Hôtel de Crillon, le palace immémorial de la place de la Concorde

Par Manon de Sortiraparis · Photos par Julie de Sortiraparis · Mis à jour le 22 décembre 2025 à 10h20 · Publié le 16 octobre 2025 à 17h21
Face aux jardins des Tuileries, l’Hôtel de Crillon incarne l’élégance éternelle. De sa construction au 18ᵉ siècle à sa rénovation audacieuse, le Crillon a traversé les révolutions, les guerres et les mutations du luxe. Découvrez ce palais devenu palace, ancré dans l’âme de Paris.

Lorsque Louis XV commande en 1758 à l’architecte Ange‑Jacques Gabriel les façades de la future place Louis‑XV - devenue la place de la Concorde - il envisage un ensemble symétrique, dont l’un des façades deviendra celle du Crillon. Derrière ces pierres dessinées par Gabriel, l’architecte Louis‑François Trouard prend en charge les corps d’immeuble en 1775, construits pour le duc d’Aumont autour d’une cour intérieure et des écuries. Quelques années plus tard, François‑Félix de Berton des Balbes, comte de Crillon, s’en porte acquéreur, donnant son nom à l’édifice.

Confisqué à la Révolution, transformé en bien national puis rendu à ses propriétaires, le bâtiment devient en 1909, après rénovation par Walter‑André Destailleur, l’Hôtel des Voyageurs, rebaptisé par la suite Hôtel de Crillon. Après quatre années de travaux ambitieux, l'hôtel de luxe rouvre ses portes en 2017 sous la gestion du groupe Rosewood, fort de 78 chambres et 46 suites, et obtient le label Palace en 2018.

Classé Monument Historique, il demeure un témoin vivant de l’histoire urbaine, politique, artistique et diplomatique de Paris.

Naissance d’un palais royal sur la place Louis‑XV

La genèse du Crillon part d’un projet royal. Après les travaux de la place, l’État confie la construction des façades à Ange-Jacques Gabriel, mais laisse les parcelles à des particuliers. L’un des lots est confié à l’architecte Trouard qui construit un hôtel particulier en 1775 avec des salons, un boudoir, des balcons et des perspectives, tandis que le duc d’Aumont en assure l’ameublement et la décoration. Parmi les artistes mobilisés figure Pierre‑Adrien Pâris qui dessine les salons du premier étage, dont certains éléments subsistent encore aujourd’hui.

Selon la légende, Marie‑Antoinette viendrait y prendre des leçons de piano, dans l’un des salons désormais baptisé 'Marie-Antoinette'. À la Révolution française, l’édifice est saisi, devient un bien national, puis sert à divers usages publics. En 1788 il est vendu aux Crillon, et les héritiers gardent l’édifice jusqu’au début du 20ᵉ siècle.

La transformation en palace

Au tournant du 20ᵉ siècle, en 1906, le domaine Crillon est vendu à la Société du Louvre qui l'étend en acquérant des bâtiments mitoyens rue Boissy‑d’Anglas. Walter‑André Destailleur orchestre une rénovation intégrale sur deux ans, incorporant deux immeubles adjacents pour agrandir la capacité. Le nouveau palace ouvre le 11 mars 1909, avec salons d’apparat (Salons Marie‑Antoinette, Salon des Aigles, Salon des Batailles), boiseries nobles, rideaux de soie, marbres et ambiance de grand luxe.

Le Crillon devient rapidement une adresse recherchée. En 1919, il accueille des membres de la délégation américaine lors de la Conférence de paix de Paris, notamment pour des réunions diplomatiques. Le pacte constitutif de la Société des Nations est, par ailleurs, signé dans ses salons.

Drames historiques sous l'Occupation

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Crillon est réquisitionné par les forces allemandes. En juin 1940, le général von Studnitz investit les lieux et y convoque le préfet de police pour imposer l’ordre dans la capitale. En septembre, la Feldgendarmerie s’installe dans l’hôtel, et pendant la Libération de Paris, une colonne s’effondre sur une voiture après des tirs entre soldats allemands et chars français, endommageant une partie de la façade.

Rapidement reconstruit, le bâtiment retrouve de sa splendeur, mais poursuit au fil des décennies des restaurations par petites touches, afin de répondre aux exigences du luxe moderne.

Comestibles comptoir gourmand et terrasse confidentielle par Paul Pairet à l'Hôtel de Crillon - DSC 1718Comestibles comptoir gourmand et terrasse confidentielle par Paul Pairet à l'Hôtel de Crillon - DSC 1718Comestibles comptoir gourmand et terrasse confidentielle par Paul Pairet à l'Hôtel de Crillon - DSC 1718Comestibles comptoir gourmand et terrasse confidentielle par Paul Pairet à l'Hôtel de Crillon - DSC 1718

Une renaissance contemporaine

En 2013, l’hôtel ferme pour la transformation la plus ambitieuse de son histoire. Plus de 3 500 meubles, œuvres et objets sont mis aux enchères dont le bar César, sculpté par César en 1982. L’architecte Richard Martinet pilote le gros œuvre, la décoratrice Aline Asmar d’Amman coordonne avec les designers Chahan Minassian, Cyril Vergniol et Tristan Auer les intérieurs, tandis que Karl Lagerfeld conçoit les Grands Appartements, des suites Signature d’exception.

Le 5 juillet 2017, le Crillon rouvre ses portes en version modernisée, hébergeant désormais 78 chambres, 46 suites (dont la suite Marie-Antoinette et la suite Bernstein), trois restaurants (L’Écrin, la Brasserie d’Aumont, le Jardin d’Hiver qui s'ouvre sur la cour intérieure), le bar Les Ambassadeurs, la Cave Privée, ainsi qu’un spa en sous-sol avec piscine, hammam et salles de soins. Et en septembre 2018, le Crillon reçoit la distinction Palace.

Décoration à la française et clients illustres

La façade néoclassique reste fidèle au dessin de Gabriel sur la place de la Concorde, classée et protégée depuis 1896. L’hôtel est inscrit Monument Historique pour ses salons, ses toitures et ses façades. À l’intérieur, la rénovation allie sobriété contemporaine et hommage au XVIIIᵉ, avec ses sols en marbre, ses boiseries restaurées, ses parquets chevron et ses tissus raffinés.

La suite Marie-Antoinette revisite les codes du 18ᵉ siècle en gris perle et rose poudré, avec mobilier sculpté, miroirs et étoffes délicates, tandis que la suite Bernstein, située au sixième étage, se prolonge par une terrasse panoramique de 238 m² sur la place de la Concorde.

Parmi les clients célèbres se trouvent Winston Churchill, Theodore Roosevelt, les Beatles, Madonna ou encore Elizabeth Taylor. Ernest Hemingway mentionne le Crillon dans Le soleil se lève aussi, publié en 1926, lorsque son personnage écrit dans le lobby en attendant sa bien-aimée.

Au carrefour des Champs‑Élysées, de la Concorde, de la rue du Faubourg‑Saint‑Honoré et du jardin des Tuileries, l’Hôtel de Crillon incarne un modèle de palace où chaque pierre, chaque objet raconte un fragment de la mémoire de la capitale.

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Informations pratiques

Lieu

10 Place de la Concorde
75008 Paris 8

Calcul d'itinéraire

Infos d’accessibilité

Site officiel
www.rosewoodhotels.com

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