Dans la famille des matières et des molécules (Aldehyde, Géosmine, Granite...), on demande l'argile et ça tombe bien car c'est le nom de la nouvelle table de Romain Lamon, ancien chef-propriétaire de Polissons qui signe son grand retour avec Argile, rue de Milan.
Si un esprit bistronomique avait été insufflé à sa première adresse, portée par sa grande technicité héritée de ses passages au Bristol (sous Eric Fréchon) et au Ritz (période Arnaud Faye et Michel Roth), cette nouvelle table table plus sur la sobriété des matières brutes, sans pour autant oublier ses acquis.
Dans le cadre déjà, épuré et lumineux, avec ses murs immaculés, ses appliques en terre glaise, son béton ciré et son comptoir où manger face à la cuisine. Dans l'assiette aussi, avec une cuisine simple et lisible, rendant hommage aux produits de départ. La cuisine du chef Romain Lamon se veut "authentique et résolument décomplexée", et pour ce faire, il travaille en collaboration avec des producteurs de confiance, au fil des saisons.
Dans le prix enfin, avec des menus déjeuner 'retour de marché' au rapport qualité/quantité/prix imbattable : 22€ le menu entrée/plat ou plat/dessert ; 26€ le menu complet au déjeuner. Le soir à la carte, les assiettes à partager vont de 9€ à 16€. C'est simple, Argile a tout bon : le service est enjoué, les plats sont généreusement servis et surtout : le menu déjeuner ne fait pas pâle figure par rapport à la carte du soir.
Lors de notre venue, des oeufs mimosa surmontés de poutargue râpée, une incroyable crème de céleri façon velouté Dubarry où surnagent de croustillants morceaux de poitrine de cochon et des croûtons dorés tout aussi crunchy. Place ensuite au jambon rôti et son écrasé de pommes de terre puis au maigre rôti et patate douce confite, avant de terminer avec un riz au lait et glace à l'oseille - qui manquait un peu de présence - et un millefeuille au praliné pistache et glace à la fleur d'oranger.
C'est faussement simple mais réellement bon, et ça n'a rien à envier aux adresses qui proposent la même chose pour deux fois plus cher au déjeuner. Seul point qui pourrait en déranger certains, l'ambiance particulièrement bruyante au déjeuner façon cantine mouvementée - pas forcément l'endroit où emmener un date si vous escomptez écouter ce qu'il/elle murmure.
Le soir, la carte s'étoffe - en ce moment, tataki de canard, betteraves rouges et raisin Muscat ; raviole de moules marinières et poireaux fondants ; céleri rave dans l'esprit d'un Wellington ; aile de raie grenobloise façon meunière ; ou encore pigeon entier cuit en croûte d'argile sont de la partie.
Il est aussi possible d'opter pour le menu dégustation (65€ en 5 temps) avec carte blanche laissée au chef - et vu ce que ce dernier réussit à sortir durant le coup de feu du midi, on vous conseillerait volontiers de lui faire confiance.
Pour couronner et arroser le tout, des quilles vivantes et nature sélectionnées par la sommelière Emma (La Liquiderie, Le Goncourt) sont évidemment de la partie !
Ce test a été réalisé dans le cadre d’une invitation professionnelle. Si votre expérience diffère de la nôtre, merci de le signaler dans les commentaires.