien d’origine géorgienne Alexandre Mantacheff, désireux de doter la communauté arménienne de France d’un temple d’architecture authentiquement arménienne.
À l’extérieur, la façade présente des éléments inspirés de l’art architectural arménien comme un clocher en dôme, une croix arménienne et des motifs géométriques. L’intérieur révèle un sanctuaire spacieux, une coupole centrale, des motifs décoratifs orientés vers l’Orient et un mobilier liturgique typique de la tradition apostolique arménienne. Ce lieu est le siège du diocèse arménien en France et accueille les grandes cérémonies de la communauté, notamment les funérailles de Charles Aznavour en 2018.
La Bibliothèque Nubar, située au 11 square Alboni dans le 16ᵉ arrondissement, est une institution culturelle fondée en 1928 par le philanthrope Boghos Nubar Pacha sous l’égide de l’Union générale arménienne de bienfaisance. Son but : "servir de lieu de rassemblement, de conservation et d’étude du patrimoine de l’ancien monde arménien ottoman".
Cet immeuble Art déco est inauguré en 1922 dans un style sobre et élégant et renferme plus de 43 000 ouvrages imprimés, de manuscrits arméniens, d’archives de la diaspora et de publications spécialisées, faisant de ce lieu un pilier de la recherche et de la mémoire. Utilisée comme bibliothèque de référence pour les études arméniennes, l'établissement est également un lieu d’exposition, de conférences et d’échanges intellectuels autour de l’histoire, de la culture et de la diaspora arménienne.
Installé au 59 avenue Foch, le Musée Arménien de France est fondé en 1949 par Nourhan Fringhian. Dans cet immeuble de style haussmannien, la collection réunit environ 1 200 œuvres (des objets sacrés, des manuscrits, des sculptures, de l'art profane) retraçant plus de 3000 ans d'histoire et de culture arménienne.
Bien qu'actuellement fermé, il s’agit d’un lieu majeur de la mémoire arménienne à Paris, destiné à conserver, exposer et transmettre l’art et l’histoire arméniens.
Au fond d'une cour calme, la Maison de la Culture Arménienne est un lieu chaleureux et intimiste, à la décoration simple et traditionnelle - lambris, drapeau arménien au mur, tables serrées et atmosphère comme à la maison. On y vient pour son restaurant qui ne paye pas de mine mais qui propose aux chalands et aux curieux de découvrir des plats arméniens typiques, réalisés avec amour.
Au cœur de la Cité internationale universitaire dans le 14e arrondissement, cette résidence étudiante arménienne a été inaugurée en 1930 à l’initiative de Boghos Nubar Pacha et conçue par l’architecte arménien Léon Nafilyan. Dans ce beau bâtiment aux influences stylistiques arméniennes se trouvent 74 logements étudiants, des salons communs et des espaces d’étude.
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