C'est sous les alcôves d'une ancienne poudrière, vestige du Fort d'Issy-les-Moulineaux que se trouve un restaurant coup de cœur qui s'attire les faveurs des gourmets d'ici et d'ailleurs. Vous voici dans le repaire du chef Alexis Voisenet, la concrétisation d'un projet longtemps rêvé, longtemps pensé et désormais réalisé. Maison Avoise, c'est donc cette bonne adresse conviviale qui vient casser les codes. À ceux qui pensent que restaurant gastronomique rime forcément avec esprit guindé clichéique, ce spot est là pour envoyer bouler cette idée reçue. Vous découvrirez ici un lieu qui nous invite alors à savourer une gastronomie de haute volée sans trop se prendre au sérieux avec en prime un excellent rapport qualité-prix.




En salle comme en cuisine et jusque derrière le bar, au fil des années, Alexis a réunit sa ligue de choc, des Avengers de la restauration qui ensemble font l'esprit de la Maison Avoise. En pénétrant les lieux, on est rapidement conquis par ce cadre élégant et cette atmosphère détendue. À l'avant, une terrasse extérieure aura de quoi séduire à l'heure des beaux jours. Côté salle, une terrasse couverte et lumineuse sert de refuge. Sur le toit, le restaurant dispose de son propre potager et le met à profit aussi bien côté cuisine que que côté bar.




On vous conseille d'arriver en avance pour vous accorder une escale au comptoir à l'entrée pour déguster un apéritif (avec ou sans alcool), à travers notamment des cocktails réalisés sur-mesure par Charles à partir de spiritueux et produits sélectionnés au coup de cœur. Pour le constater, il vous suffira de vous installer au comptoir et de jeter un œil sur les bouteilles exposées : vous y verrez des étiquettes que vous aurez peu l'habitude de voir.
En parlant de belles étiquettes, face au bar vous pourrez voir une cave à vins qui vous indique que les œnophiles trouveront autant leur bonheur ici que les amoureux de la mixologie. Et pour les gourmands, le moment de l'apéritif c'est aussi l'occasion de grignoter quelques tapas gourmands dont un étonnant pâté sans porc, à base de pintade, veau, foie gras et glycérine végétale, ou un foie gras à l'armagnac extrêmement fondant (que l'on peut précommander pour les fêtes de fin d'année !).
En transition du bar à la salle, une grande cuisine ouverte donne vue que la brigade en action. L'équipe assurée, organisée donne le rythme et les assiettes se défilent avec fluidité des cuisines à la salle où les convives échangent chaleureusement avec leurs hôtes qui leur présentent les différents mets avec simplicité et passion. On traverse ces scènes de vie tandis qu'on nous guide vers notre table. Là, nous attend un souvenir d'enfance, un origami en forme de pouêt-pouêt dans lequel se trouve le menu.
Les prix sont ici relativement abordables pour une adresse de ce niveau : comptez 64€ le menu en 4 temps, 89€ en 6 temps et un menu déjeuner entrée plat dessert proposé à 45€ en semaine. De quoi s'adapter aux différents budgets et démocratiser l'expérience du gastronomique.
Au fil de notre dégustation, on découvrira une cuisine très technique, audacieuse, fruit de l'expérience et du savoir-faire de l'équipe, sans pour autant sombrer dans le show-off ni dénaturer le bon produit. Le diable se cache dans les détails aussi bien aussi bien autour que dans l'assiette puisque tout a une anecdote. Si l'énoncé des plats est sobre et inspiré, allant davantage à l'essentiel que dans le détail, c'est pour mieux nous surprendre au moment de la dégustation.
On commence par une petite mise en bouche qui illustre l'astuce du chef et de son équipe : une inspiration du pré-fou vendéen réalisé à partir d'un pain de la veille mis à sécher au four pour en refaire une farine garni d'une fondue de poireau assaisonnée à la vinaigrette maison infusée à la mûre provenant du potager. Avec son peps acidulé, ce début d'introduction éveille les papilles. S'ensuit un amuse-bouche qui nous présente la carotte dans tous ses états, avec une carotte orange travaillée en purée, moulée pour servir de rempart à des pickles de carottes rouges sang. Au premier coup de fourchette, le barrage cède et laisse s'échapper un jus de fanes. Voilà qui donne le ton : dans les cuisines de Maison Avoise, on utilise tout, et dans notre dégustation, on sait qu'on va s'amuser.
On vous a spoilé une cuisine qui retravaille le bon produit avec beaucoup de technicité sans dénaturé. En entrée, la Madrague en est l'excellent exemple. Elle compte parmi les plus gros coups de cœur des gourmets qui ont eu l'occasion de la goûter et fera le bonheur des aficionados des fruits de mer. Pensée comme un fromage de tête version maritime, elle révèle un pâté de coquillages composé notamment de moules de bouchot et de couteaux de mer, surmontée d'une sauce ravigote pour apporter encore plus de fraicheur et entourée d'une émulsion du jus de l'ensemble des coquillages relevée par un safran bien présent dont la texture évoque une délicieuse écume. On comprend pourquoi c'est l'une des stars du menu.




Côté plat, une autre tête d'affiche nous attend, et il n'était pas question de manquer cette rencontre. Le plat signature de la Maison Avoise, c'est celle qui incarne aux yeux du chef ses accomplissements et son parcours. Ce mets aux airs d'autobiographie, c'est le ris de veau. Là, on est en plein dans le réconfort et dans la générosité. Ce produit noble travaillé à la façon de Alexis Voisenet nous est présenté entier, confit dans du beurre et passé au fumoir pour qu'il s'imprègne des herbes aromatiques du potager.
Cette fois encore, on ne camoufle pas le produit, on le sublime, et on adore la texture moelleux et le respect de l'authenticité que représente ce plat que le chef considère comme son héritage. Et puisque en cuisine, on a de la suite dans les idées, le ris de veau est accompagné d'un crémeux d'oignons et d'un coulis des mêmes herbes que celles du fumoir, ainsi que d'un oignon confit farci à la kefta de ris de veau en herbes qui apporte une note de douceur à l'assiette. Le tout est arrosé d'un jus de veau perlé du gras de la cuisson.
Pour ceux qui ne sont pas férus d'abats, on vous emmène côté mer. Ce jour-là, la sole meunière s'invitait au menu. La Maison Avoise trouve la encore le moyen d'élever cette spécialité à un rang gastronomique tout en conservant ce qui en fait un péché mignon pour les aficionados de ce grand classique. On la découvre ainsi les filets de sole roulées en spirale et prenant ainsi la forme de Bernards l'hermine, nichés sur une tombée d'épinards au beurre noisette et recouverts d'un glaçage au jus de citron dont la sauce est élaborée en exploitant le collagène naturel présent dans le poisson avec une tuile croustillante réalisée à partir de la peau. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, la loi de Lavoisier prend aussi son sens en cuisine.
En accompagnement des plats, Alexis Voisenet rend un hommage à sa grand-mère avec une spécialité qui aura marqué son enfance, les pommes Jacqueline, une attention touchante qui contribue à la personnalité du lieu. Assiette après assiette, la Maison Avoise respecte sa promesse et nous habitue à un certain niveau de créativité et de technicité avec une dimension expérientielle. Reste encore l'épreuve du dessert : comment le restaurant parvient-il à assurer le bouquet final ?
Pour les chocovores, c'est l'occasion de se laisser surprendre par l'accord câpres, olives et cacao, qui vient rehausser les notes chocolatées, adoucit par un sorbet chocolat au lait et accompagné d'une cassolette dans laquelle on retrouve une sauce à manger forte en chocolat agrémentée là aussi de câpres fraiches et d'huile d'olive. À ce stade on fait confiance les yeux fermés, à raison pour ceux qui sont fans du twist chocolat et pointe de sel.
Sur une élégante pelle en écho probablement au jardin sur le toit, on nous présente tout d'abord une madeleine recouverte d'un praliné aux noisettes afin de "tapisser le palais d'une légère couche de gras" pour adoucir l'acidité du dessert fruité. S'ensuit un cigare composée d'une tulle de marrons enroulant un sorbet à l'orange sanguine et siphon de faisselle qui poursuivent la transition vers l'assiette principale, travaillée autour de l'agrume avec entre autres de la main de bouddha, du citron bergamote travaillé en blanc manger au creux duquel on retrouve un jus au limoncello, des agrumes confits et des noisettes torriefées ainsi que des pointes d'émulsions acidulées. Avec cette assiette on termine notre dégustation comme on l'a commencée puisqu'elle viendra nous rappeler à la carotte savourée en début de repas. La boucle est bouclée, le coup de cœur est acté.
Ce test a été publié en décembre 2024.
Ce test a été réalisé dans le cadre d’une invitation professionnelle. Si votre expérience diffère de la nôtre, merci de le signaler.
Dates et Horaires
Du 10 décembre 2024 au 31 décembre 2028
Lieu
Maison Avoise
58 Promenade du Verger
92130 Issy les Moulineaux
Accès
Métro Mairie d'Issy (ligne 12)
Site officiel
www.maisonavoise.com
Plus d'informations
Situé à 20 minutes à pied du métro Mairie d'Issy, un parking est situé à proximité.































































