C’est un luxe discret, feutré, qui murmure plus qu'il ne s'affiche. Une parenthèse végétale, lovée dans le mythique hôtel particulier Baccarat, à l’abri des regards, entre la rue de l’Amiral d’Estaing et de la place des États-Unis (Paris 16e). Le Jardin, dernier-né d’Alain Ducasse, mixe restaurant-terrasse, bar et orangerie privatisable, le tout enveloppé par une carte de saison qui respire les beaux jours, les herbes fraîches et l’élégance d’une cuisine qui prend son temps. Un refuge à ciel ouvert idéal pour s'offrir une pause bucolique d’exception à deux pas du Triangle d’or.
L’expérience commence avant même la table. On traverse l’écrin Baccarat, guidé par un dialogue entre cristal et art contemporain, jusqu’à une "chapelle" lumineuse signée Pierre Tatin.
Le Jardin apparaît alors, comme une oasis intimiste pensée par le paysagiste Jérémie Attali : un cocon végétal, nourricier et éco-conscient, où un potager en permaculture jouxte une (future) haie de rosiers blancs percée d’un seul rouge - clin d’œil à la pampille Baccarat - et un petit bassin façon jardin à la française. Dans l’ombre d’un vert omniprésent, une cinquantaine de couverts se dresse à quelques centimètres des herbes qui pousseront demain dans l’assiette. La promesse ? Passer du cristal à la chlorophylle, dans un souffle. Et respirer ... littéralement.
Le Jardin, incarne la version solaire, (plus) accessible et conviviale de l’univers Ducasse Baccarat : plus libre dans l’esprit, plus familial aussi, en écho à la gastronomie feutrée du restaurant de l’étage. Ici, la cuisine s’ouvre à tous les rythmes : déjeuner décontracté, goûter sous les parasols, afterwork improvisé, dîner à la fraîche ou brunch dominical. Une table vivante, accueillante, sans compromis sur le goût.
Dans l’assiette ? Une carte joyeuse et saisonnière, portée par Christophe Saintagne et Robin Schroeder, complices du chef étoilé. Les navets et thon à la rose Baccarat ouvrent le bal. Une assiette qui devrait ravir les amateurs de ceviche : peps en couleurs comme en saveurs, entre le croquant du navet, la tendreté du thon, et ce souffle floral qui flotte sans jamais prendre le dessus. Du côté des entrées végétales, les courgettes violon, tendres et un brin sucrées, jouent avec la feta et la poutargue dans un équilibre salé-lacté maîtrisé. Les asperges blanches à cru, elles, sont servies avec un condiment d’olives. Rien de superflu, tout est là.
Arrive ensuite le pain perdu de homard bleu, assurément notre coup de cœur du menu ! Le crustacé tendre et en portion généreuse, s’ancre sur le croustillant du pain, presque caramélisé. Une gourmandise iodée ultra-addictive pour les amateurs de fruits de mer.
Côté viande, l’esprit barbecue plane d’autant plus : coquelet mariné au yaourt, épaule d’agneau de lait confite, poitrine de canard des Landes à partager … Et l’entrecôte de bœuf Jersiaise, dans une cuisson millimétrée, servie avec une béarnaise aux fleurs venant enrober la viande d’une délicatesse florale inattendue. Les accompagnements sont tout aussi savoureux et sans chichis : légumes verts étuvés, haricots géants à l'orange ou encore un cœur de laitue sauce César.
En fin de course, pas de surenchère sucrée, mais des desserts, grands classiques de saison. La tarte pomme-poire - pâte fine, fruits compotés juste ce qu’il faut - est servie à la part sur plateau d’argent, tout comme le clafoutis à la rhubarbe. Et des coupes glacées comme l’affogato à la vanille fondant dans un expresso brûlant, et surtout cette coupe fraise, sorbet aux herbes, crème crue - fraîche, acidulée, onctueuse et lègère - qui emporte tout sur son passage. Un dessert signature en devenir.
Que serait une terrasse estivale sans cocktails ? La carte, signée Margot Lecarpentier, mérite plus qu’un détour. Le Norrois Spritz (Saint Germain, Xérès, Suze, Poiret) est vif, rafraîchissant, mais tout en nuance - un spritz d’auteur, aux amers subtils. Le Candelabre du Tsar, mocktail chouchou, mélange rosé sans alcool, verjus, fruits rouges, vanille, vinaigre de géranium et concombre dans une harmonie presque botanique. D’autres créations osent : basilic, poivron rouge, foin, fromage blanc… Et ça fonctionne. Chaque verre a du fond, du relief, de l’élan.




On les sirote au soleil ou au Bar, ouvert de plain-pied sur Le Jardin, où les murs sertis de rochers de cristal et un lustre Roi Soleil diffusent une lumière dorée, doucement liquoreuse.
Au fond de cet éden du 16e, l’Orangerie se dévoile comme une alcôve élégante aux ton chauds et à l’atmosphère confidentielle. Privatisable, elle accueille les tablées les plus intimes sous les éclats d’un lustre Zénith Faunacrystoplis signé Jaime Hayon, avec une carte dédiée : truite des Pyrénées, feuilleté de ris de veau, agneau de lait confit…
Le Jardin est une adresse à part, vivante et nourricière où l’on ne vient pas simplement déjeuner ou dîner, mais faire l’expérience d’un lieu, d’une saison, d’un art de vivre. Une cuisine lisible mais pensée, un cadre qui respire, une équipe qui sourit ...
L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.
Ce test a été réalisé dans le cadre d’une invitation professionnelle. Si votre expérience diffère de la nôtre, merci de le signaler.
Dates et Horaires
À partir du 14 avril 2025
Lieu
Baccarat
11 Place des États-Unis
75116 Paris 16
Accès
M°Boissière
Site officiel
www.ducasse-baccarat-paris.com
Réservations
www.ducasse-baccarat-paris.com
Plus d'informations
Brunch tous les week-ends (samedis et dimanches) ainsi que les jours fériés de mai























































