Connaissez-vous ce passage couvert méconnu qui fait peau neuve, voisin de la Galerie Vivienne ?

Par My de Sortiraparis · Photos par My de Sortiraparis · Mis à jour le 16 décembre 2025 à 17h13 · Publié le 30 novembre 2023 à 23h33
Dans le 2ème arrondissement de Paris, la Galerie Colbert vient d'achever sa restauration après trois ans de travaux menés de 2022 à 2025. On vous emmène la (re)découvrir et on vous raconte son histoire unique.

La Galerie Colbert, voisine de la célèbre Galerie Vivienne dans le 2e arrondissement, s'offre une nouvelle jeunesse après trois ans de restauration. De 2022 à 2025, ce passage couvert au destin singulier a été réaménagé par l'Institut national d'histoire de l'art (INHA). Construite en 1826, détruite en 1873, reconstruite en 1874 par Henri Blondel, restaurée en 1986 et enfin rénovée en 2025, elle témoigne de l'évolution des usages parisiens. On file découvrir ce lieu unique qui abrite notamment le mythique restaurant Le Grand Colbert classé monuments historiques. Située entre le 6 rue des Petits-Champs et la rue de la Banque, juste devant l'entrée de la Bibliothèque nationale de France, elle se distingue de ses consœurs par son absence totale de boutiques, entièrement dévolue à la culture.

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Le projet de réaménagement, confié à l'agence Pierre-Antoine Gatier, architecte en chef des monuments historiques, et à Constance Guisset, designer et architecte d'intérieur, a pour vocation de fédérer les acteurs de l'histoire de l'art, de l'archéologie et du patrimoine. La convivialité et les échanges indispensables à la recherche sont au cœur de cette transformation. Ce campus urbain accueille désormais les étudiants à partir du Master, les chercheurs français et étrangers, ainsi que les professionnels du patrimoine. Sans oublier les amateurs d'histoire de l'art et les curieux de passage qui peuvent flâner librement dans ce passage parisien chargé d'histoire.

La galerie a conservé son caractère de passage ouvert sur la ville tout en devenant un véritable lieu de vie. On y retrouve l'Institut national d'histoire de l'art (INHA), l'Institut national du patrimoine (Inp) et les départements universitaires de recherche en histoire de l'art de plusieurs universités parisiennes et franciliennes. Les espaces sont désormais jalonnés par les grandes figures de l'histoire de l'art et de l'archéologie, dont les salles portent les noms, comme Guillaume Guillon Lethière, Walter Benjamin, Roberto Longhi, Aby Warburg, André Chastel ou encore la résistante Rose Valland à qui le hall d'entrée rend hommage.

Quelle est l'histoire de la Galerie Colbert ?

L'histoire de la Galerie Colbert remonte à un ancien hôtel particulier construit par Louis Le Vau, ayant appartenu à Colbert, puis au régent Philippe d'Orléans qui habitait le Palais Royal. Un des éléments les plus incroyables de ce lieu : au XVIIIe siècle, c'était les écuries de Philippe d'Orléans. Difficile d'imaginer aujourd'hui que la belle rotonde était en fait la cour des écuries.

En 1826, la société Adam et Compagnie achète cet ensemble à l'État et décide de transformer ces anciennes écuries en galerie, destinée à concurrencer la Galerie Vivienne voisine. L'architecte J. Billaud réalise alors une prouesse : il transforme la cour des écuries en vaste rotonde éclairée par un dôme de verre, dans la grande mode des passages couverts parisiens, lieux de promenade, de commerce et de sociabilité. Ce grand décor du XIXe siècle est né de cette transformation spectaculaire en 1830.

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Au centre de cette rotonde, Billaud avait placé un magnifique candélabre en bronze portant une couronne de sept globes de cristal éclairés au gaz, qu'on appela le "cocotier lumineux". Ce candélabre devint le haut lieu des rendez-vous galants sous la Monarchie de Juillet. La galerie, longue de 83 mètres et bordée de demi-colonnes en faux marbre, est ornée de motifs polychromes. La peinture au-dessus du porche d'entrée représente Colbert favorisant le Commerce.

Pourquoi la galerie a-t-elle été détruite puis reconstruite ?

Avec l'essor des grands boulevards, des grands magasins et les transformations haussmanniennes, ces passages deviennent moins rentables et moins adaptés aux usages modernes. La galerie vieillissante est jugée peu pratique et insuffisamment rentable. Les propriétaires décident donc de démolir l'édifice d'origine en 1873 pour valoriser autrement le site.

De 1873 à 1874, un nouvel édifice est reconstruit par l'architecte Henri Blondel. Cette nouvelle ambition vise à offrir un bâtiment plus monumental et moderne, intégrant bureaux, commerces et institutions, avec un style néo-Renaissance plus prestigieux. La rotonde et la verrière, éléments emblématiques, incarnent une architecture plus durable et représentative. Le "cocotier lumineux" a aujourd'hui disparu et été remplacé par une statue en bronze de 1822 réalisée par Charles-François Nanteuil-Lebeuf, représentant Eurydice piquée par un serpent.

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L'architecture de la galerie inspira de nombreux architectes de toute l'Europe : le principe de la rotonde a été souvent retenu quand il s'agissait de croiser des allées dans une galerie. Toutefois, malgré cette reconstruction, la galerie continue de décliner. Elle est finalement fermée en 1975.

La Bibliothèque Nationale rachète alors la galerie et confie à l'architecte Adrien Blanchet une nouvelle restauration. En 1986, celle-ci est reconstruite dans un état proche de ce qu'elle était au XIXe siècle, avec les matériaux et techniques d'époque. La galerie illustre parfaitement l'évolution de Paris au XIXe siècle, le passage d'une ville de flânerie commerciale à une ville de représentation institutionnelle, et la logique de démolition-reconstruction fréquente à Paris pour adapter le bâti aux nouveaux usages.

Depuis, elle est dévolue à l'Institut national d'Histoire de l'Art et abrite de nombreuses institutions liées à l'histoire de l'art et au patrimoine culturel. La Bibliothèque nationale de France y vend des cartes postales, affiches et livres. Le musée Charles Cros y rassemble les collections de la Phonothèque Nationale. Aujourd'hui protégée, elle marque une reconversion culturelle réussie.

Comment a été transformé le passage en 2025 ?

De 2022 à 2025, il a fallu trois ans pour restaurer les lieux, refaire et réinventer sans dénaturer en gardant les couleurs d'origine. Le nouveau projet porté par l'agence de Pierre-Antoine Gatier redonne vie au passage fondateur de ce lieu. Les décors, l'ensemble des épidermes et des faux marbres peints à l'huile ont été traités en mobilisant savoir-faire et métiers d'art, dans une démarche de conservation qui valorise l'authenticité des fragments de l'histoire. Un nouvel accueil prend place autour des vestiges de l'Hôtel Bautru, tandis qu'un nouveau café s'installe dans la rotonde, dont la galerie en retour fait face au jardin de la Bibliothèque nationale de France.

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La designer Constance Guisset a réinventé le mobilier pour favoriser l'hospitalité des lieux tout en respectant l'architecture historique. De longues banquettes permettent de créer des espaces de convivialité entre les colonnes, dans une harmonie colorimétrique qui prolonge celle de la galerie. Des linteaux acoustiques et signalétiques ponctuent l'espace comme dans une galerie couverte du XIXe siècle. L'accueil est désormais visible depuis la galerie, se déployant à l'intérieur du hall Rose Valland pour accueillir au mieux tous les usagers.

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La rotonde devient une grande place animée et vivante, retrouvant son caractère concentrique grâce à l'installation de canapés qui suivent les lignes du sol. Au centre, un lustre monumental se déploie depuis le haut de la verrière, composé de sphères lumineuses en écho aux luminaires existants ainsi que de sphères acoustiques pour améliorer le confort.

Pourquoi on y va ?

On se rend à la Galerie Colbert pour découvrir ce lieu au parcours historique unique, qui a connu plusieurs vies depuis 1826. Détruite en 1873, reconstruite en 1874 par Henri Blondel dans un style néo-Renaissance, puis restaurée en 1986, elle témoigne de l'évolution de Paris et de ses usages. Le passage offre une alternative tranquille à la Galerie Vivienne voisine, souvent bondée. À la différence des autres galeries parisiennes, elle n'héberge aucune boutique commerciale, entièrement tournée vers la culture et le patrimoine. Si vous cherchez un bon plan pour flâner dans un cadre historique tout en profitant d'un café dans la magnifique rotonde, c'est l'endroit idéal. L'idée des architectes était de le rendre accueillant, idéal pour se retrouver et se rassembler. 

On y va aussi pour Le Grand Colbert, cette brasserie mythique au décor Art Nouveau classé monuments historiques, souvent utilisée pour le cinéma. Située à l'entrée côté rue des Petits-Champs, elle offre un cadre Belle Époque préservé qui vaut le détour à lui seul. Le lieu accueille régulièrement des conférences, présentations d'ouvrages, projections et débats d'idées lors d'événements comme les Journées européennes du patrimoine ou Les Nuits de la lecture.

Entre la place des Victoires et le jardin du Palais-Royal, la galerie se situe dans un quartier particulièrement riche en passages couverts et en patrimoine historique. C'est une belle découverte à faire pour tous ceux qui s'intéressent à l'histoire, à l'art et à l'architecture parisienne.

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Quelques anecdotes sur la Galerie Colbert

Saviez-vous que ce magnifique passage était à l'origine les écuries de Philippe d'Orléans au XVIIIe siècle ? Difficile d'imaginer en admirant la splendide rotonde qu'elle était autrefois la cour des écuries du Palais Royal. Cette transformation spectaculaire en 1830 témoigne du génie architectural de l'époque, capable de métamorphoser un bâtiment utilitaire en un élégant passage couvert.

Le fameux "cocotier lumineux", ce magnifique candélabre en bronze portant une couronne de sept globes de cristal éclairés au gaz placé au centre de la rotonde, devint le haut lieu des rendez-vous galants sous la Monarchie de Juillet. Ce candélabre emblématique a disparu lors de la première démolition en 1873. Aujourd'hui, on peut admirer une statue d'Eurydice piquée par un serpent à sa place. En 1830, Berlioz a interprété La Marseillaise depuis une des fenêtres de la galerie, un moment mémorable dans l'esprit révolutionnaire parisien.

Au XIXe siècle, la galerie abritait divers commerces de luxe et un cabinet littéraire avec une bibliothèque de 15 000 volumes, reflétant sa quête d'élégance et de savoir. Le nom de la galerie vient de Jean-Baptiste Colbert, dont l'hôtel particulier occupait autrefois le site. Pour rivaliser avec la Galerie Vivienne, un imposant portrait peint figurant Colbert aux côtés d'une statue de Mercure en allégorie du Commerce était installé au-dessus de l'entrée sud.

L'architecture de la galerie, notamment son principe de rotonde pour croiser les allées, inspira de nombreux architectes de toute l'Europe. La galerie illustre parfaitement la logique de démolition-reconstruction fréquente à Paris pour adapter le bâti aux nouveaux usages : construite en 1826, démolie en 1873, reconstruite en 1874 dans un style néo-Renaissance, puis restaurée en 1986 et enfin réaménagée de 2022 à 2025. Un véritable palimpseste architectural.

Bref, la Galerie Colbert est bien plus qu'un simple passage couvert : c'est un témoin de l'histoire parisienne, un joyau architectural qui a su se réinventer au fil des siècles. Ne manquez pas cette belle découverte qui mérite une visite pour tous ceux qui apprécient les passages couverts parisiens et l'architecture du XIXe siècle.

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Informations pratiques

Dates et Horaires
Prochains jours
Mercredi : de 8h à 20h
Jeudi : de 8h à 20h
Vendredi : de 8h à 20h
Samedi : de 8h à 20h
Lundi : de 8h à 20h
Mardi : de 8h à 20h

× Horaires indicatifs : pour confirmer l'ouverture, contactez l'établissement.

    Lieu

    1 Passage Colbert
    75002 Paris 2

    Calcul d'itinéraire

    Tarifs
    Gratuit

    Âge recommandé
    Tout public

    Plus d'informations
    Le passage est ouvert du lundi au samedi de 8h à 20h et fermé le dimanche. L'entrée est gratuite.

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